Ce n’est plus vraiment une nouvelle, puisque les faits remontent au 10 décembre dernier, mais l’actualité depuis lors a été si intense que le scandale est passé en dessous des radars. Rencontrant les séminaristes du diocèse de Barcelone, François n’a pas voulu prononcer le discours préparé (sans doute par les bureaux de la curie), qu’il a jugé « ennuyeux » (un beau discours, reproduit sur le site du Vatican, et qu’il n’a sans doute même pas lu) et a préféré répondre, au pied levé, aux questions des séminaristes. Dans une accumulation de lieux communs, de propos choquants et de coups de boutoir à la doctrine, sous l’emballage douteux d’un langage grossier indigne de sa fonction, le Pape a réaffirmé la nécessité d’accorder l’absolution dans TOUTES les circonstances, même en l’absence de contrition, et s’en est une fois de plus pris aux prêtres « rigides et cléricaux », ceux qui « s’habillent en prêtre », etc.. Bref, une synthèse ahurissante de l’ « esprit Bergoglio ». Personne n’en aurait parlé (le Vatican ayant manifestement choisi de recouvrir le scandale du pieux manteau de Noé) si un site catalan très fréquenté n’avait recueilli, et publié, des témoignages directs de séminaristes présents. L’article a été repris en italien par AM Valli, puis par Luisella Scrosatti (et sans doute sur d’autres sites).
Tout cela interpelle, une fois de plus, sur la santé (et pas que physique) d’un Pape qui ne parvient (qui n’essaie) même plus de se contrôler.

Le pape aux séminaristes de Barcelone.

Derrière le changement de discours, une condamnation et un projet

Du site Germinans germinabit, traduction-réduction de quelques notes en marge d’un récent discours de François aux séminaristes de Barcelone. Si le pape a changé les mots qui avaient été préparés, ce n’est pas seulement une question de forme (AMV).


Les médias qui ont couvert la visite des séminaristes de Barcelone à François ces derniers jours ont rapporté certaines paroles du pape qui, en réalité, ne correspondent pas à celles effectivement prononcées. En fait, le discours rapporté par la presse correspond à celui publié sur le site du Vatican, mais jamais prononcé par le pape devant les séminaristes, leur recteur et les formateurs qui se sont rendus à Rome avec Mgr Vilanova.

Quand François s’est adressé aux visiteurs, il a pris le papier sur lequel le discours était écrit et a dit : « Voici le discours, mais il est ennuyeux. Il vaut mieux que vous me posiez des questions, et je vous répondrai ».

En vérité, le discours qui avait été préparé et publié sur le site du Vatican n’est pas du tout ennuyeux. Au contraire, il est très beau. Il parle de la prière persévérante et du chapelet sacerdotal de l’évêque Saint Manuel González, et illustre les moments de joie, de tristesse et de gloire que les séminaristes connaîtront au cours de leur expérience sacerdotale. Quant à la joie, il recommande de se perdre dans le tabernacle. En ce qui concerne la douleur, il parle du « lit dur, de la chambre exiguë, des nuits à la tête des mourants, des tout premiers jours d’ouverture de l’église ». Pour ce qui est de la gloire, il recommande de « ne jamais éteindre le feu répandu par l’Esprit Saint ». Mais pour le pape, tout cela est ennuyeux. Donc, pas de chambre exiguë, pas de prière persévérante, pas de feu. Rien.

Ce n’est certes pas la première fois que le pape déclare ouvertement que le discours qu’il a préparé (ou que quelqu’un a préparé pour lui) est très ennuyeux et qu’il délivre ensuite un message complètement différent a braccio. Ce qui est problématique. S’ils l’ont préparé pour vous et que vous le jetez, vous traitez très mal le rédacteur du discours qui l’a écrit : vous l’avez fait travailler pour rien, et vous jugez son travail ennuyeux. Si, en revanche, vous l’avez écrit vous-même, la conclusion n’est pas meilleure : cela signifie que non seulement vous écrivez des discours ennuyeux, mais que vous les regrettez facilement et que vous ne vous préparez pas bien pour les personnes qui viennent vous rendre visite. Dans tous les cas, il y a une dichotomie. Et dans le cas des paroles adressées aux séminaristes de Barcelone, il s’agit d’une dichotomie vraiment abyssale. Le fait que des mots que le pape n’a jamais prononcés soient rapportés aux médias est donc grave.

Mais qu’a vraiment dit le pape aux séminaristes de Barcelone ? Selon ce que nous ont dit plusieurs séminaristes, François a particulièrement insisté sur le fait que tout doit être pardonné, que même si l’on voit qu’il n’y a pas de volonté de repentir, il faut toujours pardonner et qu’en aucun cas on ne peut refuser l’absolution, car sinon la volonté du prêtre deviendrait le véhicule d’un jugement malveillant, injuste et moralisateur. Il leur a également parlé du fait qu’il existe des prêtres qui, bien qu’ils soient tombés dans des péchés graves, restent avec les gens, et c’est ce qui est important, et a cité des exemples de ceux qui s’approchent des homosexuels et des transsexuels. Il a ensuite recommandé pour la énième fois qu’ils ne soient pas rigides ou cléricaux, qu’en s’habillant comme des prêtres ils ne sont pas de bons prêtres et qu’ils ne doivent pas passer leur vie à « grimper », car ils deviendraient alors comme des pickpockets qui ruinent la vie des autres.

Nous ne sommes pas les mieux placés pour critiquer les propos du pape. Nous dénonçons seulement le fait que le Vatican ait publié un discours que le pape n’a jamais prononcé et que cette dualité de mots et de contenus, si différents, voire incohérents, ait provoqué une grande perplexité et un grand désarroi chez les séminaristes. Imaginez la déception des futurs prêtres qui se rendent à Rome, sont reçus en audience par le Saint Père et lisent ensuite un discours que le pape n’a jamais prononcé devant eux. Et ce n’est pas tout: le pape a explicitement dit qu’il ne l’a pas prononcé parce qu’il était ennuyeux ! C’est ainsi que le voyage est gâché.

Un voyage qui avait de toute façon déjà mal commencé, puisque les séminaristes ne se sont pas présentés devant le pape avec leur archevêque et cardinal de la Sainte Église romaine, mais ont été accompagnés par l’évêque auxiliaire Javier Vilanova. Il semble que le cardinal Juan José Omella préfère la position de président de la Conférence épiscopale à celle d’archevêque de Barcelone, puisqu’il a choisi d’assister à l’installation de Monseigneur Enrique Benavent comme archevêque de Valence plutôt que de se joindre à la visite de ses séminaristes au Saint-Père.

Moralité : comme toutes les choses stupides, la visite s’est terminée encore plus mal qu’elle n’avait commencé.

Il y a matière à réflexion, sur le passage d’un discours beau et profond centré sur Saint Manuel González (le grand apôtre de la dévotion eucharistique et de l’exhortation à ne pas laisser les tabernacles à l’abandon) à un discours improvisé, en langage populisto-peroniste, plein d’erreurs doctrinales évidentes et de répétitions d’idées dangereuses répétées de manière obsessionnelle.

Apparemment, le vieux pontife s’est rendu compte que les gens ne le suivent pas, que la place Saint-Pierre se vide chaque jour davantage et que le Vatican ne sait plus quoi faire pour tenter de cacher la faible participation aux manifestations qu’il préside. Le nombre de ceux qui veulent être reçus par le pape a également énormément diminué. Bergoglio l’a fait savoir à son cercle de confiance, dont fait partie le sympathique et loquace cardinal Omella, et le cardinal s’est empressé d’organiser trois audiences avec le clergé de Barcelone : une avec les séminaristes, une autre avec le jeune clergé (les plus récemment ordonnés) et une troisième avec le reste des prêtres de l’archidiocèse qui souhaitent s’inscrire.

Lors de la rencontre avec les séminaristes, le pape a clairement indiqué qu’il n’était pas du tout satisfait de la manière dont les futurs prêtres sont formés. Il pense qu’ils sont trop conservateurs, qu’ils ont même l’intention de se déguiser en prêtres (certains avec des soutanes !) et qu’ils veulent être trop fidèles au Magistère de l’Église, c’est-à-dire ne pas avoir l’esprit large. Tout cela sonne aux oreilles du Saint-Père comme une sorte de retour au passé, ce contre quoi il lutte impitoyablement, comme le savent les amoureux de la Sainte Messe selon le rite extraordinaire, qui après les ouvertures de Benoît XVI voient maintenant comment tout est interdit.

Le pape est donc prêt à faire la guerre sur cette question, et dans le temps qui lui reste, il entend provoquer une véritable révolution dans les séminaires, pour essayer de changer les choses. Ses paroles aux séminaristes sont la preuve de l’endroit où il veut frapper. Elles montrent qu’il n’est pas satisfait des candidats au sacerdoce de Barcelone qui, rappelons-le, lors d’un événement organisé par le diocèse, ont manifesté leurs sentiments en huant bruyamment lorsque, lors de la lecture des propositions diocésaines pour les travaux du synode sur la synodalité, celles sur l’ordination des femmes et le célibat facultatif ont été reprises.

Le Souverain Pontife estime que l’Espagne est l’un des pays où le conservatisme des séminaristes est le plus prononcé et a donc organisé une visite canonique des séminaires espagnols afin de provoquer une réforme profonde qui faciliterait les changements qu’il attend. À cette fin, il a cherché deux évêques de son espèce, presque ses compatriotes, à savoir des Uruguayens, pour faire le travail à sa place. La visite aura lieu en janvier et février 2023 et les prélats choisis sont le père Milton Luis Tróccoli et le père Arturo Eduardo Fajardo.

Le premier objectif serait d’éliminer les petits séminaires, où la garde bergoglienne pense qu’il y a davantage de prêtres traditionalistes, et de forcer les petits diocèses à envoyer leurs séminaristes, de manière forcée et obligatoire, dans les grands séminaires. À première vue, il semblerait qu’il ne s’agisse que d’une question d’organisation, mais ce n’est pas le cas : en contrôlant les évêques des grands diocèses, qui auront leurs propres macro-séminaires, les bergogliens contrôleront tous les aspirants à la prêtrise.

Mais ces manœuvres de petits dictateurs ne se termineront pas bien. Les aspirants à la prêtrise ne proviennent plus que des secteurs les plus conservateurs de l’Église, et le progressisme ecclésiastique (en Catalogne, le national-progressisme) est pratiquement stérile. Ceux qui arrivent ont des idées claires et ne changeront pas de camp, même si l’évêque et le recteur du séminaire sont des hommes d’Omella.

Ce qu’ils devraient se demander à Rome, et dans l’archevêché de Barcelone, c’est pourquoi les vocations n’apparaissent que d’un côté et pas de l’autre. Pourquoi seuls certains ordres religieux et congrégations ont des vocations et d’autres non. Mais ils ne se poseront jamais cette question car ils connaissent déjà la réponse, et c’est que le chemin qu’ils ont emprunté ne mène qu’à l’effondrement et à la dérive, tandis que l’avenir appartient à ceux qui font les choses selon la tradition, en évitant d’imiter le monde.


François et les séminaristes de Barcelone, le feuilleton du discours changé

Luisella Scosatti
lanuovabq.it/it/francesco-e-i-seminaristi-di-barcellona-il-giallo-del-discorso-cambiato

L’affaire des paroles prononcées par le Pape lors de la rencontre du 10 décembre avec les séminaristes à Barcelone prend de l’ampleur. Au lieu de lire le beau discours publié sur le site du Vatican, Bergoglio se serait exprimé a braccio, niant (une fois de plus) la nécessité de se repentir pour obtenir l’absolution. Et prononçant, selon les témoignages recueillis par Germinans Germinabit, des expressions même vulgaires. Une clarification urgente du bureau de presse du Vatican s’impose.

Le premier à donner la nouvelle a été le blog catalan Germinans Germinabit, tenu par un avocat de Barcelone, très attentif aux faits de l’Église, surtout catalane, puis repris et traduit par Aldo Maria Valli. Dans l’article Lo que dijo (y lo que no) el Papa a los seminaristas de Barcelona, daté du 12 décembre, des déclarations et des expressions plutôt inquiétantes du Pape François sont rapportées.

Procédons dans l’ordre.

Samedi 10 décembre, le pape a rencontré la communauté des séminaristes de Barcelone, en compagnie de l’évêque auxiliaire du diocèse, Mgr Javier Vilanova Pellisa. Sur le site du Vatican, on peut lire le discours que le Saint-Père aurait adressé aux séminaristes [le discours n’a pas été traduit en français, ndt]; une belle réflexion centrée sur les mystères joyeux, douloureux et glorieux de la vie sacerdotale, inspirée par la figure lumineuse de saint Manuel González García (1877-1940), pasteur zélé de l’Eucharistie, connu comme « l’évêque des Tabernacles abandonnés », et auteur d’un livre devenu un classique des séminaires hispanophones, Lo que puede un cura hoy.

Cependant, ce discours n’a jamais été prononcé par le Saint-Père ; et on n’a jamais su officiellement ce que le pape aurait dit à sa place : aucun indice de la part des organes de presse officiels du Vatican. C’est ce qu’a révélé le blog espagnol, après avoir reçu les témoignages des séminaristes présents. Nous avons contacté la source et constaté qu’elle est en possession de témoignages de séminaristes et de formateurs qui ont été plus que perplexes face aux propos du Pape. Ainsi, selon leur témoignage, François a pris le texte qui avait été préparé et l’a mis de côté, disant que « cela aurait été ennuyeux », et qu’il préférerait qu’on lui pose des questions à la place.

La réponse la plus problématique quant au contenu est celle dans laquelle il invite les futurs prêtres à ne jamais refuser l’absolution. Selon un séminariste, le pape les aurait invités « à ne pas être cléricaux, à tout pardonner ». Plus précisément, il aurait ajouté que « si nous voyons qu’il n’y a aucune intention de se repentir, nous devons pardonner à tous. Nous ne pouvons jamais refuser l’absolution, car nous devenons le véhicule d’un jugement mauvais, injuste et moralisateur ».

La présumée sortie du pape confirmerait ce qu’il avait déjà dit aux recteurs et formateurs des séminaires latino-américains (cf. lanuovabq.it/it/lassoluzione-non-e-un-diritto-assoluto), un mois avant le rappel offert aux séminaristes catalans, qualifiant de « délinquants » les prêtres qui refusent l’absolution. A l’époque déjà, François avait mis de côté un discours de 12 pages, justifiant qu’il s’agissait d’une « chose lourde » et il avait parlé a braccio. Et, déjà à l’époque, le pape avait utilisé des expressions malheureuses : « Le prêtre, le séminariste, le prêtre doit être ‘proche’. Proche de qui ? Des filles de la paroisse ? Et certains d’entre eux le sont, ils sont proches, et ensuite ils se marient, c’est bien ».

Avec les séminaristes de Barcelone, cependant, il semble que l’on soit passé de la boutade au double sens inapproprié à un langage qui ferait rougir même un docker. D’après ce que rapportent certains séminaristes, le pape aurait parlé de « ceux qui grimpent juste pour montrer leur c.. », de « p… d’agresseurs qui bousillent la vie des autres », et d’autres gracieusetés de ce genre [il faudrait évidemment confronter avec la v.o. en espagnol, chose impossible puisque tout cela est « officieux »]. Et puis l’insistance à ne pas être rigide, à ne pas être clérical, autre leitmotiv des discours de François. Et encore, les « exemples » que le pape aurait donnés aux séminaristes : « Des prêtres qui ont commis des péchés graves mais qui les ont reconnus, des prêtres qui ne s’habillent pas en prêtres mais qui sont avec les gens, un transsexuel et un homosexuel ».

On peut légitimement se demander si le témoignage de ces séminaristes est crédible. Le responsable du site Germinans Germinabit s’est également interrogé à ce sujet dans un autre article, daté du 1er janvier [germinansgerminabit.blogspot.com/2023/01/sobre-la-credibilidad-de…]. Sommes-nous confrontés à un nouveau cas de récits présumés de conversations personnelles avec le Pape, comme ceux faits à plusieurs reprises par Eugenio Scalfari ? Ou de rapports sommaires de brèves conversations téléphoniques avec le Pontife, comme cela s’est souvent produit ? Des déclarations dont il est plus que légitime de se demander si elles sont crédibles ou non, surtout en l’absence de tiers. Ici, cependant, la réalité semble différente :

« Ce que nous avons est un récit oral qui a été recueilli par écrit dans de nombreux témoignages. Le lendemain de l’audience, un ami m’a lu sur son téléphone portable le récit envoyé par un formateur. Un récit assez complet dans lequel les mots prononcés par le Pape ont été recueillis dans leur totale crudité. Beaucoup d’autres récits écrits par autant d’informateurs ayant circulé, force est de constater que la coïncidence en ce qui concerne les mots les plus choquants prononcés par le Pape est presque millimétrique ».

Il est important que le Bureau de presse du Vatican intervienne pour clarifier et peut-être même offrir le texte réel des paroles du Pape du 10 décembre. L’ensemble de l’Église a le droit de savoir, car il s’agit de déclarations extrêmement graves. Tout d’abord, parce qu’affirmer que l’absolution ne peut jamais être refusée, même s’il n’y a pas de repentir et d’intention de s’amender de la part du pénitent, va diamétralement à l’encontre du Concile de Trente, qui enseigne que la contrition, c’est-à-dire  » la douleur de l’âme et la réprobation du péché commis, accompagnée de l’intention de ne plus pécher à l’avenir […] a toujours été nécessaire pour demander la rémission des péchés « . Ce qui est plutôt évident, si l’on ne veut pas faire du sacrement de la réconciliation une farce et de la miséricorde de Dieu un laissez-passer pour le péché.

Et puis, il y a le problème de la gestion d’un Pape qui ne se retient plus, dans son comportement et son expression, sans la moindre gêne. Il serait bon de préciser s’il s’agit d’un problème psychologique ou comportemental ou d’un problème moral ; il ne s’agit pas d’ironie, ni de manque de respect envers le Pape, mais le problème doit être identifié et endigué, pour le bien de l’Église. Parce qu’il est du devoir de tout chrétien d’éviter les comportements et les paroles qui peuvent scandaliser son prochain, a fortiori si le « chrétien » en question est le pape lui-même. Enfin, comme cela a été souligné sur le blog, ces paroles adressées aux séminaristes et aux formateurs indiquent très clairement le type de clergé que François a en tête et qu’il a l’intention de  » sélectionner  » : un clergé qui est au milieu du peuple, peu importe comment il est là et peu importe ce qu’il lui dit.

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