Tous ceux qui ressentent la mort de Benoît XVI comme la disparition d’un père ont tendance à évoquer non pas LUI, mais ce qu’ils appellent « mon Benoît XVI », autrement dit ce qu’ils ont attendu, voire reçu de lui (sans trop se soucier de ce que LUI attendait de nous): le portrait d’un Benoît « do it yourself », ou plutôt le portrait du portraitiste. Voici un de ces témoignages, issu d’un blog que j’aime bien, celui de Paolo Deotto [voir moteur de recherche]. Un beau portrait, même si je regrette qu’il soit un peu (trop) en demi-teinte… comme si son auteur se retenait.

Paolo Deotto

Il y a quinze jours, Benoît XVI nous a quittés et depuis quinze jours, nous parlons de lui.

Permettez-moi ici de parler de « mon » Benoît XVI, de partager avec vous ce que j’ai sur le cœur.

Je n’ai aucune formation théologique ou philosophique. J’ai étudié le droit et j’ai derrière moi une discrète activité de divulgation historique. Je ne veux pas m’aventurer davantage dans des domaines qui ne relèvent pas de mes compétences. Je me limiterai donc à quelques considérations personnelles, en regardant toujours les faits. C’est un « vice » qui m’accompagne depuis l’époque où je collaborais avec le magazine en ligne « Storia in network ». Je regarde les faits, la réalité.

Tout d’abord, je trouve très intéressant et significatif que, même si Benoît XVI menait désormais une vie retirée, et qu’il était bien avancé en âge, sa mort a néanmoins secoué tout le monde. La mort de Benoît XVI a frappé.

Nous avons pris conscience du vide qu’il a laissé.

Le vide ? Je répète, le vide.

Il est inutile de cacher que, pour un catholique, la figure de Bergoglio n’est qu’une source d’angoisse permanente. Mais tant que Benoît XVI était en vie, il y avait une sorte de certitude d’une bonne présence, qui, dans le silence, et presque cachée, faisait encore du bien.

Avete il novo e ‘l vecchio Testamento, 
e ‘l pastor de la Chiesa che vi guida;
questo vi basti a vostro salvamento. 

[Vous avez le nouveau et l’ancien Testament
Et le pasteur de l’Église qui vous guide ;
Cela suffit pour votre salut].

*
Dante

C’est ce qu’a écrit le Père Dante.

Je ne veux pas entrer ici dans une discussion sur qui était vraiment le Pape, entre Benoît XVI et Bergoglio. Cependant, il est un fait qu’il y a un fort sentiment de solitude, de manque, après la mort de Benoît XVI.

Bien sûr, pour l’instant, nous n’avons que le Nouveau et l’Ancien Testament. Mais pour le reste, nous sommes peut-être orphelins. Bien sûr, il y a le sentiment d’être orphelins.

Je ne cache pas que la nouvelle de la démission de Benoît XVI m’a laissé amer et attristé à l’époque. De cette démission, nous ne saurons probablement jamais les vraies raisons, mais nous savons avec certitude qu’il ne peut y avoir qu’un seul Pape.

Cependant, au-delà de la tristesse et du sentiment d’abandon, je ne peux pas oublier que Benoît XVI, dont pas mal de gens soulignent aujourd’hui une position moderniste au moment où il était peritus du Concile, était le Pape de Summorum Pontificum (que, ce n’est pas par hasard, Bergoglio veut maintenant démolir). Il a été le pape qui a toujours rappelé les « principes non négociables », il a été le pape qui a porté un jugement clair sur l’islamisme.

Personnellement (je le répète, je parle de « mon » Benoît XVI), Summorum Pontificum suffirait à rendre son pontificat grand. Car avec ce Motu proprio, Benoît XVI est allé à la racine du drame que vit l’Église. Et, je le répète, ce n’est pas un hasard si Bergoglio a déjà essayé d’annuler les effets de Summorum Pontificum et, malheureusement, il y a aussi des rumeurs selon lesquelles il se prépare à donner le « coup de grâce ».

Benoît XVI était-il un moderniste dans sa jeunesse ? Je répète ce que j’ai écrit au début : je n’ai aucune formation théologique ou philosophique. Mais je suis en mesure de constater que pendant les années de son pontificat, il a essayé de mettre un terme à ce désastre. A-t-il fait ce qu’il a pu ? Aurait-il pu faire plus ? Laissons ces évaluations au Seigneur.

Et pour terminer, je voudrais encore une fois rappeler les traits fins, dignes d’un grand seigneur, de l’homme Ratzinger, sa culture, sa douceur. Autant de qualités à ne pas sous-estimer, surtout maintenant que sur le trône de Pierre siège un homme qui, au-delà de tout jugement, est de toute façon manifestement inadapté à ce rôle. Et qui, ce n’est pas non plus par hasard, a retiré de la liste des titres qui lui sont dus précisément le plus important, celui qui donne un sens à tous les autres :  » Vicaire du Christ « .

Prions pour Benoît XVI, prions pour la Sainte Eglise, pour que le Seigneur nous donne bientôt un Pape catholique.

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