Pour donner une stature intellectuelle au Pape, qui le mettrait éventuellement à parité avec son savant prédécesseur, et tandis que ce dernier écrit des essais destinés à offrir une boussole sûre aux fidèles, la Librairie éditrice vaticane mais aussi d’autres maisons d’éditions, recueillent pieusement les pensées de François, et en font des livres. J’en ai vu pas mal en France, peu de pages en gros caractères, sur les gondoles de la Fnac (qui les achète? mystère…).
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J’ignore qui est l’auteur de cet article (il me fait penser à une version italienne de Gaspard Proust), et je ne connais pas davantage le journal qui le publie, mais j’avoue que j’ai bien ri, et si je ne craignais pas le mélange des genres, je l’aurais volontiers associé au mot clé « humour » de ces pages

LE DERNIER LIVRE DU PAPE FRANCOIS EST UN TEXTE D’UNE DIABOLIQUE INUTILITÉ THEOLOGIQUE

(par Matteo Fais)

Le diable ne se cache pas dans les détails, de nos jours, mais plus probablement dans les livres des papes, accessoirement et particulièrement dans ceux du pape François, des textes d’une banalité satanique et d’une inutilité théologique méphistophélique, comme son Ti voglio felice (je te veux heureux). L’homme béni est l’antéchrist de l’essai, la Maria De Filippi [une présentatrice télé populaire en Italie] du christianisme. Il est recommandé de le lire, s’il le faut, en tenant le chapelet pour chasser le malin.

Extrait de l’Évangile selon Bergoglio : « Dieu nous aime tellement qu’il se réjouit et se réjouit de nous. Il nous aime d’un amour gratuit, sans limites, sans rien attendre en retour ».

Wow, quelle révélation sur le Très-Haut ! Que quelqu’un lui explique que ceux qui aiment d’une manière qui n’est pas gratuite et qui exigent quelque chose en retour à chaque fois ne se trouvent certainement pas au paradis, mais dans les pages plus prosaïques de Escort Advisor [site dont le titre dit bien la spécialité…].

Cependant, le livre contient quelques beaux passages, dont aucun n’est écrit par François, comme celui-ci, de saint Augustin : « Tu étais en moi, et j’étais dehors. Et là, je t’ai cherché. Déformé, je me suis jeté sur les belles formes de tes créatures. Tu étais avec moi, mais je n’étais pas avec toi » (Confessions X, 27.38). Mais ce n’est pas le seul. Il les cite tous : Dostoïevski, Thomas Mann. Impossible de ne pas remarquer sa fixation sur Tolkien : ce doit être parce que tous deux sont des maîtres de la fantasy.

En revanche, en ce qui concerne les images, les métaphores et les simulations, le Saint-Père est un poète raté, un monstre lyrique, qui écrit des monstruosités : « Ne reste pas une ‘belle endormie dans les bois’  » ; « Ne sois pas une voiture dans un parking » ; « Ne regarde pas le monde comme si tu étais un touriste » ; « Parfois la tristesse fonctionne comme un feu rouge, elle nous dit : c’est rouge, arrête-toi !  » ; « Certaines personnes pensent qu’être un saint signifie avoir un visage d’image » ; « Nos souvenirs ne doivent pas être tous entassés, comme dans la mémoire d’un disque dur. Et il n’est pas possible de tout stocker dans un ‘cloud’ virtuel » ; « Règle le navigateur de ton existence vers une grande destination, vers le haut ! ». On dirait [Maurizio] Crozza [comique italien, imitateur, présentateur télé] imitant Bersani [homme politique italien de gauche].

Le Saint-Père commence par une prose étendue, pour passer presque immédiatement à la ligne des aphorismes, assemblant des parties de divers discours et homélies, du genre un Nietzsche converti qui chercherait des citations pour les Baci Perugina [bonbons au chocolat emballés dans des papillotes proposant des citations].

Quoi qu’il en soit, le thème central du livre n’est pas clair et il y a plus d’une crainte fondée qu’il ne soit pas bien compris, même par le saint auteur. D’autre part, un leitmotiv revient constamment dans le texte : « nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, vêtir ceux qui sont nus, accueillir l’étranger, assister les malades, visiter les prisonniers, enterrer les morts ». Pratiquement le bon sens d’une tante vieille fille, ou ce que nous avons lu à l’âge de 6 ans, quand nous étions enfants, bref, dans le livret de catéchisme.

Et, en effet, c’est le texte idéal pour les enfants en bas âge, ne nécessitant aucun effort intellectuel pour être compris et étant aussi abyssal qu’un numéro de Mickey Mouse. Il y a un passage, par exemple, qui serait parfait pour le journal d’un pré-adolescent qui vient d’entrer au collège : « Ne renonce pas au meilleur de ta jeunesse, n’observe pas la vie depuis le balcon. Ne confonds pas le bonheur avec un canapé et ne passe pas toute ta vie devant un écran. Ne sois pas non plus réduit au triste spectacle d’un véhicule abandonné. Ne sois pas une voiture dans un parking, laisse plutôt tes rêves s’épanouir et prends des décisions. Prends des risques, même si tu fais des erreurs. Ne survis pas avec une âme anesthésiée […] Fais-toi entendre ! Bannis les peurs qui te paralysent, de peur de devenir un ‘jeune momifié’ « .

En somme, si l’intention évangélique du pape François était de nous rendre heureux, comme le titre du livre semble déjà le dire, qu’on sache que ne pas le lire pourrait au moins éviter d’affronter une certaine dépression.

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