Un échantillon (exemplaire!) de sa revue de presse quotidienne, qui épargne aux observateurs la corvée de « faire leur marché » parmi les différents titres, en général italiens, et qui couvre toutes les infos du jour. Aujourd’hui, cela va du voyage du Pape au Congo (il parle d’une affluence modeste, photo à l’appui, d’autres disent un million de personnes à la messe, qui croire?) à la poursuite de la « guerre des livres », avec une nouvelle biographie de Benoît XVI (et un livre curieux, co-écrit avec le cardinal Martini – mort il y a plus de 10 ans, décidément, ils auront tout essayé, même de faire parler les morts – qui dresse le portrait-robot de l’évêque du XXIe siècle), en passant par la « messe clandestine » en mémoire de Benoît XVI dont nous avons parlé ce matin. Et en terminant par un avertissement dramatique solennel aux évêques allemands, en ce 90ème anniversaire de l’accession de Hitler au pouvoir.


Specola

Nous commençons le mois et c’est un mercredi heureux au Vatican, pas d’audience, et le Congo belge [sic!} est loin. La place est particulièrement vide avec une impressionnante grue qui travaille au centre de la façade de Saint-Pierre.

Messe papale, peu de gens, beaucoup d’espaces vides au Congo aussi, gros plans et vues aériennes évités, beaucoup de chants et beaucoup de danses. Désolé pour la mauvaise qualité de notre photo d’aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de choix, elle correspond au début de la messe avec le Pape François déjà présent. Homélie en italien, avec traduction par l’archevêque lui-même. Peu de nouvelles dans les médias italiens, rien à la une, il est clair que les morts font plus vendre que les vivants. Il faut chercher les nouvelles du voyage à la loupe et toujours sur les colonnes de gauche.

On ne s’attend pas à de grandes défenses arc-en-ciel, le Congo est peu enclin à plaisanter [dans ce pays, l’homosexualité est un crime], et on s’intéressera à la conférence de presse du retour, on craint que ce soit beaucoup plus pour les silences.

« Ne touchez pas à la République démocratique du Congo, ne touchez pas à l’Afrique ». Le pape François dénonce l’ « exploitation » dont est victime le continent, grâce à un « colonialisme économique » qui a remplacé le colonialisme politique du passé, faisant des victimes jusque parmi les enfants qui « meurent en esclavage dans les mines » et commettent un « génocide oublié ». Il est reçu à l’aéroport par le nonce en disgrâce Ettore Balestrero, factotum de la curie à l’époque bertonienne et aujourd’hui croupissant au Congo.

La rencontre avec ses frères jésuites présents dans le pays, qui est annoncée comme une réunion privée à la nonciature, est à ne pas manquer.

Nous commençons l’actualité d’aujourd’hui avec le blog de Tosatti, qui continue à nous offrir des commentaires sur le livre posthume de Benoît XVI, qui fait plus de bruit quand il est mort que quand il est vivant. L’aveu de l’amertume et de la souffrance qu’il a endurées, les « cris meurtriers », continuent de choquer.

Des écrits posthumes rassemblés dans le livre «Qué es el cristianismo» , il ressort clairement que les modernistes ont toujours considéré Ratzinger comme l’obstacle à surmonter, depuis qu’il était à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, notamment dans les dernières années du pontificat de Wojtyla, lorsque saint Jean-Paul II s’est appuyé presque exclusivement sur lui. Ils le craignaient, pour ne pas dire qu’ils le détestaient, à tel point qu’ils ont ressenti le besoin de s’unir et de créer la « mafia de Saint-gall » où ils ont planifié comment contrer son pouvoir et le neutraliser.

Le pape Benoît savait très bien à quoi il s’attaquait, il l’a fait savoir clairement lorsqu’il a demandé de prier pour ne pas fuir les loups. Il se bat pour l’unité, rencontre Hans Kung, fait de Reinhard Marx, le plus farouche des évêques réformateurs allemands, un cardinal, tolère les séminaires où ses livres sont interdits. Il n’a puni ni marginalisé aucun de ses opposants, comme le fera plus tard le pape François. Les huit années de son pontificat ont été un Vietnam d’attaques médiatiques et de campagnes de haine, qui ont vu les médias se déchaîner contre le Vicaire du Christ comme jamais auparavant ; profitant des scandales de pédophilie et des scandales financiers liés à l’IOR, l’accusation de vouloir revenir aux croisades après le discours de Ratisbonne. »

Benoît était un grand théologien, dont le rôle en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a été fondamental dans les années du pontificat de Wojtyla pour ramener l’Église sur le chemin de l’orthodoxie après l’épopée de la grande ivresse postconciliaire et les grandes erreurs qui ont résulté de l’interprétation ultra-moderniste du concile Vatican II par Karl Rahner et ses nombreux disciples.

Un autre livre, avec une préface de don Georg, « Ratzinger, La scelta. Non sono scappato » [Le choix. Je ne me suis pas enfui], une nouvelle biographie du pape Benoît par Orazio La Rocca. Il couvre les années qui ont suivi sa démission, la biographie de ses années postpontificat, une première dans l’histoire. Il révèle une activité intense, dans la clandestinité et dans l’obéissance à son successeur, utilisant sa marge de « manœuvre ».

La Rocca, en reconstruisant pas à pas les presque dix années passées au monastère, semble vouloir donner les clés pour déboulonner les mythes et mettre en lumière la réalité la plus simple et en même temps la plus honnête : le pas en arrière d’un homme qui s’est donné tout entier à l’Église.

Sa démission a été « volontaire » mais déterminée par le climat et les événements contingents qui ont fait perdre à Benoît XVI la confiance qu’il pouvait rester pape. Don Georg est un témoin privilégié des moments intimes du pape Benoît : « La décision de Benoît XVI de démissionner du pontificat, communiquée par lui le 11 février 2013 et devant prendre effet le 28 février à 20 heures », « elle était si grave qu’à l’époque j’avais personnellement imaginé une espérance de vie pour Benoît XVI ne dépassant pas un an ». « Lorsque nous avons quitté ensemble le Palais apostolique le 28 février 2013, le monde entier a été témoin de la façon dont je n’ai pas pu retenir mes larmes. »

Nous continuons avec don Georg, qui a présidé une messe dans les cryptes de Saint-Pierre, presque clandestinement, en suffrage pour Benoît XVI, dans le premier mois après sa mort, dont nous apprenons la nouvelle par la « Fondation Joseph Ratzinger » du Vatican. Gänswein a révélé la dévotion de Benoît XVI à la figure de saint Benoît Joseph Labre, mort à Rome le 16 avril 1783 (le 16 avril est la date de naissance de Joseph Ratzinger), un saint avec lequel le pape émérite partageait le nom de baptême, Joseph, et dont il a ensuite pris le nom de pontife, Benoît. Elle a été suivie par les Memores Domini qui ont assisté Benoît XVI pendant les années de son pontificat, puis au monastère Mater Ecclesiae, elle s’est terminée par un moment de prière sur sa tombe.

Elio Guerriero explique pourquoi il a été choisi par le pape Benoît XVI pour publier tous ses écrits après son retrait dans le livre posthume « Che cos’è il Cristianesimo ». Le fil conducteur, explique l’auteur, « est un appel sincère à renoncer à des attitudes qui pourraient nuire à l’unité de l’Église et encourager le détachement de la communion catholique ». La genèse de ce travail commence au moins en 2017 : c’est cette année-là que Benoît XVI publie dans la revue « Communio » un article sur les relations entre juifs et chrétiens initiées par le concile Vatican II. « Quelque temps plus tard, Mgr Gänswein m’a téléphoné pour me dire que le pape émérite voulait me voir et avait pris rendez-vous. J’ai trouvé le Pape Benoît amer. Il était affligé par les rumeurs venant d’Allemagne sur sa prétendue opposition au dialogue entre juifs et chrétiens ».

« Le grand rabbin de Vienne, Arie Folger, a pris sa défense dans un article publié dans un hebdomadaire juif. Le pape Benoît a répondu cordialement et le grand rabbin de Rome Riccardo Di Segni m’a encouragé à faire connaître cet échange de lettres en Italie également ». C’est ainsi qu’est né le livre « Juifs et chrétiens », un recueil des documents de Benoît XVI sur les relations entre les deux religions « sœurs ». « Vu le succès de la publication du texte sur les juifs et les chrétiens, pourquoi ne pas publier tous les textes écrits au moment de la démission ? « .

D’Allemagne viennent de nouvelles attaques plus dures contre Benoît XVI avec les ignobles accusations d’avoir « couvert » un prêtre pédophile lorsque le cardinal Ratzinger était évêque de Munich. « C’est alors que Benoît m’a écrit que le livre, auquel il travaillait entre-temps, devrait être publié après sa mort ».  » La préoccupation de ce texte est précisément le souci de l’unité de l’Église :  » le pape émérite part de loin, de Luther « . « L’intention de Benoît XVI est toujours celle de l’unité, mais sans « renoncer » à la vérité ».

Dans cette guerre des livres dans laquelle nous sommes plongés, dont beaucoup sont posthumes, nous relatons aujourd’hui une curieuse publication à double auteur, du pape François avec le cardinal Martini, L’évêque pasteur:  » Je cherche à consacrer des personnes qui soient avant tout des bergers fidèles et non des grimpeurs [arrampicatori, càd des carriéristes]. « Proche des gens comme des pères et des frères, avec douceur, patience et miséricorde. Pauvre, pas aveuglé par la richesse. Libre de l’ambition et du désir d’égoïsme, libre des tentations de la noblesse et de la mondanité… ».
Il nous est vendu, et ils nous expliqueront comment, comme écrit par Martini, qui est décédé en 2012. Rome est une ville de fantômes, il y en a tellement que c’est à ne pas y croire.
Face à une église qui ne connaît pas son avenir, nous pouvons toujours ressusciter les rêves du passé, mais les rêves sont des rêves.

Et nous terminons par un anniversaire douloureux, le 90e anniversaire de la nomination d’Hitler comme chancelier du Reich. L’Église catholique allemande a immédiatement compris le danger du national-socialisme et en a payé le prix fort. Le 30 janvier 1933 est une date décisive dans l’histoire allemande et européenne du 20e siècle, car la nomination d’Adolf Hitler au poste de chancelier du Reich marque la prise de pouvoir du parti national-socialiste des travailleurs allemands. Considéré comme inoffensif, d’autant plus que son parti ne devait détenir que trois ministères, Hitler organise de nouvelles élections qui ne sont plus libres car elles sont caractérisées par une violence inouïe provoquée par les formations paramilitaires nazies, un véritable terrorisme d’État qui met fin à la démocratie en Allemagne.

En 1930, l’Église avait interdit aux catholiques d’adhérer au parti d’Hitler. En 1937, le cardinal-archevêque de Munich, Michael von Faulhaber, l’un des évêques qui n’avait initialement pas bien compris les intentions d’Hitler, parle d’une véritable persécution du catholicisme en Allemagne par le régime. Faulhaber lui-même rédigea un document qui prit la forme de l’encyclique de Pie XI, Mit brennender Sorge. Cela ne ferait pas de mal aux évêques allemands, certains d’entre eux, la plupart d’entre eux, de se rappeler les conséquences de leur vente au pouvoir de l’époque, autrefois le national-socialisme, maintenant l’agenda 2030. L’Église catholique allemande est aujourd’hui plus encline à se joindre aux désirs du monde et s’empresse de s’y conformer, trahissant le sacrifice de tant de ses fils qui ont souffert et donné leur vie pour défendre la foi catholique et leur âme immortelle.

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