Elle est signée (avec nom, prénom, qualité et même numéro de téléphone et adresse mail pour joindre l’auteur) d’un » prêtre de montagne » comme il se qualifie lui-même. Bref, un curé de terrain, mal vu par sa hiérarchie – il explique pourquoi. En général, je n’aime pas trop ce genre d’initiative, dont Benoît XVI a été souvent la victime. Mais cette lettre dégage un tel parfum de sincérité, elle est si proche des préoccupations dont ce site se fait l’écho jour après jour, qu’elle me convainc de déroger à mes principes. Maintenant, on peut la juger excessive, on peut n’être d’accord que partiellement, ou même sur rien. Mais c’est indéniablement un témoignage sur ce que vivent certains pasteurs, qui ne sont pas de mauvais prêtres, au contraire, et qui souffrent de ce pontificat.

Cher frère Jorge Mario Bergoglio

Cela fait au moins un an que j’ai envie de t’écrire pour t’inviter courtoisement à te retirer et à soulager la Sainte Église catholique de la grave douleur que tu lui causes ; ce matin, j’ai donc décidé de le faire. Bien qu’entre-temps me soit parvenue à moi aussi, attendue mais malgré tout imprévue, la douloureuse nouvelle de la mort de Benoît XVI, dont tu te déclares le successeur, avec le nom de François Ier [en fait François tout court, ce qui est déjà tout un programme, ndt]

Je suis un prêtre de montagne, âgé de 66 ans, à qui les évêques diocésains ont toujours essayé (et essaient encore) de « mettre des bâtons dans les roues », pour la simple raison que je ne suis pas le principe hypocrite, et selon certains, jésuitique, de « toujours et dans tous les cas obéir » au for externe, sauf à faire ce que l’on veut et sans scrupules de conscience (au for interne), tant que cela reste secret. C’est la morale qu’on m’a enseignée au séminaire de Belluno, dans les années 1970-1980 ; morale à laquelle, cependant, je ne me suis pas soumis, et c’est pour cette raison que, bien que je ne travaillais pas moins que les autres, j’ai toujours été tenu à l’écart. Et pourtant, pour la même raison, je suis aimé par de nombreux fidèles, hommes et femmes, jeunes et vieux, qui me demandent une direction spirituelle constante et croissante ; je suis devenu le dépositaire des confidences (et pas seulement) de vénérables prêtres et j’ai été le privilégié (encore séminariste) à qui le cardinal Albino Luciani, récemment béatifié, a adressé une de ses dernières lettres avant d’entrer au conclave [pour devenir Jean-Paul 1er]. Harmonie des âmes !

Je suis désolé d’apprendre par les « médias » tes problèmes de santé et de constater, par la même occasion, qu’ils s’aggravent et te contraignent à te déplacer en fauteuil roulant. J’admire la force d’âme avec laquelle tu t’efforces de faire face à la situation et je suis triste de constater que tu n’y arrives pas, comme en témoignent la tension sur ton visage et, parfois, la tension nerveuse mal dissimulée dans ton comportement. Je prie donc pour toi.

Mais je t’en supplie : retire-toi ! Les raisons pour lesquelles tu devrais te sentir obligé de le faire sont bien plus importantes que les problèmes de santé, qui pourraient même (comme tu l’as reconnu et déclaré) te rendre moins idoine au service pétrinien. Non, non ! Il y a d’autres questions non résolues, d’importance essentielle, que je crois qu’il est de mon devoir de t’exposer, avec l’esprit bienveillant d’un frère et la précision d’un confesseur ; tu évalueras ensuite, en conscience et devant Dieu, s’il est honnête et convenable d’en tenir compte ou, au contraire, s’il est honnête et licite de ne pas en tenir compte.

1) Un grand nombre de croyants, de toutes les parties du monde, y compris des théologiens et des juristes, sont incertains de la validité de la démission de Benoît XVI, ils ont donc considéré et considéreront toujours qu’il est le dernier Pape et que tu es un abuseur et un bonimenteur. Or, bien que je ne sois pas en mesure d’évaluer une telle conviction et que, de toute façon, j’ai toujours considéré (bien qu’avec un certain doute) que ton élection était valide, du fait même qu’un tel doute existe, il me semble clair qu’une puissante diminutio de ta crédibilité humaine et sacerdotale est en train de se mettre en place. Tu peux faire semblant d’ignorer que de telles questions, propagées continuellement et dans les principales langues par divers livres et d’innombrables articles, existent sur la validité de ton élection, mais cela a-t-il un sens ?

2) A aggraver le doute mentionné plus haut, sur la base de la mise en évidence des incohérences substantielles relevées dans la declaratio de Benoît XVI du 11 février 2013 (en particulier la constatation qu’il a renoncé, oui, ad ministeria mais pas au munus) s’est ajoutée en 2015 la biographie du cardinal Godfried Danneels, qu’il a lui-même autorisé. Lors de sa présentation, il a eu la malencontreuse idée de révéler l’existence d’un « groupe de Saint-Gall » inconnu, qu’il a décrit comme « deftig » [= « digne, respectable »], mais ensuite, croyant être ironique et provoquant au contraire un grand scandale, il a ajouté : « Maar eigenlijk zeiden wij van onszelf en van die groep : de maffia » [= « Mais nous avons dit de nous-mêmes et de ce groupe : la mafia »]. Je ne pense pas qu’il faille accorder une importance excessive à ce groupe d’évêques et de cardinaux, mais il n’est pas non plus possible pour moi ou pour toi d’ignorer la déclaration de Danneels. D’autant plus qu’il est maintenant certain (même Wikipedia, entrée ‘Groupe de St-Gall’, l’admet) que ce groupe était ouvertement hostile au cardinal Joseph Ratzinger ou, plutôt, à son ecclésiologie. Et ensuite? Mais, même si les pressions exercées sur Ratzinger, entre-temps élu pape, et l’accord en ta faveur étaient vrais, et même si je connaissais la disposition de l’article 81 de la Constitution apostolique « Universi Dominici Gregis », peut-être (je dis : peut-être) ne serais-je pas venu te parler comme je le fais, c’est-à-dire te demander, expressément et publiquement, de te retirer à la vie privée.

3) Si je le fais, c’est parce que j’ai observé dans ton magistère, tant oral qu’écrit, quelque chose d’anormal, presque schizophrénique, comme si tu avais une double personnalité ou, en tout cas, des troubles de la personnalité non résolus, qui sont déplaisants chez tout le monde, mais d’autant plus chez quelqu’un qui exerce, légitimement ou illégitimement, un office public, encore plus s’il s’agit d’un office pastoral ou de direction spirituelle.

Il y a des moments où tu parles très bien, avec une grande sensibilité humaine, de la douceur, une connaissance des problèmes, même avec des traits de poésie ; et il y a d’autres moments où tu parles de façon étrange, ambiguë, paradoxale. Oh, que tu es de peu de valeur en tant qu’enseignant de la Foi, c’est évident ! Parfois, tu ne sembles même pas avoir la Foi, et il semble que tu ne t’intéresses qu’à l’horizon terrestre, de sorte que – en te déguisant presque derrière le rôle que tu exerces – tu fais des citations du Christ, des saints, de l’Écriture Sainte, mais tu sembles te sentir étranger à tout cela ; il semble que, ce faisant, tu suives un modèle culturel auquel tu es lié, et non une conviction profonde. Tout cela est très déplaisant. Ta superficialité, ton apathie théologique, ton horizon culturel obstinément fixé sur certaines vérités, intouchables pour toi, nous mettent mal à l’aise. Il est désagréable de faire la comparaison, cela peut t’offenser, j’imagine ; mais comment ne pas voir le fossé qui te sépare, en tant que maître de Foi et de vie chrétienne, d’un Benoît XVI, d’un Jean-Paul II ? Sur certains points, ensuite, tu t’es certainement égaré ; en voici quelques-uns.

4) Ta vision de la fraternité universelle n’est pas la vision chrétienne, mais la vision maçonnique : tu devrais savoir bien mieux que moi que nous, chrétiens, nous nous appelons frères dans la mesure où nous sommes baptisés, et non dans la mesure où nous sommes membres de la soi-disant famille humaine ; l’Église nous a toujours enseigné, et tu devrais le faire aussi (et au contraire tu ne le fais pas), que nous sommes frères par grâce et non par nature. Serais-tu franc-maçon ? Serais-tu un sympathisant de la franc-maçonnerie ? Aurais-tu renié la véritable doctrine selon laquelle ceux qui adhèrent à la franc-maçonnerie commettent un grave péché ? Et, si ce n’est pas le cas, pourquoi répètes-tu constamment des pensées franc-maçonnes en les faisant passer pour des pensées chrétiennes ?

5) Ta vision œcuménique est erronée. A juste titre, de nombreux croyants scandalisés se demandent pourquoi tu continues à fréquenter des membres d’autres religions, avec un prurit et des déclarations qui les laissent pantois. Tu n’aurais pas dû affirmer, comme tu l’as fait, que toutes les religions sont une bénédiction de Dieu, tu n’aurais pas dû et tu ne dois pas te mettre côte à côte avec les membres d’autres religions ! Tu devrais et tu aurais dû réitérer, si tu es Pape, que « extra Ecclesiam nulla salus », mais tu ne l’as pas fait et tu t’obstines à ne pas vouloir le faire. Au contraire : alors que tu prônes le prétendu dialogue à tout prix, avec une attitude sévère et répréhensible, tu interdis aux fidèles qui aiment la liturgie tridentine de continuer à la célébrer : mais comment oses-tu être maître de la vie spirituelle des autres ? Donc : respect maximal, selon toi, pour les athées, les agnostiques, les bouddhistes, les mondialistes, les francs-maçons, les luthériens, les islamistes, et poing dur avec les catholiques traditionalistes ? Mais ne te rends-tu pas compte que tu as donné des signes ou, du moins, induit de forts doutes sur ton équilibre personnel, avant même ton équilibre sacerdotal ?

6) Enfin (mais je pourrais en dire beaucoup plus), y compris pendant les trois années de la pandémie fantôme, ton attitude a été un scandale suprême : de la soumission totale aux indications des représentants des grandes entreprises pharmaceutiques et des gouvernements collaborateurs du Nouvel Ordre Mondial, un ordre résolument maçonnique, élitiste, favorable au transhumanisme et d’inspiration satanique déclarée. Comment as-tu pu sombrer dans l’abîme en déclarant les prétendus vaccins moralement licites, voire moralement obligatoires ? Frère, tu as fait le grand écart, tu as enseigné le mal et induit le mal ! Pour ce seul péché contre l’humanité, pour lequel tu n’as jamais demandé pardon, tu devrais te retirer.

C’est la condition générale de l’Église qui me pousse à te parler ainsi. Elle souffre. L’Église : nous avons appris à l’aimer dès notre plus jeune âge et à la sentir, la respecter et l’honorer comme notre mère spirituelle ; et de notre propre mère terrestre, elle nous a été indiquée comme le trésor le plus précieux que nous aurions dans la vie, comme Tabernacle ouvert et unique et ne faisant qu’un avec le tabernacle fermé des églises ; comme le Christ sanglant, mort et ressuscité vivant dans le temps, son Corps mystique, la vie des âmes. Oh, l’Église, pour l’amour de laquelle nous avons désiré tout bien et au service de laquelle nous nous sommes mis ! Oh, l’Église, épiphanie dans le temps de la Jérusalem éternelle et nouvelle vers laquelle nos pas se hâtent joyeusement ! Pourtant, l’Église souffre. Te souviens-tu du jour où tu as dit oui à Dieu dans la prêtrise ? Et le jour où tu as répété et porté à la plénitude sacramentelle ce Oui à l’épiscopat ? Renouvelle donc ces Oui, soit en pleurant amèrement, comme Pierre, sur tes trahisons et en changeant de vie, soit en te retirant dans la vie privée et en convoquant un nouveau conclave.

Le présent et l’avenir de chacun de nous sont entre les mains de Dieu, qui est, comme le disait le saint Père Léopold Mandić, « médecin et médicament »; nous nous confions donc à Lui, dans un esprit filial, confiant, d’abandon total.

Je ne te demande pas de m’écouter, mais d’écouter ce que, dans ta conscience, ces paroles fraternelles, franches et sacerdotales de ma part peuvent te suggérer, si tu les lis.

Cordialement.

don Floriano Pellegrini
puntifermi.altervista.org

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