Je trouve, providentiellement et presque par hasard, bien caché dans les pages de la Bussola, ce beau témoignage d’un prêtre italien curé d’une paroisse de Vénétie, qui a été formé à l’école de Benoît XVI (la vraie, pas celle de ces pages!) et qui rend hommage au Maître. Il était présent à Rome pour les obsèques, le 5 janvier.

Revivre les funérailles de Benoît XVI

L’héritage de Joseph Ratzinger sera un guide pour l’Église de demain.

Le souvenir d’un prêtre qui l’a connu

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Quand, vers la fin de l’année 2022, la nouvelle a commencé à se répandre, à travers les médias, que la vie terrestre de Benoît XVI était en train de s’éteindre, elle a pénétré au plus profond de mon être comme un filet de tristesse et de trouble, Joseph Ratzinger étant le Prêtre qui, à travers sa prédication et ses écrits, m’a accompagné sur le chemin de la vie avec des enseignements éclairants, grâce à la Sagesse divine qui l’habitait; il est devenu mon formateur et mon éducateur, donnant à ma recherche de sens des réponses toujours profondes et logiques, compréhensibles même pour un profane comme moi, toujours à la recherche de la vérité en vue de rencontrer la Vérité.

J’ai pu découvrir Ratzinger dans les années 60 grâce à des professeurs qui ont fait connaître à leurs élèves des personnalités émergentes et, disons-le, « extraordinaires » dans le monde des sciences religieuses, philosophiques, sociales, morales et théologiques. Congar, D. Chenu, J. Moltmann, G. Gutierrez, J. Maritain, H. Marcuse, P. Teilhard de Chardin, E. Schillebeeckx – c’est-à-dire des auteurs de la « nouvelle vague théologique », des représentants et théoriciens sud-américains de la théologie de la libération, etc.

Le milieu soixante-huitard était, pour les jeunes qui rêvaient littéralement d’un nouveau monde et d’une nouvelle église, un terrain propice pour se lancer avec enthousiasme dans des études afin de pouvoir concrétiser les théories annonçant le vent de la modernité.

Mais… « panta rhei » [formule qui, en grec ancien, signifie littéralement « Toutes les choses coulent »] , selon le philosophe Héraclite, c’est-à-dire que tout change constamment, tout passe, et beaucoup de personnalités et de théories de l’intelligentsia ecclésiastique se sont ternies avec le temps, véritable test de ce qui doit rester et de ce qui doit être balayé de l’horizon de l’histoire.

Par la grâce de Dieu, lui, Joseph Ratzinger, n’est pas pas passé, mais il est resté avec moi et avec beaucoup d’autres amis, toujours à la recherche de réponses aux questions que la vie pose quotidiennement à la pensée humaine.

Ratzinger est resté avec moi comme un compagnon de voyage dans ma vie sacerdotale ; il est même devenu le professeur qui, par un beau jour, est devenu pape après Jean-Paul II, comme je le souhaitais dans mon cœur ; j’ai pu l’applaudir au milieu de la liesse du peuple catholique et, lorsqu’il est apparu vêtu des insignes pontificaux sur la loggia de la basilique Saint-Pierre, se présentant avec le nom de Benoît et les bras grands ouverts, je me suis senti accueilli comme un fils dans les mains sûres du bon Père.

Le 31 décembre 2022, le dies natalis au Ciel est arrivé pour Benoît XVI ; « haec dies quam fecit Dominus » [Voici le jour que fit le Seigneur] est devenu l’occasion providentielle de rendre grâce au Père céleste qui l’avait donné au monde le Samedi Saint de l’année 1927. Je ne pouvais pas manquer le rendez-vous pour ses funérailles et, avec de nombreuses personnes de tous âges, j’ai honoré le « serviteur de Dieu » en lui faisant mes adieux.

Les 4 et 5 janvier, immergé dans une mer de foule « quam denumerare nemo poterat » [que personne ne pourrait énumérer], j’ai pu vénérer son corps exposé devant l’autel de la confession, pour offrir une prière au Seigneur Jésus.

L’émotion était inévitable pour le pasteur bien-aimé, entouré de l’affection de l’authentique peuple des béatitudes qu’est l’Église catholique. Je me suis souvenu d’occasions providentielles de rencontrer Benoît XVI, comme lorsque, après avoir concélébré avec lui la Sainte Messe dans la cathédrale de Bassano del Grappa, j’ai participé à un dîner avec les membres de l’École de culture catholique à l’hôtel Everest de la ville. Nous avons dialogué au sujet de la « Lectio magistralis » qu’il avait prononcée dans la grande église de Santa Croce, où il avait reçu la « Médaille d’or internationale du mérite pour la culture catholique » de l’École de culture catholique locale [en 1992, cf. Les confidences d’un ami].

De nombreuses lectures ont aussi été très fructueuses pour moi. Permettez-moi de mentionner un livre célèbre publié, avec le cardinal Sarah, à l’occasion d’un des récents synodes au Vatican, à savoir : « Des profondeurs de nos cœurs« , un véritable vade-mecum que chaque prêtre pourrait garder avec lui, lire et méditer pour découvrir toujours mieux sa propre identité ; une œuvre qui a jailli du cœur du vicaire émérite du Bon Pasteur soucieux de défendre ses élus contre les agressions orageuses. Il serait souhaitable que chaque formateur de séminaristes et de prêtres puise dans les richesses de cette œuvre, qui ne parle certainement pas de  » réformes « , mais de la conversion des cœurs selon le Cœur du Christ.

Je conclus en évoquant à nouveau le moment vécu sur la Place Saint-Pierre, inondée par une foule multiculturelle, multilingue, multireligieuse ; une foule de fils et de filles appartenant à la Sainte Église, venus de toutes les parties de l’écoumène pour honorer le grand maître et père dans la foi, Benoît.

Nous avons eu la chance exceptionnelle d’être présents, de vivre un grand événement de Pentecôte où la diversité de tous se fondait dans l’unité d’un seul cœur et d’une seule âme, soutenue et soulignée par le doux chant grégorien dans la langue de l’Église.

12 janvier 2023
Don Angelo Pavan
Curé de la paroisse de San Vincenzo in Oderzo (Trévise)

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