Ecole Ratzinger – Benoît XVI a témoigné publiquement à de multiples reprises de sa dévotion mariale – une dévotion qui, à une époque où le scepticisme et la dérision tiennent lieu de système de pensée est de plus en plus inacceptable et rejetée comme irrationnelle. Le grand intellectuel qu’il était y retrouvait la foi simple de son enfance. Dans le livre d’entretiens avec Vittorio Messori, en 1985, il explique l’importance de Marie et la nécessité d’une foi « incarnée », qui concilie « la raison avec les raisons du cœur ».


Benoît XVI en prière à Fatima,
12 mai 2010

« Entretien sur la foi », Victor Messori, page 124
 
« Si la place occupée par la Sainte Vierge a toujours été essentielle à l’équilibre de la foi, retrouver aujourd’hui cette place est devenu d’une urgence rare dans l’histoire de l’Église. »

« Marie doit plus que jamais servir de pédagogie pour annoncer l’Évangile aux hommes d’aujourd’hui. »
C’est justement sur ce continent, là où la traditionnelle piété mariale du peuple décline, que le vide ainsi laissé se trouve rempli par des idéologies politiques. C’est un phénomène qui se rencontre un peu partout et qui confirme l’importance de ce qui n’est pas seulement une dévotion. »

L’Église a proclamé quatre dogmes sur Marie d’abord sa virginité perpétuelle et sa maternité divine, puis, après une longue maturation et réflexion, sa conception sans la tache du péché originel, et son Assomption corporelle dans la splendeur céleste.

« La dévotion mariale correcte garantit à la foi la coexistence de l’indispensable « raison » avec, comme dirait Pascal, les « raisons du coeur », tout aussi indispensables.
Pour l’Église, l’homme n’est pas seulement raison ni seulement sentiment, il est union de ces deux dimensions. La tête doit réfléchir avec lucidité, mais le coeur doit être réchauffé : la dévotion à Marie … assure ainsi à la foi sa dimension humaine complète. »

Marie est « figure », « image », « modèle » de l’Église. Regardant vers elle, l’Église est alors mise à l’abri de cette image masculinisée … qui la représente comme instrument d’un programme d’action socio-politique.

Si, dans certaines théologies et ecclésiologies, Marie ne trouve plus place, la raison en est claire : elles ont réduit la foi à une abstraction. Et une abstraction n’a nul besoin d’une Mère. »

« Par son destin qui est à la fois de Vierge et de Mère, Marie continue à projeter une lumière sur ce que le Créateur a eu comme dessein pour la femme de tous les temps, le nôtre y compris ; et peut-être surtout le nôtre où – comme nous le savons – se trouve menacée l’essence même de la féminité.
Sa Virginité et sa Maternité enracinent le mystère de la femme dans un destin très élevé auquel elle ne peut être arrachée
Créature de courage et d’obéissance, elle est (encore et toujours) un exemple vers lequel tout chrétien – homme et femme – peut et doit regarder. »

Il y a aussi le magistère des gestes

Du 11 au 14 mai 2010, Benoît XVI était au Portugal, à Lisbonne, puis à Fatima, pour le dixième anniversaire de la béatification de Jacinta et Francisco, deux des petits pastoureaux qui avaient été témoins des apparitions de la Sainte Vierge à six reprises durant l’année 1917, morts respectivement en 1920 et 1919, de la grippe espagnole.
Jean-Marie Guénois, l’envoyé spécial du Figaro, qui suivait le voyage, avait décrit l’impression qu’avait gravé en lui la prière du Pape devant la statue de ND de Fatima.
Un authentique morceau d’anthologie, qui dessine un portrait du Pape à des années lumière de celui qui l’a accompagné durant tout son pontificat.

Le Pape devenu enfant
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Dans le sanctuaire marial de Fatima, j’ai eu la chance, mercredi après-midi, de me trouver à quelques mètres de Benoît XVI et de le voir longuement se recueillir devant la statue vénérée de la Vierge. Rien de plus banal que de voir un pape prier. Il fait son métier penseront certains.

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Il se trouve que j’ai déjà pu observer plusieurs situations similaires mais j’ai rarement constaté un tel recueillement chez un homme. C’est d’ailleurs impressionnant et difficile à décrire. Est-ce lié à l’émotion ? A un manque d’objectivité ? Je ne le crois pas. Il y a comme cela, des situations humaines « extrêmes » qui sont des signes de souffrance, de joie intense, d’extériorité fabuleuse ou … d’intériorité unique. Intimes, elles n’en sont pas moins des faits.

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Que s’est-il passé ? Benoît XVI s’est approché de la statue pour y déposer un présent, une rose en or et argent, symbole d’action de grâce. Il venait de lire une prière où il évoquait son prédécesseur Jean-Paul II, son attentat, et les souffrances de l’Eglise. Il était là dans son rôle de pape.

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Puis, il s’est comme transformé au moment où son assistant lui a remis le fameux présent pour qu’il le dépose au pied de la statue. Et là, ce n’était plus un pape mais un enfant. Il s’est avancé avec le sourire d’un petit le jour de la fête des mères. A la fois trop content de ce qu’il va offrir, trop ému par le poids de la reconnaissance et trop intimidé par ce geste, il donne ce jour là, alors qu’il est plutôt habitué à recevoir.

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Benoît XVI a déposé ce cadeau au pied de la Vierge puis s’est mis à prier d’un bloc, les yeux mis clos, presque physiquement aspiré vers la statue. Longues minutes paradoxales où se lient l’absence, une étonnante présence et le silence. Autour, près de 300 000 personnes vibraient au diapason. De temps en temps l’homme en blanc ouvrait les yeux et fixait le visage de la statue en un regard mêlé de tendresse et de détresse. Un regard qui à la fois demandait et disait merci. Son maître des cérémonies est alors venu lui prendre délicatement le bras. L’enfant est redevenu pape.
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https://www.lefigaro.fr/blogs/religioblog/2010/05/le-pape-enfant.html
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