L’article que j’ai publié avant-hier 6 mars (Dernière manœuvre (en date) pour discréditer l’Eglise: « décanoniser » Jean-Paul II) sur la tentative de « décanoniser » Jean-Paul II, après avoir lu une nouvelle sur Il Sismografo a été, à ma grande surprise, le plus « cliqué » de la semaine! Aldo Maria Valli revient sur le sujet, soulignant combien l’ensemble des médias ont pris pour argent comptant les affirmations d’un chaîne de télévision « d’opposition » (on sait ce que cela signifie, j’ai presque envie d’écrire « suivez mon regard ») alors que d’autres enquêtes sont parvenues à des conclusions opposées. Sans compter la confiance aveugle accordée aux archives communistes, alors que tout le monde sait que « la police secrète communiste [était] engagée dans une guerre secrète contre l’Église« .

Jean-Paul II a contribué à façonner le destin post-communiste de la nation. Son héritage est donc au centre d’une controverse entre ceux qui pensent que le pays doit maintenir ses traditions catholiques et ceux qui sont en faveur d’une adhésion totale à la modernité occidentale sécularisée.

Sur les accusations portées contre Karol Wojtyła en Pologne

Le débat sur la manière dont Karol Wojtyła, avant de devenir le pape Jean-Paul II, a traité les cas d’abus commis par des ecclésiastiques revient à la une de l’actualité internationale. Ces derniers jours, les médias ont rapporté les accusations contenues dans un documentaire diffusé en Pologne le 4 mars, et certains titres semblent présenter les conclusions de l’émission comme des faits incontestables.

Le documentaire a été diffusé par TVN, une chaîne connue pour sa position critique à l’égard de « Droit et Justice » (en polonais Prawo i Sprawiedliwość), le parti au pouvoir en Pologne . L’auteur est Marcin Gutowski, qui avait déjà signé un documentaire dans lequel il accusait le cardinal Stanisław Dziwisz, longtemps secrétaire du pape polonais, de mal gérer les cas d’abus.

Dans ce nouveau documentaire, intitulé Franciszkańska 3 (adresse du palais épiscopal de Cracovie), Gutowski accuse Wojtyła d’avoir transféré des prêtres abuseurs dans d’autres diocèses, y compris en Autriche, lorsqu’il était archevêque de Cracovie, de 1964 à 1978.

Selon l’émission, Gutowski a travaillé pendant deux ans et demi pour établir ce que Karol Wojtyła – canonisé en 2014 – savait des cas d’abus dans l’archidiocèse de Cracovie. Le journaliste s’est entretenu avec des survivants d’abus, leurs proches et d’anciens employés du diocèse. Il a également examiné des documents de l’Église qu’il a réussi à obtenir ainsi que les archives de la police secrète de l’époque communiste. En revanche, il n’a pas eu accès aux archives officielles de l’archidiocèse de Cracovie.

Gutowski présente ses conclusions comme définitives :

« J’espère que ce rapport mettra fin au débat et au festival de dissimulation de la réalité, en prétendant que Jean-Paul II aurait pu ne pas être au courant. Après cette production, nous n’aurons plus aucun doute : il savait, et ce bien avant qu’il ne devienne pape. Maintenant, pour parler franchement, la balle est dans le camp de l’Église.

Cependant, d’autres personnes qui ont étudié le comportement du futur Jean-Paul II lors de son service à Cracovie sont parvenues à des conclusions différentes. Tomasz Krzyżak, journaliste au quotidien polonais Rzeczpospolita, qui a enquêté sur les réponses de l’archevêque Wojtyła aux cas de deux auteurs d’abus (le père Eugeniusz Surgent et le père Józef Loranca), a déclaré le mois dernier : « Ma conclusion est que nous ne pouvons pas affirmer que le cardinal Wojtyła a couvert les cas d’abus ».

Le documentaire Szklany dom (La maison de verre), diffusé l’année dernière sur la chaîne de télévision polonaise TVP, a tiré une conclusion similaire, et d’autres commentateurs ont souligné le manque de fiabilité des documents produits par la police secrète communiste engagée dans une guerre secrète contre l’Église.

Le contexte politique dans lequel s’inscrivent ces différentes lectures est chargé de tensions. Jean-Paul II a contribué à façonner le destin post-communiste de la nation. Son héritage est donc au centre d’une controverse entre ceux qui pensent que le pays doit maintenir ses traditions catholiques et ceux qui sont en faveur d’une adhésion totale à la modernité occidentale sécularisée.

Alors que la confrontation bat son plein, la réticence des évêques polonais à ouvrir les archives de l’Église semble favoriser l’opposition.

Un témoin anonyme, qui a raconté à Gutowski qu’il avait signalé au cardinal Wojtyła les abus qu’il avait subis de la part d’un prêtre en 1973, déclare dans le documentaire : « Wojtyła a d’abord voulu s’assurer que tout était vrai. Il m’a demandé de ne rien dire aux autres et m’a assuré qu’il s’en occuperait ».

Un livre est en train de sortir en Pologne, avec des accusations similaires à celles du rapport de Gutowski, basé sur une enquête du journaliste néerlandais Ekke Overbeek et intitulé Maxima Culpa. Jean-Paul II savait. Overbeek a déjà publié des parties de son enquête dans le journal Trouw.

A propos de ces articles, Vik van Brantegem [korazym.org] a commenté :

Nous assistons de plus en plus à des tentatives de saper l’autorité de saint Jean-Paul II, à une sorte de dé-sanctification par la presse. L’arme la plus souvent utilisée est l’accusation selon laquelle Jean-Paul II n’aurait presque rien fait pour empêcher les abus sexuels sur des mineurs ou des personnes vulnérables dans l’Église et aurait tenté de dissimuler le problème par une conspiration du silence. Mais il est indéniable que Jean-Paul II a été un pape qui a mené une lutte décisive contre la pédophilie et les abus sexuels, et qui a introduit des normes ecclésiales radicales pour traiter ce type de crimes dans l’Église, en soulignant que « dans le sacerdoce et la vie religieuse, il n’y a pas de place pour ceux qui voudraient faire du mal aux jeunes ». Il a entamé le processus de purification de l’Église.

Van Brantegem poursuit : « Pour ce type de journalisme, la publication de la position sur les activités de Jean-Paul II en matière de délits sexuels n’a servi à rien.

Pour ce type de journalisme, la publication de la Position sur les activités de Jean-Paul II en matière d’infractions sexuelles sur mineurs par le Conseil permanent de la Conférence épiscopale polonaise, publiée le 18 novembre 2022 et qui se conclut ainsi : « Il est incontestable que Jean-Paul II a été un pape qui, conformément aux connaissances qu’il avait acquises, a mené une lutte déterminée contre les cas d’abus sexuels sur mineurs commis par certains prêtres et a introduit des règles obligatoires pour toutes les Églises afin de faire face à ce type de crime » n’a servi à rien,

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