Je suis retombée par hasard sur ce témoignage du directeur de la revue Magnificat, Paul-Marie Varennes , dans le numéro spécial publié à l’occasion de la visite du Saint-Père à Paris, en septembre 2008.



Quai Montebello, 12 septembre 2008, 18h
C’est moi qui ai pris cette photo!

J’AIME CET HOMME

Paul-Marie Varennes
Directeur de la rédaction de Magnificat
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J’ai eu la chance d’être reçu par Joseph Ratzinger et d’avoir de longs entretiens avec lui. Comme tous ceux qui l’ont pratiqué, j’ai bien sûr été conquis par son exquise urbanité.
Mais ce qui m’a le plus frappé, ou plutôt le plus touché, c’est la délicate charité intellectuelle dont faisait preuve ce grand esprit à l’égard du petit esprit que je suis.
Quand je venais lui exposer mes idées, il m’écoutait avec une sympathie toujours teintée d’un intérêt soutenu, bien que, sans doute, ce fût la dixième fois qu’il entendait les mêmes arguments. Jamais il ne m’interrompait, me laissant aller jusqu’aux derniers recoins des tenants et aboutissants de mon exposé. Quand j’avais fini, il me réexposait mes propos de manière synthétique, et beaucoup mieux que j’en avais été capable. C’était me faire la politesse de vérifier qu’il avait bien compris ma pensée, et qu’il ne la trahirait pas dans sa réponse. Non, il ne trahissait pas ma pensée, il la clarifiait, au point que j’avais presque déjà la réponse que j’étais venu quérir.
Enfin, il éclairait mes obscurités à la lumière de l’Ecriture e de la Tradition.

C’est bien cet homme exquis qui est venu nous visiter à Paris puis à Lourdes, en tant que successeur de Pierre, pour nous confirmer dans la foi.
J’ai retrouvé son affectueuse pudeur, qui est chez lui la suprême expression de la charité. Si je n’avais pas su qu’il était déjà ainsi avant son élection au souverain pontificat, j’aurais pensé qu’il avait fait une retraite au désert, et qu’il y avait appris à vaincre toutes les tentations du succès, du vedettariat et du pouvoir.
Face aux marques d’enthousiasme et de vénération dont sa personne a été l’objet au cours de ce voyage apostolique, d’un geste, d’un regard, d’une attitude, il semblait implorer ceux qui se prosternaient devant lui, comme pour leur dire, à l’instar de Pierre au Centurion: «Relève-toi, je ne suis qu’un homme moi aussi» (Actes, 10.26). C’est que, pour lui, la vraie Charité consiste à conduire ceux qu’on aime au Père, par le Christ Jésus – unique médiateur entre Dieu et les hommes -, notre frère en humanité, notre Dieu, notre Sauveur.
Oui, c’est bien le même homme, celui que j’aime, qui est venu nous visiter.
Cependant, cet homme a radicalement changé. Il est le même en tout, mais en tout avec une largeur, une hauteur, une profondeur, que ne sont données qu’à ceux à qui le Seigneur a dit: «Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture, et tu allais où tu voulais. A partir de maintenant, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te mèneras là où tu ne voulais pas aller» (Jean 21, 18).

Seigneur, qu’il est bon d’être conduit en Ton nom par un tel pasteur.

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