L’analyse de Giuseppe Nardi. Les bruits de conclave se font de plus en plus insistants, surtout depuis l’hospitalisation de François et la gestion pour le moins confuse de la communication, laquelle après les couacs initiaux (qui n’étaient pas dus qu’aux responsables du dicastère dédié), essaie de faire passer auprès de l’opinion l’image d’un pape actif, qui a repris les rênes, et qui contrôle. Mais les bergogliens ne sont pas tranquilles, dans une Eglise profondément divisée – par François lui-même -, la disparition de celui-ci pourrait donner lieu à un « grand règlement de comptes ».

La peur du grand règlement de comptes

LE PAPE FRANÇOIS RENTRERA DEMAIN AU VATICAN

Giuseppe Nardi
katholisches.info/2023/03/31/die-angst-vor-der-grossen-abrechnung/

(Rome) Le pape François est en voie de guérison. C’est ce qu’a confirmé aujourd’hui le bureau de presse du Vatican dans son cinquième communiqué depuis l’admission du chef de l’Eglise à la clinique Gemelli. Il n’a pas été précisé que le pape François avait déjà dû se rendre au moins deux fois à la clinique universitaire pontificale Agostino Gemelli à Rome au cours des trois semaines précédant son admission. Entre-temps, les amis et les adversaires de François ont intensifié leurs activités en vue d’un éventuel conclave. Ses amis craignent non seulement sa démission, mais aussi un « grand règlement de compte » de son pontificat.

Dans le quatrième communiqué, hier, le porte-parole du Vatican Matteo Bruni a pour la première fois fait référence aux médecins traitants :

« Dans le cadre des contrôles cliniques prévus pour le Saint-Père, une bronchite d’origine infectieuse a été détectée, nécessitant l’administration d’un traitement antibiotique par perfusion, qui a eu l’effet escompté avec une amélioration nette de l’état de santé.
Compte tenu de l’évolution probable, le Saint-Père pourrait sortir dans les prochains jours ».

Le fait que jusqu’à présent – contrairement à ce qui s’était passé il y a deux ans lorsque François avait subi une opération de l’estomac – seul le Vatican ait informé sur l’état de santé du pape, et non les médecins de la clinique universitaire, a attisé les spéculations. Aujourd’hui encore, aucun médecin n’est autorisé à faire une déclaration directe.

Massimo Franco du Corriere della Sera affirme:

« On a l’impression que tout le monde au Vatican retient son souffle et reste dans un silence qui témoigne d’une désorientation et d’une incertitude ».

Par  » tout le monde « , il faut toutefois entendre en premier lieu les bergogliens derrière les murs léonins.

Retour probable au Vatican samedi

Si tout se passe comme prévu, François devrait retourner demain, samedi, à Sainte-Marthe. Au Vatican, on s’efforce toujours de présenter le séjour à l’hôpital comme un contrôle de routine qui aurait été prévu à l’avance. Les faits parlent un peu différemment. On donne également l’impression que François pourrait déjà présider à nouveau la liturgie de la semaine sainte et de la fête de Pâques.

Malgré l’annonce de son rétablissement, l’office du Vatican pour les célébrations liturgiques du pape se prépare en réalité à une Semaine sainte et à Pâques sans le chef de l’Eglise. Le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, qui a officiellement déclaré que le retour du pape au Vatican lui permettrait de présider les prochaines liturgies, a également déclaré que le pape « ne célébrerait pas ». Et après?

Re a annoncé que François serait remplacé le dimanche des Rameaux par le sous-doyen du Collège cardinalice, le cardinal Leonardo Sandri. La messe chrismale du matin du Jeudi saint sera célébrée par le cardinal vicaire Angelo De Donatis et la Missa in Coena Domini du soir du Jeudi saint par l’archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, le cardinal Mauro Gambetti. Le cardinal doyen Re se chargera lui-même de la célébration du dimanche de Pâques.

La prétendue contradiction selon laquelle le pape, d’une part, « ne célébrera pas » mais « présidera » la liturgie, résulte de la nouvelle disposition linguistique qui est une conséquence de la réforme liturgique du Concile Vatican II. L’introduction de la « concélébration » a tout d’abord élargi la compréhension du « célébrant ». Dans un deuxième temps, il a été ajouté que le célébrant et le « président » de la célébration ne devaient pas être la même personne. En raison de son rang, un pape qui ne fait que concélébrer ou même, apparemment, un pape qui ne concélèbre ni ne célèbre, pourrait néanmoins « présider » la liturgie. La notion de célébrant est dissoute.

Les dates mentionnées par le cardinal Re, a dit le cardinal doyen, ont en tout cas déjà été décidées par égard pour l’état de santé du pape. Rien n’a encore été annoncé concernant le chemin de croix du Vendredi saint au Colisée et la nuit de Pâques. Selon l’état actuel des choses, il est prévu que François donne la bénédiction Urbi et orbi le dimanche de Pâques et lise son message pascal. Une « présence » du pape François est possible lors des autres célébrations, y compris celle du dimanche des Rameaux.

Le pape s’est déjà rendu incognito à plusieurs reprises à la clinique Gemelli au cours des dernières semaines.

Elisabetta Piqué, vaticaniste du quotidien argentin La Nacion et amie personnelle du pape, a révélé ce que des « sources proches » lui avaient confié : le pape François s’était déjà rendu incognito « au moins deux fois à la clinique universitaire Agostino Gemelli pour des examens » au cours des trois semaines précédant son hospitalisation mercredi dernier.

Certains médias, comme le quotidien espagnol El Mundo, voient déjà le danger d’un « conclave fantôme ». Des « manœuvres » seraient en cours « de la part d’amis et d’adversaires autour d’un pape de toute façon affaibli « , selon Massimo Franco (Corriere della Sera).

« Les effets de l’hospitalisation de François à la polyclinique Agostino Gemelli après la crise respiratoire de mercredi se font déjà sentir ».

Ce sont « toutes les ombres » qui accompagnent François depuis un certain temps déjà et qui se sont encore « renforcées » depuis la mort de Benoît XVI. Massimo Franco ne fait pas référence à l’hospitalisation du pape, car sa « vie n’est pas en danger », mais cite une « source vaticane » :

« Le sujet est plutôt de savoir comment il va lui-même analyser ce qui lui est arrivé et quelles conclusions il va en tirer ».

En d’autres termes, il s’agit d’une « possible renonciation », c’est-à-dire de sa démission. François avait assez clairement exclu une telle éventualité dans plusieurs des nombreuses interviews qu’il a accordées il y a seulement trois semaines à l’occasion de ses dix ans de règne.

Ses signaux sont toutefois contradictoires, comme beaucoup de choses dans le pontificat de François. D’une part, il a souligné plus clairement que jamais autour du 13 mars qu’un pape est élu « à vie », d’autre part, il a laissé entendre qu’il pourrait se retirer pour de graves raisons de santé ou s’il devait se rendre compte qu’il perdait de sa lucidité. François veut, sur ce point également, garder toutes les options ouvertes, une caractéristique essentielle de son pontificat.

S’il devait démissionner, François a déclaré qu’il ne resterait pas au Vatican, mais qu’il ne retournerait pas non plus en Argentine. Il est certain qu’il ne portera plus « l’habit blanc ». Il se pourrait qu’il se retire dans une paroisse romaine ou dans la basilique du Latran.

La peur du « règlement de comptes

Le rédacteur en chef du Corriere della Sera [Massimo Franco] voit cependant à l’œuvre « une excitation fébrile et quelque peu échevelée » que « les amis et les adversaires » de François laissent entrevoir depuis mercredi.

Les amis du pape seraient poussés par la crainte qu’il ne s’agisse pas seulement d’une renonciation de François à la fonction , mais aussi d’un « règlement de comptes » au sein de « l’Eglise profondément divisée » par son pontificat.

Les adversaires de François, quant à eux, espèrent qu’un conclave pourrait avoir lieu plus tôt que d’autres ne le souhaiteraient.

Les deux parties semblent en revanche s’accorder sur le fait que le prochain conclave devrait être « l’un des plus difficiles et des plus conflictuels de ces dernières décennies ».

Massimo Franco flatte François lorsqu’il souligne que le pape argentin « souffre » du conflit et de la division interne de l’Eglise, « qui n’a pas été guérie au cours de la décennie de François ». On verse ici des larmes de crocodile, car François a contribué avec insistance à attiser et à approfondir ces divisions.

Le fait est que les préparatifs d’un conclave sont de plus en plus « intenses ». Certains, selon Franco, voient un étrange paradoxe : le pontificat de François aurait été accompagné pendant dix ans par l’ombre de Benoît XVI. Ce n’est qu’à la mort de ce dernier qu’il est « revenu à la normale », mais c’est justement maintenant qu’il pourrait déjà se terminer, « comme si François et Benoît étaient des papes aux parcours difficilement séparables ».

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