cette fois au sens large du terme: Nico Spuntoni dresse un bref historique des séjours de Jean Paul II à Gemelli. Quant à la « communication du Vatican » sévèrement mise en cause pour ses informations contradictoires qui ont pu passer pour des mensonges, le seul responsable est François lui-même (un patient difficile, ce qui ne surprendra pas ceux qui connaissent son caractère irascible, quelle différence avec la douceur de Benoît XVI!), qui a tenu la cellule ad hoc à l’écart de ses problèmes de santé. Il ne faudrait pas qu’ils jouent les lampistes, ils n’étaient au courant de rien, comme pour tout le reste, le pape ne s’en remet qu’à lui-même, il « communique » directement. Un détail, son « médecin »… n’est pas médecin, c’est un infirmier (les médecins, eux, apprécieront; et l’on voit à quel point François fait personnellement confiance à la science, pourtant réputée infaillible durant la pandémie… à quand un sophrologue ou un sorcier?).

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LA SANTÉ DE FRANÇOIS

Le pape « va mieux ». Mais le nœud de la communication demeure

Nico Spuntoni
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Le Bureau de presse du Saint-Siège a annoncé hier que le tableau clinique de François « s’améliore progressivement ». Il s’agirait d’une « bronchite d’origine infectieuse ». Les fidèles sont en prière. Mais le manque de clarté dans la gestion de la communication vaticane a donné lieu à une avalanche de rumeurs.

La Polyclinique Gemelli n’est pas un hôpital comme les autres. On peut déjà le comprendre en observant la place de l’entrée principale dominée par la statue de marbre dédiée au plus illustre des patients et inaugurée en 2009.

Au-dessus, la fenêtre à laquelle saint Jean-Paul II, est apparu vingt-et-une fois pour réciter l’Angélus depuis ce qu’il appelait avec bonhomie Vatican 3. C’est là que, jeune pape sportif, il s’était rendu le lendemain de son élection pour rendre visite à son ami l’évêque Andrzej Maria Deskur. Nous sommes le 17 octobre 1978 et 24 heures à peine se sont écoulées depuis le Habemus Papam sur la place Saint-Pierre. Cette halte inhabituelle était en quelque sorte prophétique, car elle anticipait le lien spécial qui devait unir Wojtyła et l’hôpital fondé par le père Agostino Gemelli, jusqu’aux dernières apparitions publiques. Près de vingt ans se sont écoulés jusqu’à la bénédiction sans voix du pape polonais aux fidèles rassemblés sur le parvis de la polyclinique, suivie de la semaine de la passion coïncidant avec la semaine sainte de 2005, qui s’est achevée par sa mort.

Nous sommes dans la cinquième semaine de Carême et l’appartement du dixième étage a un nouveau locataire depuis mercredi après-midi : il s’agit de François, qui y a été transporté en ambulance depuis sa résidence au Vatican, Sainte Marthe. Le feu vert pour son admission a été donné par son assistant personnel, l’infirmier Massimiliano Strappetti, qui l’avait déjà convaincu de se faire opérer du côlon il y a deux ans, en été, et lui avait ainsi sauvé la vie, comme l’a reconnu le pape lui-même dans une interview accordée à la radio espagnole Radio Cobe.

Dans la communication du Saint-Siège, la maladie de François a dû évoquer de mauvais souvenirs du 4 juillet 2021, quand on avait tenté d’apaiser les inquiétudes sur l’aggravation soudaine de l’état de santé du pape par une note mentionnant une « intervention chirurgicale prévue », que le souverain pontife lui-même n’avait pas mentionnée dans l’Angélus récité quelques heures plus tôt.

La santé des papes a toujours été un sujet brûlant, car elle attire l’attention des médias comme peu d’autres et suscite l’intérêt de la population. Cette situation s’est amplifiée au cours du pontificat de François, d’une part en raison de l’entrée sans précédent dans le débat sur la papauté de la nouveauté de la « démission » et d’autre part en raison u malaise de pas mal de mécontents au sein de l’Église. A cela s’ajoute le fait que Bergoglio ne semble pas être un patient facile, comme l’a révélé le journaliste et médecin argentin Nelson Castro, qui a écrit un essai sur le sujet après l’avoir rencontré et qui n’a pas caché que son compatriote est une « tête dure » lorsqu’il s’agit de ses problèmes physiques.

Cette fois encore, on ne peut pas dire qu’il y ait eu beaucoup de clarté sur l’état de santé du Pape, même si un deuxième bulletin publié mercredi soir a tenté de mettre un bémol à la première communication dans laquelle le Bureau de presse du Saint-Siège s’est limité à parler de « quelques vérifications déjà programmées ». Plus les heures passaient, plus il paraissait improbable à tout le monde que l’hospitalisation de Bergoglio soit due à des contrôles préalablement programmés. Sur le traitement de la nouvelle, Dagospia [site dit de « ragots » mais hyper bien informé et que tout le monde qui compte consulte] a rapporté une rumeur selon laquelle les principaux responsables de la communication du Saint-Siège avaient été « tenus à l’écart par le problème de santé de Bergoglio » et « s’efforçaient de contrôler le flux de nouvelles provenant d’au-delà du Tibre ». Le site fondé par Roberto D’Agostino a été accusé d’improvisation pour les deux premiers communiqués de presse publiés qui, selon ces rumeurs, auraient même embarrassé la Secrétairerie d’État. Que ce soit le cas ou non, le peu de nouvelles fournies a fait que, dès mercredi après-midi, de nombreuses théories ont circulé sur les raisons de l’admission de l’illustre patient : de la pneumonie à la bronchite, des problèmes cardiaques génériques à l’hypothèse d’un infarctus.

Il a cependant été dit que la maladie aurait surpris le Pape alors qu’il se trouvait à Sainte Marthe, de retour de l’audience générale. D’après les images du rendez-vous de mercredi matin sur la place Saint-Pierre, au-delà de quelques expressions de douleur dues aux difficultés connues de la marche, on ne voit pas un pape souffrant. Au contraire, on a la confirmation que, quelques heures après le trajet en ambulance, François ne s’est pas ménagé avec la foule puis avec les évêques qui l’ont salué à la fin de l’audience.

Hier, entre-temps, on a beaucoup insisté sur la nouvelle, confirmée par les personnes directement concernées, selon laquelle les célébrations de la Semaine Sainte reviendraient au cardinal doyen Giovanni Battista Re (messe de Pâques) et au sous-doyen Leonardo Sandri (dimanche des Rameaux). Ces responsabilités n’ont cependant aucun lien avec la maladie du Pape car, comme l’a confirmé le Préfet émérite du Dicastère pour les Eglises Orientales lui-même, elles ont été programmées avant le mercredi 29 mars. Il est déjà arrivé que François ne se rende pas à l’autel pour célébrer les solennités et qu’il se contente de présider la cérémonie en prononçant l’homélie.

Mais comment va vraiment le Pape ? Les notes officielles nous apprennent qu’il souffre d’une infection respiratoire, dont il a seulement été rapporté qu’elle n’est pas de type Covid-19. On parle d’un séjour de quelques jours à l’hôpital universitaire et hier, en fin de matinée, un communiqué de Matteo Bruni annonçait que François avait bien passé la nuit avec un tableau clinique « en amélioration progressive ». Dans la soirée, le nouveau bulletin a donné plus de détails, indiquant que le pape souffrait d’une « bronchite infectieuse » et annonçant la possibilité d’une sortie de l’hôpital dans les plus brefs délais. Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a également fait savoir que le pape « a lu quelques journaux et s’est remis au travail » avant de se rendre à la chapelle pour prier et communier.

Peut-être pour atténuer l’alarmisme que la soudaineté de son hospitalisation aurait pu provoquer dans l’opinion publique, la communication officielle a choisi de véhiculer l’idée d’un Pape actif, qui même depuis son lit d’hôpital au dixième étage pense au travail. En attendant, les fidèles prient pour leur Pape, comme il aime à le demander à la fin de l’Angélus et des audiences.

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