Le blog italien Silere non possum analyse la prestation de François sur Disney+ selon une perspective inédite (citant une catéchèse de Benoît XVI sur le munus docendi, le devoir d’enseigner, qui revient au prêtre donc en premier au Pape). Plutôt que de s’intéresser aux choix éditoriaux douteux de François, il examine le contenu, ou plutôt l’absence de contenu: François n’apporte jamais de réponse aux questions, il se contente de dérouler les quelques « éléments de langage » que lui ont suggéré ses communicants. Comme par exemple: « ceux qui procurent l’avortement sont des ‘tueurs à gage’ « ; une formule-choc, abondamment reprise par la presse, répétée ad nauseam, mais ensuite, il est incapable d’élaborer « un discours complexe permettant aux interlocuteurs d’évaluer quel droit l’emporte sur l’autre en cas de conflit » [voir « Ecole Ratzinger »: Les « plaies » de l’avortement et du divorce]

LE PAPE FRANÇOIS SUR DISNEY PLUS. LES ASPECTS CRITIQUES DE CE CHOIX MÉDIATIQUE


Silere non possum
16 avril 2023

Aujourd’hui, en pleine urgence éducative, le munus docendi de l’Eglise, exercé de façon concrète à travers le ministère de chaque prêtre, apparaît particulièrement important.

Nous vivons dans une grande confusion en ce qui concerne les choix fondamentaux de notre vie et les interrogations sur ce qu’est le monde, d’où il vient, où nous allons, ce que nous devons faire pour accomplir le bien, la façon dont nous devons vivre, quelles sont les valeurs réellement pertinentes. En relation à tout cela, il existe de nombreuses philosophies opposées, qui naissent et qui disparaissent, créant une confusion en ce qui concerne les décisions fondamentales, comme vivre, car nous ne savons plus, communément, par quoi et pour quoi nous avons été faits et où nous allons.

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https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100414.html

Voilà ce que disait Benoît XVI aux fidèles réunis Place Saint-Pierre le 14 avril 2010

Cette audience générale nous est revenue à l’esprit en regardant le documentaire que le pape François a enregistré avec des jeunes et qui est maintenant disponible sur Disney+.

Désorientation

Laissant de côté les « choix éditoriaux » à l’origine de ces moments, il faut comprendre que, malheureusement, les interventions du pape sont de plus en plus fréquentes et que ses propos risquent de créer beaucoup de confusion.

Lors de la même audience générale, Benoît XVI disait encore:

Telle est la fonction in persona Christi du prêtre:  rendre présente, dans la confusion et la désorientation de notre époque, la lumière de la parole de Dieu, la lumière qui est le Christ lui-même dans notre monde.

Le prêtre n’enseigne donc pas ses propres idées, une philosophie qu’il a lui-même inventée, qu’il a trouvée ou qui lui plaît; le prêtre ne parle pas de lui, il ne parle pas pour lui, pour se créer éventuellement des admirateurs ou son propre parti; il ne dit pas des choses qui viennent de lui, ses inventions, mais, dans la confusion de toutes les philosophies, le prêtre enseigne au nom du Christ présent, il propose la vérité qui est le Christ lui-même, sa parole, sa façon de vivre et d’aller de l’avant.

Pour le prêtre vaut ce que le Christ a dit de lui-même:  « Mon enseignement n’est pas le mien » (Jn 7, 16); c’est-à-dire que le Christ ne se propose pas lui-même, mais, en tant que Fils, il est la voix, la parole du Père.

Le prêtre doit lui aussi toujours parler et agir ainsi:  « Ma doctrine n’est pas la mienne, je ne diffuse pas mes idées ou ce qui me plaît, mais je suis la bouche et le cœur du Christ et je rends présente cette doctrine unique et commune, qui a créé l’Eglise universelle et qui crée la vie éternelle « 

Pourtant, depuis quelques années, le peuple saint de Dieu, comme François aime à l’appeler, manifeste une véritable soif de cette fonction du Pontife lui-même. Les discours du Pape sont de plus en plus politiquement corrects, avec le but de ne déranger personne, mais sans apporter de réponses.

Si l’on regarde ce documentaire, on s’en aperçoit tout de suite. Sur la question de l’avortement, François est bien sûr ferme sur ses propres positions, mais il prononce les quatre phrases habituelles qui lui ont été suggérées par un membre du « cercle magique » [les fameux « éléments de langage » des communicants!]. Il parle de tueur à gage et insiste sur le fait que l’enfant est déjà une vie dès sa conception. D’accord, mais dès qu’une jeune fille dit : « Oui, mais j’ai le droit d’avorter parce que mon corps m’appartient », le pape ne répond pas. Il n’y a pas de capacité à tenir un discours complexe qui explique à cette jeune fille qu’il faut évaluer quel droit l’emporte sur l’autre en cas de conflit.

Il est loin le temps où Benoît XVI, lors des JMJ diocésaines de 2006, répondait clairement aux jeunes qui l’interrogeaient sur les sujets qui lui tenaient à cœur.

L’amour du cliché

Les moments où le pape a injustement jeté de la boue sur l’Église et le Vatican n’ont pas manqué. François a même déclaré : « Ils volent tous ici », en parlant de l’État de la Cité du Vatican.

Ces déclarations sont graves car elles visent à obtenir les applaudissements du peuple au détriment de l’Église elle-même. Bien sûr, il y a eu des épisodes et des événements où quelqu’un a profité et volé, mais cela arrive partout. On intervient, on punit, mais on continue à travailler. Généraliser de la sorte est néfaste, nous en avons vu les résultats au cours des dix dernières années.

Quand Alessandro Diddi a donné à la presse de fausses informations sur l’immeuble de Londres, le Saint-Siège a subi un énorme préjudice. Le promoteur de justice a affirmé que la Secrétairerie d’État avait utilisé l’argent de l’obole de Saint-Pierre pour des intérêts personnels. Cela a provoqué un énorme scandale et les personnes de bonne volonté ont cessé de faire des dons.

Et pourtant, l’objectif de François semble être de créer la confusion, la division et le scandale. Ce qu’il recherche semble être de plus en plus l’acclamation du peuple. Beaucoup de questions, mais peu de réponses, voilà le problème de ce pontificat.

Et si certains ont dit de ce documentaire qu’il était une démonstration de ce qu’est le Synode… il est assez clair que ce qu’est le Synode n’est en fait pas clair du tout. Si les gens viennent dans nos églises pour poser des questions, ils le font parce qu’ils veulent des réponses.

Dans le documentaire, la discussion sur un sujet se termine toujours parce qu’il y en a un qui en a assez de défendre sa thèse. La jeune femme rentrera chez elle convaincue qu’elle est maîtresse de son corps, le pape rentrera chez lui convaincu que le médecin qui pratique l’avortement est un tueur à gages.

Mais le pape a une autre tâche, qui est précisément celle à laquelle Benoît XVI a fait référence lors de l’audience générale :

Le Seigneur, animé par la compassion, a interprété la parole de Dieu, il est lui-même la parole de Dieu, et il a ainsi donné une orientation

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