Deuxième volet de la série d’hommages publiés sur le site « The catholic Thing » après la mort de Benoît XVI. Celui-ci s’intitule « Le Mozart de la théologie », mais il dépasse les sentiers déjà mille fois parcourus que son titre laisse supposer. Son auteur, David G. Bonagura est professeur au St. Joseph’s Seminary de New-Yorl
Le Mozart de la théologie
David G. Bonagura
The Catholic Thing
2 janvier 2023
Beaucoup vouraient déclarer Joseph Ratzinger/Benoît XVI « docteur de l’Église », c’est-à-dire un saint maître qui a apporté une contribution unique à notre compréhension de Dieu. Ratzinger a ouvert de nouvelles voies dans les domaines de la révélation, de la foi, de la christologie et de la liturgie, et les a toutes unies par un seul fil conducteur : le Dieu qui se révèle est le Verbe, le Logos, qui fait sa demeure parmi nous afin que nous puissions avoir la vie en lui et que nous puissions l’adorer en esprit et en vérité. Ratzinger peut être appelé à juste titre, dans un mélange de latin et de grec, le « Doctor Logou » – « Le Docteur du Logos ».
La théologie de Ratzinger ne se résume pas à des réflexions profondes pour spécialistes en la matière. Elle était stimulante pour l’âme. Pendant plusieurs décennies, ce pieux professeur a inspiré d’innombrables croyants et convertis en s’attaquant directement aux défis posés par la modernité à la foi, à la culture et à l’Église. Comme un médecin compétent, il a posé des diagnostics incisifs et proposé des remèdes efficaces. Ratzinger est un docteur de l’Église parce qu’il a été un médecin pour l’Église qui boitait après son effondrement post-Vatican II. Il a apporté la guérison et l’espoir aux fidèles qui avaient désespérément besoin d’un médecin héroïque et lucide, non seulement pour les guérir, mais aussi pour les guider.
Avec une franchise absolue sur les difficultés de l’Église, Ratzinger a redonné vie aux fidèles assiégés par une Église apparemment en train de s’effondrer. Dès 1981, il publie un recueil d’essais, La fête de la foi, qui critique certains aspects du Missel de Paul VI, lequel « a été publié comme s’il s’agissait d’un livre élaboré par des professeurs, et non d’une phase d’un processus de croissance continue ». En 1985, ses franches critiques de la mise en œuvre de Vatican II ont été publiées dans le Rapport Ratzinger. Ces critiques sont le fruit d’un amour profond de l’Église et de l’espoir qu’elle puisse encore récolter de bons fruits du Concile.
Ce qui rendait Ratzinger si unique, c’était sa capacité à pénétrer profondément dans les problèmes de la modernité et à présenter Dieu de manière convaincante comme la réponse à nos maux actuels. Sa première incursion dans ce domaine fut l’Introduction au christianisme, ouvrage novateur publié en 1968, dans lequel il affirmait que « la foi chrétienne vit de la découverte que non seulement il existe un sens objectif, mais que ce sens me connaît et m’aime, et que je peux m’en remettre à lui ».
Par la suite, les discours et les essais de Ratzinger ont continué dans cette veine et ont été publiés sous des titres tels que Vérité et tolérance, Le christianisme et la crise des cultures, Sans racines et Dialectique de la sécularisation. Dans ces ouvrages, Ratzinger a montré comment le dialogue post-Vatican II était censé fonctionner : « Nous devons nous engager à promouvoir l’évangélisation des cultures, conscients que le Christ lui-même est la vérité pour chaque homme et chaque femme, et pour toute l’histoire de l’humanité. Dans sa célèbre homélie pré-conclave de 2005, Ratzinger a synthétisé ce travail d’une manière digne de son surnom de « Mozart de la théologie ».
Pour Ratzinger, cette foi « adulte » trouve sa pleine expression dans la liturgie. Dans son opus magnum, L’esprit de la liturgie, il explique comment le logike latreia – « le culte divin selon le logos » – s’exprime dans le sacrifice eucharistique, qui est le « moyen d’entrer dans l’ouverture d’une glorification de Dieu qui embrasse à la fois le ciel et la terre ».
Tout au long de l’histoire du salut, Dieu a suscité des prophètes, des maîtres et des saints pour guider son peuple à travers les crises d’un moment donné. Joseph Ratzinger/Benoît XVI a été tout cela pour une Église blessée qui cherchait une direction au milieu des assauts des idéologies anti-Dieu des XXe et XXIe siècles. Le docteur Ratzinger a guéri en offrant la médecine de la vérité divine à une époque emprisonnée par son déni de la vérité. Qu’il reçoive la récompense de l’ouvrier fidèle dans la vigne du Seigneur.
Mots Clés : Mort de Benoît