Voici le commentaire de Nico Spuntoni, pour Il Giornale. Il ne nous apprend rien de nouveau, mais souligne une évidence aveuglante bien résumée dans le titre, qui révèle mieux que tout le caractère mesquin et rancunier du pape, incapable d’aller outre ses antipathies personnelles au nom d’un intérêt supérieur, qui est l’unité, et la continuité, portant tellement vantées. Sans parler de l’insulte à la mémoire de Benoît XVI: sauf à être aveugle ou d’une mauvaise foi absolue, on peut aujourd’hui légitimement s’interroger sur la sincérité de son « amitié » et même soupçonner une antipathie tenace – pour rester dans le registre de la litote…

Benoît XVI a dit un jour à un cardinal que les petites humiliations sont bonnes. Celle que François s’apprête à réserver à Gänswein, en revanche, ressemble à une grande humiliation : lui fera-t-elle aussi du bien ?

François vire le secrétaire de Ratzinger : voilà où il va aller à présent

Nico Spuntoni
www.ilgiornale.it
4 juin 2023

Un peu plus de six mois après la mort de Benoît XVI, l’avenir de l’homme qui lui était le plus proche semble décidé. Et ce ne sera pas à Rome, encore moins au Vatican. Mgr Georg Gänswein a déjà son billet prêt, et ce sera un aller simple. Mais il ne s’agira pas d’un vol intercontinental comme on l’avait d’abord cru après la propagation de la rumeur de son transfert au Costa Rica en tant que nonce apostolique. Une destination qui ne lui a jamais été communiquée.

Après la mort de Benoît XVI

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Dans les mois qui ont suivi la mort de Benoît XVI et la sortie du livre « Nient’altro che la verità », qui retrace les relations difficiles avec François, l’archevêque allemand s’est occupé des aspects bureaucratiques de la mort de Ratzinger dans son rôle d’exécuteur testamentaire. Gänswein et le reste de la famille papale ont dû quitter le monastère Mater Ecclesiae où ils avaient vécu ces dernières années aux côtés de Benoît XVI après son retrait. Même pendant ces semaines, le secrétaire particulier du pape allemand a continué à vivre dans le petit État, mais dans l’appartement qui lui avait été attribué dans l’ancienne Casa Santa Marta où une partie de la famille papale de Ratzinger avait emménagé avec lui.

Toujours souriant et apprécié du personnel, Gänswein attendait de connaître l’issue de la période de réflexion annoncée par le pape pour décider de son nouveau poste après avoir été « réduit de moitié » dans le rôle de préfet de la Maison pontificale à partir de 2020.

Retour à la maison

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D’après ce que IlGiornale.it a pu apprendre, il semblerait que l’ancien secrétaire de Benoît XVI ait eu connaissance depuis un certain temps de la possibilité d’une affectation en tant que nonce apostolique en Europe. Lors de la dernière audience que lui a accordée François à la mi-mai, le scénario était donné comme probable : le Huffington Post avait d’abord prédit qu’il serait envoyé au Liechtenstein, où l’archevêque Martin Krebs, nonce apostolique en Suisse, avait présenté ses lettres de créance à la Principauté il y a seulement deux ans. Mais ces dernières heures, l’arrivée de Gänswein à Vaduz s’est évanouie.

Alors que son retour dans son archidiocèse d’origine, celui de Fribourg, est devenu concret. L’anticipation avait été donnée il y a environ un mois par le quotidien argentin La Nación [dont l’envoyée spéciale à Rome n’est autre qu’Elisabetta Piqué, amie intime de Bergoglio, auteur d’une biographie hagiographique El Papa Francisco: Vida y revolución en 2014, ndt], puis relancée plus en détail par le quotidien allemand Die Welt.

Détail non négligeable : l’actuel préfet de la maison pontificale aurait été prié de rentrer chez lui, mais pas pour diriger l’archevêché. Ici, en effet, l’archevêque est déjà là et il s’agit de Mgr Stephan Burger, 61 ans, loin de la retraite et dont le profil n’est en tout cas pas hostile aux conservateurs.

Les rumeurs qui circulent dans les médias trouvent une confirmation dans les sources consultées par IlGiornale.it : à 66 ans seulement et après un rôle de préfet de la maison pontificale traditionnellement cardinalice, Gänswein retournera dans l’archidiocèse de Fribourg sans toutefois le diriger pastoralement. De ce fait, sa présence à la mi-mai dans son pays d’origine, avec une rencontre publique à Wiesbaden, est facilement interprétable comme une préparation à ce déménagement imminent. Celui-ci pourrait avoir lieu en même temps que la prise en charge du rôle de professeur de droit canonique à l’université. L’archevêque allemand a étudié dans sa jeunesse à l’université Albert-Ludwigs et a toujours affirmé avec fierté : « Je suis et resterai un prêtre de l’archidiocèse de Fribourg », n’épargnant pas les cercles universitaires du catholicisme progressiste de la ville.

Le départ du Vatican de l’homme-symbole du pontificat Ratzinger marque la fin de cette saison, qui entre-temps a également perdu des représentants au sein du Sacré Collège avec le décès à l’âge de 80 ans d’une série de cardinaux créés en tant que tels avant 2013. Et François, qui depuis son élection, à l’exception de 2013 et 2021, a toujours annoncé un consistoire par an, n’a toujours pas créé de nouveaux cardinaux en 2023.

Benoît XVI a dit un jour à un cardinal que les petites humiliations sont bonnes. Celle que François s’apprête à réserver à Gänswein, en revanche, ressemble à une grande humiliation : lui fera-t-elle aussi du bien ?

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