Depuis le début de ce pontificat, on se demandait quand cela allait arriver, et certains journalistes audacieux faisaient même des titres sur le pape « démolisseur », mais on ne voulait pas encore y croire, mettant cela sur le compte de la recherche d’un scoop, voire des délires complotistes de méchants conservateurs.
Là nous y sommes. Au moment où le physique du Pape le lâche et où la perspective du conclave semble une réalité chaque jour plus concrète, le synode qu’il a voulu risque de constituer l’estocade finale. L’Instrumentum Laboris du prochain « synode sur la synodalité » qui vient d’être publié envisage une série de bouleversements reposant (si l’on peut dire!) sur « l’inversion totale de la hiérarchie habituelle de la prise de décision ecclésiale au profit des laïcs » (Le Figaro). Cela inclut l’ordination d’hommes mariés, le diaconat féminin (en attendant plus), l’accueil de TOUS, y compris les LGBT, la mise sous tutelle des évêques par les laïcs. J’en passe.
Maintenant, savoir si ces mesures qu’il n’est pas excessif de qualifier de révolutionnaires vont être, ou pouvoir être, appliquées, c’est une autre histoire. Les prêtres et les évêques vont peut-être enfin réagir, peut-être même se révolter. Même dans ce cas, François sera malgré tout parvenu à ses fins, annoncées depuis le début: initier des processus irréversibles. Bref, « fare casino »
Reste l’autre question: le Pape sera-t-il à même de mener lui-même ce projet à son terme?

Illustration d’un article de Damian Thompson à propos d’Amoris laetitia
The Spectator, 16 avril 2016

Il Sismografo publie in extenso l’article de Jean-Marie Guénois.

(…)

Pour François, il s’agit de profiter des effets dévastateurs de la crise des abus sexuels d’une minorité de prêtres, pour déconstruire la hiérarchie du pouvoir dans l’Église en partant, non plus du sommet, mais du «peuple de Dieu». À savoir, les laïcs de base qui ont des «droits» en vertu de leur «dignité de baptisés», pour lutter contre le «cléricalisme» en vue de renouveler l’Évangélisation.

À côté de cette inversion totale de la pyramide hiérarchique de «l’Église catholique» – citée seulement dix fois – qui veut devenir une «Église synodale» – ce nom apparaît cent dix fois dans le texte -, les requêtes de fond ne sont pas une surprise. Elles recoupent tous les accents du pontificat du pape François.

Première place est donnée aux «pauvres» : «dans une Église synodale, les pauvres, au sens de ceux qui vivent dans la pauvreté et l’exclusion sociale, occupent une place centrale».

Puis vient «le soin de la maison commune», la terre, qui subit le «changement climatique».

Apparaissent ensuite les «migrants» avec qui «les fidèles catholiques» doivent «cheminer». Des catholiques qui doivent travailler à la «promotion des pauvres» en «prêtant voix à leurs causes» pour «dénoncer les situations d’injustice et de discrimination sans complicité avec ceux qui en sont responsables».

De même, les paroisses doivent «vraiment accueillir tout le monde». Dont «les personnes divorcées et remariées, les personnes polygames ou les personnes LGBTQ+», des situations mises sur le même plan dans le document du Vatican. Place doit être également donnée aux «victimes» qui ont été «blessées par des membres de l’Église».

L’autre grand chapitre ouvert par ce synode est celui des ministères ordonnés, diacres, prêtres, évêques, dont les «ministères» doivent «s’élargir» aux «ministères ecclésiaux» confiés aux baptisés mais «sans les mettre en opposition» avec les clercs, demande le texte.

Il s’agit d’entrer dans «une conception ministérielle de toute l’Église». Dans ce sens, l’«Instrumentum Laboris» exprime «un appel clair à dépasser une vision qui réserve aux seuls ministres ordonnés (évêques, prêtres, diacres) toute fonction active dans l’Église, réduisant la participation des baptisés à une collaboration subordonnée». Il importe «d’imaginer de nouveaux ministères au service d’une Église synodale».

Une large place est alors donnée «au statut et au rôle des femmes» pour remédier aux «échecs relationnels» entre les «ministres ordonnés» et les femmes qui vivent «des formes de discrimination et d’exclusion». L’enjeu est ainsi défini : «la présence des femmes à des postes de responsabilité et de gouvernance» devient «des éléments cruciaux» pour une Église «de style plus synodale». Par conséquent, «la question de l’accès des femmes au diaconat» doit être «réexaminée» mais pas au titre d’une «revendication catégorielle».

Les prêtres et les évêques, en revanche, sont plutôt mis sur le banc des accusés par le document du Vatican. On y «apprécie» le «don du sacerdoce ministériel» mais apparaît un «profond désir de le renouveler dans une perspective synodale». Les prêtres, qui ont pourtant donné leur vie, seraient «éloignés de la vie et des besoins du peuple, souvent confinés à la seule sphère liturgico-sacramentelle».

Une remise en cause radicale des évêques

Un défi car la consultation mondiale a mis en évidence «la difficulté d’impliquer une partie des prêtres dans le processus synodal». De fait, beaucoup ont refusé d’y participer. Conclusion : « le cléricalisme est une force qui isole, sépare et affaiblit une Église saine et entièrement ministérielle» et il «empêche la pleine expression de la vocation des ministères ordonnés dans l’Église». Il faudrait donc, dès le séminaire, préparer les futurs prêtres «à un style d’autorité propre à une Église Synodale». Enfin, la question est ouvertement posée par le texte du Vatican, il serait opportun «de revoir (…) la discipline sur l’accès au presbytérat d’hommes mariés».

La remise en cause des évêques est encore plus radicale. On leur demande de «ne pas considérer la participation de tous comme une menace pour leur ministère de gouvernement». Mais il faut «repenser les processus de décision» par «une plus grande transparence» avec un «exercice moins exclusif du rôle des évêques». Sans tomber pour autant dans «les mécanismes de la démocratie politique». La voie épiscopale doit naviguer entre «anarchie» où règnent «la diversité des charismes sans autorité» et la «dictature» où domine «la rigueur de l’autorité sans la richesse des charismes».
Des évêques qui n’ont qu’à bien se tenir car le synode pourrait demander de définir des «critères» pour leur «évaluation et auto-évaluation». Le synode voudrait aussi discuter jusqu’au «fondement» de l’autorité épiscopale quand l’évêque refuserait de suivre «l’avis réfléchi» des «organes consultatifs» qui devraient toujours primer. Comment, se demande le document, un évêque peut-il «discerner séparément des autres membres du peuple de Dieu», les laïcs ? Il doit au contraire viser «l’optique de la transparence et de la redevabilité (capacité à rendre des comptes)». Et il faut «réviser le profil de l’évêque» et revoir «le processus de discernement pour identifier les candidats à l’épiscopat».

Dernier axe de ce désir synodal de réforme, inscrire celle-ci en profondeur dans le droit de l’Église, le droit canonique. En effet, toute cette démarche repose sur ce postulat rédigé comme tel par le Vatican : «Une Église constitutivement synodale est appelée à articuler le droit de tous à participer à la vie et à la mission de l’Église en vertu de leur baptême avec le service de l’autorité et l’exercice de la responsabilité».

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(Le Figaro)

Le reste est à lire ici: https://ilsismografo.blogspot.com/2023/06/vaticano-ordination-dhommes-maries.html

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