Cet article publié sur le portail « ultra »-progressiste espagnol Religion Digital et dûment repris par Il Sismografo, sous la plume d’un jésuite, montre comment les travaux préparatoires du Synode (et donc le Synode lui-même) sont cornaqués en coulisses par des instances qui ont peu à voir avec le peuple de Dieu pourtant si invoqué, mais qui ont surtout derrière la tête un agenda très clair, la liquidation de l’œuvre de Benoît XVI. Et apparemment, compte tenu de la santé du pape, le temps presse!

Ouvrons ces deux foutoirs que sont le droit canonique (de 83) ou le catéchisme (de 94), pour en retirer plein de choses inutilisables et faire de la place pour en mettre et en ajouter d’autres qui sont nécessaires pour assurer la continuité du cheminement synodal

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La révision de ces deux textes est un sujet incontournable pour la réalisation de la synodalité ecclésiale.

Juan Masiá SJ: « La révision du Code et du Catéchisme est une question incontournable pour atteindre la synodalité ecclésiale ».

Juan Masiá SJ
www.religiondigital.org

Il est intéressant de voir ce que dit le document de travail sur l’intégration ecclésiale des personnes discriminées. Il est également intéressant de voir si le document de travail suggère quelque chose au sujet de la réforme des structures canoniques.

Réunis au Centre diocésain international de Tokyo avec un groupe de laïcs, hommes et femmes (de l’équipe pastorale latino-américaine pour les migrations) qui ont lu ensemble le document de travail synodal, nous avons examiné les deux fiches de travail suivantes :

Dans la fiche B1.2, nous lisons:

Les documents finaux des assemblées continentales mentionnent souvent ceux qui ne se sentent pas acceptés dans l’Église, comme les divorcés remariés, les personnes polygames [!!! là, j’hallucine!] ou les personnes LGBTQ.

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https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2023/06/20/0456/01015.html#fr

Et dans la fiche B 3.3:

Sans minimiser l’importance du renouvellement des relations au sein du Peuple de Dieu, l’intervention dans les structures est indispensable pour consolider les changements dans le temps…. Pour ne pas rester sur le papier ou être confiée à la seule bonne volonté des individus, la coresponsabilité dans la mission dérivée du baptême doit être concrétisée dans des formes structurées. Des cadres institutionnels appropriés sont donc nécessaires, ainsi que des espaces dans lesquels le discernement communautaire peut être pratiqué régulièrement. Un chemin de conversion et de réforme, à l’écoute de la voix de l’Esprit, requiert des structures et des institutions capables de l’accompagner et de le soutenir.

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ibid

En outre, il semble opportun d’intervenir également dans le droit canonique, en rééquilibrant le rapport entre le principe d’autorité, fortement affirmé dans la législation actuelle, et le principe de participation ; en renforçant l’orientation synodale des organismes existants ; en créant de nouveaux organismes là où cela semble nécessaire pour les besoins de la vie communautaire ; en contrôlant l’application effective de la législation.

Supposons qu’un groupe de participants au Synode prenne à son compte le premier texte cité (B 1.2) et fasse une proposition pour que le Synode fasse sienne cette recommandation dans ses conclusions finales que le Pape reprendrait et proclamerait.

Une telle recommandation n’est pas assurée d’être appliquée et mise en pratique si la proposition de B 3.3 n’est pas également prise en compte, c’est-à-dire sans un examen de l’évolution de la doctrine et de son expression canonique. Concrètement, il ne servirait à rien que le Synode et le Pape lui-même disent : A partir d’aujourd’hui, bénissons ces liens et ces résultats, si ce changement n’est pas précédé par des changements au niveau de l’évolution doctrinale, disciplinaire et canonique. Il n’est pas possible de faire un discernement responsable sur l’item B 1. 2 sans prendre en compte le changement de paradigme qu’exige B 3.3

Cette deuxième fiche poursuivait à juste titre :

Une Église synodale doit vivre la coresponsabilité et la transparence: comment cette prise de conscience peut-elle servir de base à la réforme des institutions, des structures et des procédures, afin de consolider le changement dans le temps ?

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1) Comment modifier les structures canoniques et les procédures pastorales pour favoriser la coresponsabilité et la transparence ? Les structures dont nous disposons sont-elles suffisantes pour garantir la participation ou faut-il en créer de nouvelles ?
2) Comment le droit canonique peut-il contribuer au renouvellement des structures et des institutions ? Quels changements semblent nécessaires ou opportuns ?

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ibid

Et si je peux me permettre une expression vulgaire, j’ajouterai avec impatience : « Ouvrons ces deux foutoirs que sont le Droit canonique (celui de ’83) ou le Catéchisme (de ’94), pour en retirer beaucoup de choses inutilisables et faire de la place pour en mettre et en ajouter d’autres qui sont nécessaires pour assurer la continuité du cheminement synodal.

Le Nouveau Code de 83 et le Nouveau Catéchisme (de 94) sont souvent qualifiés de nouveaux “ratzingerianamente” [ndt – je comprends: nouveautés ratzingeriennes, de toute façon, l’allusion est claire] , mais ils ne sont pas si nouveaux, parce que sur de nombreux points ils ne sont pas en accord avec Lumen Gentium et Gaudium et Spes.

La révision de ces deux textes est un sujet incontournable pour la réalisation de la synodalité ecclésiale. Entre les deux synodes sur la famille qui ont précédé Amoris laetitia, le pape François a publié le Motu proprio « Mitis Iudex Dominus Iesus », par lequel il a anticipé le tournant pastoral du droit canonique, que ces synodes n’ont pas encore pu aborder, se limitant à sauver de justesse les décisions de discernement au for interne.

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