A vrai dire, à moins d’être tombé récemment sur la tête, personne parmi les gens dotés d’un minimum de jugeote, n’aurait eu l’idée de faire la comparaison (c’est un peu comme comparer Michel-Ange et Pierre Soulages), et l’article n’aurait pas le moindre intérêt s’il n’était signé d’un bergoglien labélisé AOC, Luis Badilla, le responsable du blog Il Sismografo. C’est assez bien vu, même si je suis personnellement loin de tout valider (Badilla dit au fond que tout se vaut, tout est une question de goût… là, on est en plein relativisme!): nul doute que les petites piques, qui dénotent un vrai malaise dans les milieux progressistes, seront remarquées par qui de droit – à défaut d’être appréciées…

Mgr Fernández, le Ratzinger latino-américain ?

Non. Il faut qu’il étudie encore beaucoup et qu’il change son langage diviseur

La nomination d’un nouveau préfet au Dicastère pour la Doctrine de la Foi, une sorte de « revanche des périphéries, revanche des pauvres ou revanche des ‘progres’ [progressistes] » ? Mais qu’est-ce que c’est que ce langage ?

Rédaction de ‘Il sismografo’
ilsismografo.blogspot.com

Le nouveau Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Mgr Víctor Manuel Fernández, est jeune et a donc, grâce à Dieu, beaucoup de temps devant lui pour étudier si, comme le souhaitent ses amis et certains journalistes, son profil théologique est tel que l’on pourrait parler d’un Ratzinger latino-américain.

Cettev réélaboration forcée a été vu à maintes reprises – cette semaine – dans des interviews données par le prélat et dans des présentations rédigées par divers journalistes qui se copient-collent les uns les autres.

Jusqu’à présent, dans sa carrière universitaire, l’archevêque théologien a privilégié la quantité : il a écrit plus de 300 publications en 61 ans. C’est beaucoup. Aujourd’hui, avec la maturité et les connaissances qu’il a acquises, ainsi que son expérience universitaire, il pourrait aussi privilégier la qualité en s’occupant personnellement, par exemple, de la mise à jour et de la traduction de ses meilleurs textes. Il ne se révèle pas être un théologien très traduit et c’est là un inconvénient considérable auquel il devra remédier rapidement.

Il y a toutefois un passage de ses interviews qui est assez puéril et qui devrait être éliminé parce qu’il est préjudiciable au prélat : c’est celui qui consiste à faire comprendre – tout en rejetant formellement le concept – que lui et sa nomination à la tête du Dicastère sont une sorte de « revanche des périphéries, de revanche des pauvres, de revanche des ‘progressistes’ « .
Le nouveau préfet dit rejeter ces catégories ou ces pseudo-analyses, mais on ne comprend pas pourquoi il les mentionne dans plusieurs interviews.

Il ne semble pas que quiconque ait jamais défini sa nomination pontificale avec ces concepts. Jamais. On peut donc se demander pourquoi le nouveau préfet insiste de manière obsessionnelle sur cette question. Peut-être parce que c’est exactement ce qu’il veut dire tout en niant immédiatement qu’il le pense ?

La chose est simple : le néo-préfet est un prélat apprécié par beaucoup et détesté par beaucoup d’autres. Un point c’est tout. Chacun a ses raisons. Dans l’Eglise, c’est un droit. Sa nomination n’est donc pas une catastrophe. Ce n’est pas le jugement dernier. Pas le déluge ou la fin du monde. Il en va de même pour le pape François ou d’autres préfets, cardinaux, évêques et curés. On aime ou on n’aime pas.

Cela se passe depuis des siècles et se passera dans les siècles futurs, avec tous les pontificats.

Cette petite histoire qui consiste à tout lire avec les catégories de la politique n’est plus convaincante. L’Église, le pape et ses collaborateurs dénoncent à juste titre l’utilisation abusive des catégories politiques pour lire l’Église et sa vie, a fortiori lorsqu’il s’agit de l’Évangile du Christ.

Mais ce sont eux, le Pape et ses collaborateurs, l’entourage médiatique, qui rejettent d’abord tout désaccord ou toute critique en utilisant des catégories politiques, celles qui divisent l’Église entre progressistes et conservateurs.

L’évêque Fernández en est le dernier exemple. Ceux qui le critiquent sont anti-bergogliens, conservateurs, réactionnaires et complotistes. Ceux qui l’applaudissent sont bergogliens, progressistes, réformistes et révolutionnaires.

Il n’y a rien ou presque à faire pour l’instant.

Une question importante demeure : En 2023, un catholique peut-il, avec courtoisie et amour, être en désaccord avec ce qui se passe ou se dit dans l’Église en laquelle il croit, sans être étiqueté avec aigreur et parfois avec haine ?

Mots Clés :
Share This