Stefano Fontana présente ici le compendium rédigé par l’association TFP, sorte de guide pour aborder le synode avec une boussole en main, et pas comme une contrée inconnue dont tous les chemins ont été balisés à l’avance par D’AUTRES dans un but bien précis (un peu comme les voyages organisés dans l’ex-URSS). J’ignore si le livre (qui se présente sous forme de « 100 questions-réponses) sera traduit en français, mais je vois qu’il est à l’heure actuelle disponible gratuitement en anglais, au format pdf, ICI.

À partir du 4 octobre prochain, nous entrerons comme dans un tunnel.

On espère en sortir pour « revoir les étoiles ». Mais les prémisses sont très inquiétantes…

Le processus synodal : une boîte de Pandore

Stefano Fontana
lanuovabq.it/it/processo-sinodale-un-vaso-di-pandora

Une publication de TFP pour nous ouvrir les yeux sur le « chantier » du changement de visage de l’Église, dans la pastorale et la synodalité.

Seuls les distraits peuvent penser que le prochain synode sur la synodalité en octobre 2023 et octobre 2024 ne perturbera pas l’Église. En réalité, ce synode représentera un tournant décisif : il peut changer le visage de l’Église, nous en donner un autre d’une nature différente sans que nous nous en rendions compte.

Ce ne sera pas un passage indolore parce que cette fois le synode ne traitera pas de tel ou tel sujet pastoral, mais il traitera de la synodalité, et comme aujourd’hui on prétend que la synodalité est une caractéristique essentielle de l’Église, le synode traitera de toute l’Église, comme s’il s’agissait d’un concile.

Il nous dira comment sortir d’un passé caractérisé

  • par un retard de deux cents ans sur le monde [selon le défunt cardinal Martini, ndt],
  • par une structure descendante et pyramidale qu’il faut renverser,
  • par un doctrinarisme et un indietrisme incapables de faire résonner la voix de l’Évangile dans l’histoire d’aujourd’hui,
  • par un enfermement sur soi sans capacité d’inclusion envers ceux qui sont différents,
  • par un manque de démocratie, d’écoute mutuelle, de capacité de choisir ensemble,
  • par un identitarisme exagéré alors que Dieu veut que toutes les religions existent,
  • par un moralisme trop rigide qui accorde peu d’importance aux circonstances dans lesquelles la conscience décide d’agir,
  • par la volonté de ne pas se limiter à éduquer les consciences mais de se substituer à elles,
  • par un manque d’ouverture à la nouveauté,
  • par un manque de miséricorde
  • et, surtout, par une incapacité à écouter ce que l’Esprit Saint nous demande aujourd’hui, un Esprit qui s’exprime dans le dialogue entre tous, fidèles et infidèles, catholiques et athées, et dans les événements et les défis de l’histoire.

C’est de tout cela que parlera le synode

Comme seuls les distraits peuvent se permettre de ne pas s’en préoccuper, TFP a très bien fait de publier un petit livre efficace et facile d’accès intitulé Processo sinodale: un Vaso di Pandora [Processus synodal : une boîte de Pandore], de Julio Loredo et José Antonio Ureta, qui fournit toutes les informations possibles sur le prochain synode en termes clairs et concis [*]. Afin que nous n’arrivions pas naïfs ou mal informés, ce sur quoi comptent beaucoup de ceux qui se consacrent au changement, sans « si » ni « mais ». La formule choisie est excellente : 100 questions et 100 réponses. Le fascicule sera envoyé par ses promoteurs à tous les cardinaux et évêques ainsi qu’à des milliers de prêtres. Un travail stimulant, digne et opportun.

Si nous reconsidérons ne serait-ce qu’un instant les quelques points énumérés ci-dessus, nous nous rendons compte que les changements dans l’Église pourraient faire l’effet d’une bombe.

  • Le concept de Tradition est en grand danger,
  • il n’y aura plus de distinction entre l’Église enseignante et l’Église apprenante,
  • les décisions non seulement pastorales mais aussi doctrinales seront prises dans l’Église après un débat au sein de l’assemblée,
  • des synodes mixtes (c’est-à-dire composés de clercs et de laïcs, comme c’est déjà le cas pour ce synode où siègeront également des laïcs avec droit de vote) pourraient être établis pour gouverner l’Église aux côtés de l’évêque ou même du pape,
  • la morale catholique serait révisée en continuité avec les nouveautés d’Amoris laetitiae, dans le sens de l’intégration dans la vie de l’Eglise de l’homosexualisme, du transgendérisme, de la cohabitation hors mariage, de l’adultère,
  • sans compter que l’enseignement sur la contraception, d’irréformable qu’il est, serait considéré comme devant être mis à jour,
  • un nouvel œcuménisme de type syncrétiste serait ouvert, mais sans évangélisation – assimilée à un prosélytisme à éviter -,
  • les critères de l’Eglise seraient adaptés à ceux du monde, et la pastorale aurait la victoire définitive sur la doctrine.

La vie de l’Église pourrait devenir une question d’histoire, de processus, de temps… et avec le temps émergerait le nouveau souffle de l’Esprit auquel il faut s’ouvrir et se risquer, en évitant de fixer des limites à Dieu.

Le fascicule aborde toutes ces questions une à une. Tous les documents préparatoires – depuis le discours de François en 2015 à l’occasion de l’anniversaire de l’institution du Synode des évêques par Paul VI jusqu’à l’Instrumentum laboris préparé par le Secrétariat du Synode comme guide pour les travaux du Synode – ont été examinés et sont cités ici.

Des informations sont données sur la « répétition générale » de ce synode constitué par le Sinodaler Weg allemand.

Sans oublier le fait que seuls des hommes d’une certaine orientation ont été placés dans le comité directeur du synode et que les autres nominations ont été pilotées, ce qui est contesté ici, c’est la méthode suivie consistant à confier au processus synodal lui-même la tâche de clarifier ce que l’on entend par synodalité – laissant ainsi de côté les critères doctrinaux qui sont anticipés, certains et orientés.

D’un tel synode, tout peut sortir, comme d’une boîte de Pandore, image qui donne son titre à l’ouvrage.

À partir du 4 octobre prochain, nous entrerons comme dans un tunnel. On espère en sortir pour « revoir les étoiles ». Mais les prémisses sont très inquiétantes, notamment parce que, comme cela s’est déjà produit lors de récents synodes, on a l’impression que les conclusions sont déjà établies à l’avance.

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