Il m’est tombé sous les yeux ces jours-ci, et cela m’a remis en mémoire, un passage de l’homélie prononcée par Benoît XVI le 11 juin 2010 dans la Basilique Saint-Pierre en conclusion de l’Année sacerdotale (1)
[1] Dossiers:
A l’époque, je commentais (pardon de m’auto-citer, mais je ne changerais pas un mot):
Les médias salivaient à l’idée qu’il parlerait des abus sexuels. Il leur a donné du grain à moudre.
Bien sûr, qu’il en a parlé, de même qu’il a parlé du préservatif dans l’avion vers Yaoundé. La vérité ne lui fait pas peur.
Mais quand je lis et j’entends sa longue homélie très travaillée, résumée dans ces titres « Le mea culpa du Pape » ou « Le curé d’Ars n’a pas été proclamé patron des prêtres« , je crois nécessaire de réagir au plus vite.
Extraire un paragraphe, voire une phrase, de son contexte, pour lui faire dire ce qu’on a envie d’entendre, merci, on connaît.
(…)
Sans parler de l’hommage appuyé au Curé d’Ars j’attire l’attention sur deux passages très forts, qui risquent d’être passés sous silence.. Le Saint-Père a parlé de « l’ennemi »: donc, cité le diable.
. C’est clairement l’ex préfet de la CDF qui s’est exprimé, dans un paragraphe crucial, vers la fin de l’homélie: « l’Eglise a besoin du bâton« .
Et comme le bâton est destiné à chasser les prédateurs extérieurs, pour protéger le troupeau… que doit-on penser des pédophiles-prêtres? Et de certains théologiens « dissidents », ou cardinaux rebelles, très présents dans les medias?*
https://benoit-et-moi.fr/2010-II/0455009d6b0fa570b/0455009d940b6af26.html
Benoît-et-moi, 11/6/2010
(La traduction est de moi)
.
L’année sacerdotale que nous avons célébrée 150 ans après la mort du Saint Curé d’Ars , modèle du ministère sacerdotal dans notre monde, touche à son terme. Par le Curé d’Ars, nous nous sommes laissés conduire, pour comprendre de façon nouvelle la grandeur et la beauté du ministère sacerdotal.
Le prêtre n’est pas simplement le détenteur d’un office, comme ceux dont toute société a besoin pour remplir certaines fonctions. Lui, au contraire, fait quelque chose qu’aucun être humain ne peut faire par lui-même: il prononce au nom du Christ la parole d’absolution de nos péchés, et change ainsi, à partir de Dieu, la situation de notre vie. Il prononce sur les offrandes du pain et du vin les paroles d’action de grâce du Christ, qui sont paroles de transubstantiation – paroles qui le rendent présent, Lui, le Ressuscité, Son Corps et Son Sang, et transforment ainsi les éléments du monde: paroles qui ouvrent tout grand le monde à Dieu, et le conjuguent à Lui.
Le sacerdoce n’est donc pas simplement office, mais sacrement: Dieu se sert d’un pauvre homme afin d’être, à travers lui, présent pour les hommes, et d’agir en leur faveur.
Cette audace de Dieu qui fait confiance à des êtres humains, et, tout en connaissant nos faiblesses, considère que les hommes sont capables d’agir, est la chose vraiment grande qui se cache derrière le mot « sacerdoce ».
…
Et c’est ce qu’en cette année, nous voulions à nouveau considérer et comprendre.
Nous voulions réveiller la joie que Dieu nous soit si proche, et la gratitude pour le fait qu’il fasse confiance à notre faiblesse; qu’il nous conduise et nous soutienne jour après jour. Nous voulions ainsi montrer à nouveau aussi aux jeunes que cette vocation, cette communion de service pour Dieu et avec Dieu existe – et même, que Dieu attend notre «oui». Avec l’Eglise nous voulions souligner une fois encore que cette vocation, nous devons la demander à Dieu. Nous demandons des travailleurs pour la moisson de Dieu, et cette demande à Dieu est, en même temps, un coup frappé par Dieu au cœur des jeunes qui se considèrent capables de ce que Dieu les juge capables.
Il fallait s’attendre à ce que cet éclat nouveau du sacerdoce ne plaise pas à « l’ennemi »; il aurait préféré le voir disparaître, parce que finalement, Dieu aurait été poussé hors du monde (ndt: ici, applaudissements).
Et c’est ainsi que, justement en cette année de joie pour le sacrement du sacerdoce, se sont révélés les péchés des prêtres – en particulier les abus envers les petits, où le sacerdoce, comme devoir de la sollicitude de Dieu pour l’homme, s’est trouvé renversé en son contraire.
Nous aussi, nous demandons pardon à Dieu et aux personnes impliquées (ndt: notez la priorité), et nous avons l’intention de promettre de faire tout notre possible pour nous assurer que de tels abus ne puissent plus jamais arriver, de promettre que dans l’admission au ministère sacerdotal et dans la formation durant le chemin de préparation, nous ferons tout notre possible pour examiner l’authenticité de la vocation et que nous voulons encore plus accompagner les prêtres dans leur chemin, afin que le Seigneur les protége et les garde dans les situations difficiles et les dangers de la vie.
Si l’Année sacerdotale avait dû être une glorification de nos propres performances humaines, elle aurait été détruite par ces événements. Mais pour nous, il s’agissait du contraire: devenir reconnaissants pour le don de Dieu, un don qui se cache dans « des vases d’argile » et qui toujours et encore, à travers toute la faiblesse humaine, rend concret dans le monde, son amour.
Ainsi, nous considérons ce qui est arrivé comme un devoir de purification, un devoir qui nous accompagne vers le futur et, plus encore, nous fait reconnaître et aimer le grand don de Dieu. De cette manière, le don devient engagement à répondre au courage et à l’humilité de Dieu avec notre courage et notre humilité. La parole du Christ, que nous avons chantée comme chant d’entrée dans la liturgie d’aujourd’hui, peut nous dire en cette heure ce que cela signifie devenir et être un prêtre: « Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur « (Matthieu 11:29).
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[Là, le Saint-Père médite sur la lecture du jour, le psaume 23 (*)]
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« Ta houlette et ton bâton me rassurent »: le berger a besoin du bâton contre les bêtes féroces qui veulent déferler sur le troupeau; contre les brigands qui cherchent leur butin.
A côté du bâton, il y a la houlette qui apporte son soutien et aide à traverser les passages difficiles.
Les deux choses relèvent également du ministère de l’Église, du ministère du prêtre.
Même l’Eglise doit utiliser le bâton du Pasteur, le bâton avec lequel elle protége la foi contre les falsificateurs, contre les orientations qui sont en réalité désorientation. Justement, l’usage du bâton peut être aussi un service d’amour.
Aujourd’hui, nous voyons qu’il ne s’agit pas d’amour, quand on tolére des comportements indignes de la vie sacerdotale. De même qu’il ne s’agit pas d’amour, quand on laisse proliférer l’hérésie, la distorsion et la désintégration de la foi, comme si nous-mêmes, de façon autonome, l’avions inventée. Comme si ce n’était plus un don de Dieu, la perle précieuse que nous ne nous laisserons pas arracher. (applaudisements)
Dans le même temps, cependant, le bâton doit toujours redevenir la houlette du berger – la houlette qui aide les hommes à marcher sur les sentiers difficiles pour suivre du Seigneur.
(*) Psaume 23
L’Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
A cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi:
Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires;
Tu oins d’huile ma tête,
Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et j’habiterai dans la maison de l’Éternel
Jusqu’à la fin de mes jours.