En suivant ce qui se passe au sommet de l’Eglise et, par capillarité, jusqu’à la base, beaucoup de catholiques « non adultes » mais dotés d’un minimum de capacité d’analyse et d’esprit critique pensent qu’on est arrivés à un point de non-retour, et que cela ne peut pas continuer ainsi. Encore plus à la veille d’un Synode où se profile rien de moins que la menace de changer l’Eglise. Ce qu’il faut à l’Eglise, dans la situation dramatique où elle se trouve aujourd’hui, c’est un vrai leader. Pas quelqu’un qui se limite à critiquer et faire des prévisions catastrophistes, bref, se cantonne dans le « négatif » (les aspirants leaders de ce type ne manquent pas!), mais quelqu’un qui sache être « positif », prêt à l’action, en somme, qui sache transmettre « un moral de vainqueur ».
Mais QUI?

L’un des intervenants récurrents du blog de Marco Tosatti, qui signe sous le pseudonyme de « Mgr ICS » et qui est probablement un ecclésiastique, sans doute même un « monseigneur » comme son pseudo (et les armoiries qui illustrent ses chroniques) le suggère, raconte qu’il a reçu une lettre d’un de ses condisciples de séminaire (qui, dit-il, « n’a pas poursuivi sa vocation et est devenu professeur de philosophie dans plusieurs universités, dont une en France où il vit aujourd’hui »). Il nous en fait partager un extrait.

On recherche un leader catholique ayant un « moral de vainqueur » dans l’action.

16 septembre 2023
www.marcotosatti.com

Dans l’histoire, les grandes révolutions véritables n’ont jamais été « spontanées », c’est-à-dire sans représenter (ou soutenir) l’objectif d’un « Pouvoir » qui en a pris la tête et en a apprécié les conséquences. Si elles avaient été vraies et spontanées (et non soutenues par des pouvoirs, voire contre des pouvoirs), elles se seraient éteintes en très peu de temps.

La révolution américaine de 1783. La révolution française de 1789, la révolution dans les États pontificaux des années 1860 aux années 1970. La révolution russe de 1917. etc. Aucune n’a jamais été « spontanée ». Un pouvoir est remplacé par un autre pouvoir à l’aide de l’instrument de la révolution, un instrument qui a bien sûr des facettes infinies. Et les historiens professionnels écrivent les « vérités » historiques à enseigner dans les écoles. Mais pourquoi vous dis-je cela, cher ami Monseigneur ?

Parce que même la révolution dans l’Église catholique, qui a été annoncée et s’est déroulée au cours des 12-13 dernières années (conçue avant, mais commencée opérationnellement en 2010-2011), est manifestement une expression de ce que j’ai dit plus haut à propos des grandes révolutions.

Et il me semble que le monde catholique « contre-révolutionnaire » – qui se plaint beaucoup, écrit beaucoup de lamentations et de critiques dans les journaux et les blogs, se divise pour un rien – réagit mal, ou pas du tout. Excusez-moi Monseigneur, de mon observatoire de Toulouse en France (où comme vous le savez je suis retiré), je n’ai pas les contacts physiques nécessaires, mais je lis tout.

Le monde catholique, aujourd’hui, manque de leaders, dans les intentions et donc dans les actions et les réactions.

Je m’explique mieux. Un leader aujourd’hui, dans, disons les choses ainsi, le contexte actuel de l’église, doit savoir convaincre et devenir une référence pour ce qu’il faut faire, il ne doit pas se limiter à des déclarations apocalyptiques, hypercritiques, etc. Ce sont là quelques uns des dons que l’on considère comme acquis, et il me semble qu’il y a beaucoup d’aspirants leaders qui les possèdent.

Mais le vrai leader d’aujourd’hui doit aussi donner confiance en démontrant les résultats obtenus par une méthode (même petits mais significatifs). Et surtout, il doit transmettre un « moral de vainqueur ». Pas seulement lié à la foi, mais aussi à l’action, que les enfants de Dieu sachent comprendre et mettre en œuvre. L’Ancien Testament est un manuel d’action pour les fils de Dieu. Le Nouveau Testament est tout un manuel de moral de victoire naturelle et surnaturelle.

Bon, c’est dit. Je te propose une réflexion finale.

Ce que le monde catholique, les enfants de Dieu, pensent aujourd’hui, nous ne le trouvons pas écrit dans la presse à grand tirage, mais nous ne le trouvons pas non plus dans les structures officielles ou les institutions du gouvernement ou du sous-gouvernement de l’Église. Nous ne le trouvons certes pas dans les « sacristies ». Nous en discutons beaucoup plus et mieux « en catacombes », lors de réunions ou de conférences privées, en présence de personnes courageuses aux idées claires, à l’intelligence, à la connaissance, à la sagesse et à la foi indomptable.

Eh bien, ce que l’on entend et comprend dans ces vrais espaces de la foi catholique, c’est que « nous n’en pouvons plus », les catholiques ont atteint la limite de leur endurance. Partout on perçoit des ferments de laïcs ou de religieux, qui veulent défendre leur Église du Christ. Ils ne veulent pas faire de schismes ou quitter l’Eglise, sachant que ceux qui se séparent de l’Eglise sont destinés à « mourir ». Il faut défendre l’Église, une Église sainte, catholique, apostolique et universelle !!! Mais même dans les milieux strictement laïcs (non religieux) on se demande ce qui se passe, avec inquiétude (vu la dégradation exponentielle des comportements sociaux et de la civilisation dans son ensemble), et on entend dire que si les catholiques ne réagissent pas, les laïcs qui ont tiré profit des valeurs catholiques réagiront. Mais la manière dont ils pourraient le faire est plutôt inquiétante. Méfiance!

Ce que l’on entend de plus en plus, c’est aussi la peur de l’autorité religieuse. La hiérarchie de l’Église fait-elle peur aux fidèles de l’Église ? Les effraie-t-elle avec des commissariamenti ou des menaces de suspension d’évêques ? Les menace-t-elle indirectement en nommant à des rôles importants dans les dicastères (qui pourraient changer la doctrine) des gens dont la foi et la culture sont connues pour être opposées à la doctrine ? Nous entendons partout parler de clergé terrifié, de mouvements religieux réprimés terrifiés, de communautés ecclésiales effrayées, se sentant menacées dans leur spiritualité et dans la défense des biens spécifiquement reçus (des fidèles) pour poursuivre et renforcer cette spiritualité et ce charisme. Et maintenant, même un Synode…

Tout cela explique qu’il existe dans le monde catholique des symptômes très forts et certainement majoritaires de réaction qui peuvent être mal utilisés ou bien utilisés. Et ils émergeront probablement après le Synode, en fonction de ses conclusions. On peut se demander: Qui a voulu cette révolution dans l’Église ? Qui en bénéficie ? Qui en pâtit ?

Ne vous laissez pas abuser par ceux qui n’aiment pas l’Église et qui veulent en profiter. Réfléchissez bien à cette conclusion. Ceux qui en profitent, c’est un monde gnostique (que je préfère ne pas évoquer). Ceux qui en subissent un effet négatif certain, c’est TOUTE LA CIVILISATION. Aujourd’hui l’Eglise catholique apostolique romaine est confrontée à un SYNODE dont les perspectives sont inquiétantes, dont les conclusions pourraient aller jusqu’à remettre en cause la nature même de l’Eglise, de la doctrine, des vérités.

Demain, l’Eglise catholique apostolique romaine pourrait être autre chose.

Nous cherchons des leaders qui sachent transmettre un « moral de vainqueur » pour l’Eglise, dans l’Eglise.

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