(Mise à jour: A Marseille, le Pape en rajoute). Alors que François se rend à Marseille (pas en France!! mais d’une certaine façon, ce n’est pas faux, même si dans ce cas il est difficile de lui attribuer des propos à double sens) pour prêcher la bonne parole sur l’accueil indiscriminé de toute la misère du monde, en se réclamant du message de l’Evangile, ce formidable article de Marcello Veneziani dans La Verità – sans jamais citer le Pape [1] -, illustre la catastrophe qui se profile, et qui se réalisera si les gouvernements (ou plutôt l’UE) ne se décident pas à adopter une politique ferme de blocage des frontières. Avant qu’il ne soit trop tard, et que l’invasion ne débouche sur le chaos, la guerre civile, l’effondrement de notre civilisation, l’appauvrissement généralisé.

La logique qui anime la gauche radicale, mais aussi les inconditionnels de l’inclusion est la même que celle du communisme : s’attaquer à la richesse pour l’élargir, mais avec pour résultat d’étendre la pauvreté.

Eurafrique: répétition générale

Le rêve de la gauche humanitaire, radicale et catho-progressiste, c’est l’Eurafrique. C’est-à-dire un continent unifié par les flux migratoires et un mot clé : l’accueil. Il n’y a pas d’immigrés clandestins, mais chaque être humain a le droit de vivre où il veut, sans limites. Le projet est une société inclusive où ce qui compte, c’est la volonté absolue des individus, pas des peuples, pas des États, pas des sociétés, pas des civilisations.

Faisons alors une simulation de scénario, en supposant que ces politiques d’accueil soient réellement adoptées à grande échelle, et que les invitations à venir chez nous, après un cocktail de bienvenue avec fête et danse à Lampedusa, soient acceptées par des masses de plus en plus importantes d’Africains et du monde entier.

Ne raisonnons pas en termes de flux quotidiens, ni même seulement nationaux. Raisonnons en termes de ce qui se passerait, suivant ces prémisses, d’ici quelques années au niveau européen. Pour le dire symboliquement, les 450 millions d’Européens seraient encerclés, envahis et remplacés par 450 millions d’Africains, d’Arabes, d’Asiatiques et de Sud-Américains.

Que se passerait-il ? L’Europe disparaîtrait, les Européens seraient minoritaires chez eux, tous les systèmes sociaux, de protection sociale, de santé, fiscaux, déjà bien mal en point, s’effondreraient. Les guerres civiles, les conflits internes, les violences de rue, les agressions contre les populations encore aisées, les discriminations, les persécutions et les barrières exploseraient. Nous vivrions dans un monde décomposé, enragé, craintif et aliéné, qui achèverait la destruction de la civilisation et de ses structures sociales et vitales avec une accélération radicale.

En outre, nous aurions aggravé le sort de l’Afrique et nous n’aurions pas résolu les problèmes du monde : car si vous enlevez à l’Afrique un tiers de sa population, la partie la plus dynamique et la plus vitale, vous la plongez plus profondément dans la misère et l’oppression. Et si chaque habitant de la planète a le droit de vivre où il veut, en accueillant « seulement » un demi-milliard de migrants sur six milliards d’aspirants potentiels, vous avez laissé plus des neuf dixièmes de la planète dans la misère. C’est-à-dire que vous avez beaucoup gâché au niveau local et rien résolu au niveau planétaire. Car ce sont des lois physiques : le petit ne peut pas contenir le grand, le nain ne peut pas porter le géant sur ses épaules, si vous partagez la richesse, vous ne faites que partager la pauvreté. À ce stade, il est plus réaliste de s’efforcer, comme le dit même le dem Biden (dem signifie démocrate, pas dément), de s’entraider chez soi, plutôt que de prétendre vider sa maison, envahir la nôtre et faire de la vie de chacun un enfer. Les aider chez eux signifie travailler à créer les conditions d’une vie meilleure, des opportunités d’emploi, des équipements et des logements sur le terrain.

La logique qui anime la gauche radicale, mais aussi les inconditionnels de l’inclusion, présidents compris [et même, pape compris, ndt], est la même que celle du communisme : s’attaquer à la richesse pour l’élargir, mais avec pour résultat d’étendre la pauvreté. Tout clivage égalitaire n’augmente pas la richesse mais étend la misère (à l’exception des niches cachées de privilégiés). Et il décourage toute velléité de produire du bien-être, car les mérites et le travail ne comptent pas dans une logique purement distributive de revenu de citoyenneté. Et s’il ne peut y avoir de différences entre les citoyens et les étrangers, pourquoi devrions-nous refuser le revenu de citoyenneté et les soins de santé à ceux qui ont le seul tort de ne pas être italiens ou européens ? Si ce n’est pas encore le cas, c’est parce que nous en sommes encore à des milliers d’arrivées ; mais si nous passons à des millions d’arrivées, et que l’incitation à venir les fait augmenter, la situation se précipite.

Alors faisons une prédiction : si aucun facteur aujourd’hui imprévu n’intervient, et si aucun gouvernement – y compris de droite – n’adopte une véritable politique d’endiguement et de rejet, le résultat sera qu’ils seront finalement obligés de faire dans l’urgence, tard et mal, parce que la dure réalité rongera les douces intentions. Et les chances de réussir deviendront de plus en plus difficiles à mesure que le temps passera. C’est ainsi que le système européen, mais aussi la civilisation européenne, les États européens, l’Union européenne, se désagrégeront.

Que signifie prendre des mesures ? Cela signifie que les seuls flux migratoires autorisés doivent être ceux individuels et réguliers, non pas à travers des entrées et des moyens clandestins, mais moyennant une demande préalable depuis les lieux de départ et une acceptation dans les lieux d’arrivée et de tri. Les autres flux doivent être empêchés, si possible dans l’œuf, en tout cas à proximité immédiate des points de départ, avec un déploiement européen de postes de contrôle et une guerre contre les passeurs.

Compte tenu des chiffres et des proportions, nous ne pouvons pas adopter une logique d’accueil, utiliser des alibis humanitaires, accepter d’autres flux massifs au nom du regroupement. Et tous ceux qui ont commis des crimes sur notre territoire doivent être rapatriés immédiatement ; puis par étapes ceux qui n’ont pas trouvé de travail entre-temps.

L’invité est sacré, disaient les anciens, mais si mille d’entre eux débarquent chez vous, tout va mal.

Solutions de simple bon sens, animées d’un réel sentiment de compréhension ; mais il y va du droit préalable de défendre la vie des peuples, des États, des civilisations. C’est un principe élémentaire de conservation, un instinct, une instance première et sacro-sainte, c’est tout simplement la volonté de vivre. Bannir toute trace de haine, se dire qu’à leur place nous aurions peut-être fait la même chose, ne jamais ramener la question au niveau des personnes, des groupes, des ethnies. Aussi parce que, vice versa, la rhétorique de l’accueil montre toujours des cas personnels dramatiques et contingents, des enfants isolés, des femmes enceintes, des handicapés, des persécutés, pour faire passer des amnisties générales, des normes universelles d’accueil. Aveuglés par le cas du moment, nous oublions le contexte et l’avenir.

L’enjeu est clair : soit les Etats décident et pratiquent une politique de blocage des flux, soit les peuples se soulèvent, et finalement les Etats eux-mêmes y sont contraints lorsqu’ils sont pris à la gorge, avec la probabilité qu’il soit trop tard.

Marcello Veneziani
La Verità, 20 septembre 2023

Ndt (mise à jour)

[1] Aujourd’hui, à Marseille, le Pape, une fois de plus, n’y a pas été de main morte. Selon le reportage d’Associated Press:

Pour la deuxième journée consécutive dans la ville portuaire de Marseille, François s’en est pris aux pays européens qui ont eu recours à une « propagande alarmiste » pour justifier la fermeture de leurs portes aux migrants, et a tenté de leur faire honte pour qu’ils répondent plutôt par la charité.

Il a demandé que les migrants bénéficient de voies légales d’accès à la citoyenneté et que la mer Méditerranée, que de nombreuses personnes traversent pour atteindre l’Europe, soit une lueur d’espoir et non un cimetière de désespoir.

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La Méditerranée, a dit François à Macron et à une assemblée d’évêques régionaux, « crie pour la justice, avec ses rives qui, d’une part, exsudent la richesse, le consumérisme et le gaspillage, tandis que, d’autre part, il y a la pauvreté et l’instabilité ».

(…)

« Puissions-nous nous laisser émouvoir par les histoires de tant de nos frères et sœurs malheureux qui ont le droit d’émigrer ou de ne pas émigrer, et ne pas nous fermer dans l’indifférence », a dit François.

« Face au terrible fléau de l’exploitation des êtres humains, la solution n’est pas de rejeter mais d’assurer, selon les possibilités de chacun, un nombre suffisant d’entrées légales et régulières ».

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Le voyage de deux jours de François a été programmé il y a plusieurs mois, mais il a lieu alors que les migrations massives vers l’Europe font à nouveau la une des journaux. Près de 7 000 migrants ayant embarqué sur des bateaux de passeurs en Tunisie ont débarqué sur la petite île italienne de Lampedusa en l’espace d’une journée la semaine dernière, dépassant brièvement en nombre la population résidente.

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Néanmoins, François a déclaré que le fait de parler d’une « urgence » migratoire ne faisait qu’alimenter la « propagande alarmiste » et les craintes des gens.

« Ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent l’accueil, la vie », a-t-il dit. « Quant à l’urgence, le phénomène migratoire n’est pas tant une urgence conjoncturelle, toujours bonne pour alimenter la propagande alarmiste, qu’une réalité de notre temps.« 

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D’après AP
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