Encore la série « Benoît XVI n’est pas oublié », ici, en Espagne. Cette année, les deux lauréats du « Prix Nobel » de théologie (qui sera remis le 30 novembre) sont espagnols. Parmi eux un théologien déjà auteur d’une grande biographie de Benoît XVI. Il est interviewé par le quotidien espagnol ABC.

« Le meilleur de Ratzinger est à venir, ce n’est pas un personnage du passé ».

Le natif de Saragosse est l’auteur de l’une des biographies les plus célèbres de Benoît XVI. Il a reçu le prix Nobel de théologie :

« Ce prix est une reconnaissance de la théologie en espagnol ».

www.abc.es

Le grand public connaît Pablo Blanco (Saragosse, 1964) comme l’auteur de l’une des biographies les plus complètes de Joseph Ratzinger [Joseph Ratzinger, una biografía, 2004]. Mais ce théologien de l’université de Navarre, expert en œcuménisme, est aussi à l’origine de la diffusion en espagnol de nombreuses œuvres de Ratzinger. C’est d’ailleurs la deuxième langue la plus traduite après le polonais.

Que représente ce prix pour vous ?

C’est une reconnaissance collective de la théologie en espagnol, qui se fait depuis des siècles, et de la faculté de théologie de l’université de Navarre, où je travaille. Tout ce que j’ai pu faire, je l’ai fait grâce à ceux qui m’ont précédé.

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Vous avez écrit l’une des biographies les plus complètes de Benoît XVI.

Cette biographie est née presque comme un hobby. Je m’occupais de sa pensée théologique et, pour avoir une vue d’ensemble, je me suis aventuré dans cette étude biographique.

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Qu’est-ce qui vous a enthousiasmé dans les idées de Ratzinger ?

Par exemple, la relation entre la foi et la raison, et la relation avec les autres religions. À partir de là, j’ai exploré les différents domaines de sa théologie.

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Dans quel domaine reconnaît-on Ratzinger comme le plus original ?

Je m’intéresse à la manière dont il a favorisé le dialogue œcuménique. En tant qu’Allemand, il s’est approché de Luther et d’autres auteurs protestants, en reconnaissant ce qui était valable et intéressant et en soulignant les points sur lesquels la théologie catholique ne pouvait pas être d’accord.

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Avez-vous connu Benoît XVI personnellement ?

Je l’ai rencontré par hasard à Rome. J’étais étudiant et je m’occupais de personnes qui arrivaient pour un événement. Lorsqu’il est entré, il s’est approché de moi et m’a demandé son chemin. J’ai été désarmé par sa simplicité, car il s’est mis à ma disposition. En le lisant, j’ai confirmé la même impression : disponibilité, discrétion, respect, humilité… C’est ce que l’on retrouve dans ses œuvres.

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Quelle leçon avez-vous tirée de Benoît XVI ?

La manière d’être dans l’Église, la théologie comme service. Une certaine manière de vivre, d’aider avec discrétion, normalement dans l’ombre, mais au premier rang et en montrant son visage quand c’est nécessaire. Parfois, votre courage n’est pas évident, mais dans votre biographie et dans vos écrits, nous pouvons voir la détermination avec laquelle vous affrontez les difficultés auxquelles votre foi est soumise.

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Pensez-vous que le côté intellectuel de Ratzinger l’a éloigné du peuple ?

Il était l’un des esprits les plus lucides de son temps, mais il ne voulait pas en avoir l’air. Cette façon de parler, d’écrire, de se comporter, que certains ont qualifiée de timide, n’avait pas pour but de mépriser qui que ce soit. Il ne s’agissait pas de « marteler la théologie », comme l’appelait Nietzsche, mais de laisser se manifester la beauté de la foi. Il était favorable à cet élément rationnel, au dialogue : proposer, expliquer, laisser transparaître la vérité.

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Benoît XVI et Joseph Ratzinger étaient-ils très différents ?

C’est la même personne, avec les mêmes idées et la même histoire… mais avec une tâche ou une mission différente. En tant que pape, il y a un redimensionnement, mais sans perdre ce qu’il considère comme essentiel. Benoît XVI a renoncé au personnel, mais sans perdre la rationalité et la cohérence. C’est un équilibre entre le renoncement à sa propre personnalité et son exercice.

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Connaissons-nous déjà tout de Ratzinger ?

Le meilleur Ratzinger est à venir, il n’est pas une figure du passé mais une promesse d’avenir.

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