Ce que j’écrivais hier, commentant une information transmise par Ricardo Cascioli sur la NBQ (Sordides vexations papales contre le cardinal Burke), est confirmé par la vaticaniste bien en cour à Sainte Marthe, Franca Giansoldati, du Messagero. Le Pape doit toutefois se méfier, car ce sont les « conservateurs » qui paient majoritairement l’ « Obole de Saint Pierre » (et le 8‰). D’où un manque à gagner non négligeable. Enfin, c’est lui qui voit, et ses riches amis du showbiz y pourvoiront sûrement.

Le pape François éduque les cardinaux :

il retire logement et salaire au conservateur Burke (signataire de la lettre de protestation sur le Synode)

Conséquences négatives sur la collecte de l’Obole de Saint-Pierre, étant donné qu’elle est en partie alimentée par la générosité de bienfaiteurs conservateurs.

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(Franca Giansoldati Il Messaggero)

La hache de François est encore tombée. Après l’évêque texan limogé du jour au lendemain parce qu’il tolérait les ultras de la messe en latin sur son territoire, c’est au tour du cardinal symbole des conservateurs pro-vie aux Etats-Unis.

Que la rigueur théologique et canonique du cardinal conservateur Leo Burke ne soit pas superposable à la ligne de François, certainement plus élastique pour adapter à la pastorale de nombreuses situations irrégulières, des couples gays à la communion aux politiciens pro-avortement, était apparu évident à de multiples moments du pontificat.

Personne, cependant, ne s’attendait à ce durcissement, ni à ce que le Pontife rompe toutes les digues en annonçant aux responsables des services de la curie qu’il en avait définitivement assez d’être obligé de répondre aux coups bas permanents de certains cardinaux et évêques qui l’accusent de détruire l’Eglise, voire d’être un menteur et un dictateur. La semaine dernière, ceux qui participaient à la réunion au Vatican, assis autour de la grande table, ont été stupéfaits d’entendre l’ordre de procéder administrativement au retrait de l’appartement de fonction à son « ennemi », considéré comme le chef de l’opposition.

Burke, canoniste rigoureux et même pointilleux, reste un cardinal respecté et très écouté dans les milieux conservateurs américains influents.
Par le passé, il a été à la tête de la Signature apostolique et, jusqu’à il y a quelques années, il a également été aumônier de l’Ordre de Malte, puis remplacé lorsqu’il s’est agi de réformer la plus ancienne institution chevaleresque, soupçonnée d’affairisme, de manque de transparence et de « mondanité » [je laisse à Franca Giansoldati la responsabilité de son récit…]

Le cardinal ne percevra plus son salaire (qui s’élève pour un cardinal à environ 5-6 000 euros, y compris une série d’avantages) et n’aura plus l’usage de son appartement.

La nouvelle avait filtré dans la Bussola Quotidiana et a été confirmée au Messaggero par deux sources vaticanes autorisées.

On s’attend à ce que Burke soit bientôt expulsé de l’APSA [Administration du patrimoine du siège apostolique, dont Burke serait donc membre, ndt], à moins que François ne change d’avis s’il ressent une forte atteinte à son image. Certains collaborateurs lui auraient fait remarquer que frapper et humilier ainsi un cardinal de ce poids pourrait avoir des conséquences négatives sur la collecte de l’obole de Saint-Pierre, sachant qu’elle est en partie alimentée par la générosité de bienfaiteurs conservateurs.

François, lui, est enclin à ne pas faire de quartier, il considère Burke comme « un ennemi » tout court. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase semble avoir été une conférence récente du cardinal dans laquelle, expliquant en détail les dissensions théologiques de ces dernières années, il aurait conclu qu’il fallait prier longuement pour le pontife parce qu’il semble que le Christ mette son Église à l’épreuve. À cela s’ajoute le document (signé par Burke et quatre cardinaux) dans lequel il conteste l’approche du Synode sur la synodalité qui vient de s’achever, convoqué par François pour donner la possibilité d’étudier à l’avenir des ouvertures théologiques sur plusieurs fronts brûlants qui ont toujours été considérés comme tabous, du diaconat féminin à la question de l’homosexualité, en passant par le thème de la vie.
(…)

De fait, le clivage au sein de l’Église est de plus en plus profond, et la défenestration même de Burke ne contribuera certainement pas à calmer les esprits.

Cet épisode aura un effet dissuasif. Avec la menace de se voir retirer son salaire et son appartement, il est peu probable qu’il y ait encore des voix et des opinions contradictoires à l’intérieur et à l’extérieur du Vatican. L’aile conservatrice semble avoir mise le dos au mur comme jamais auparavant. Aucun pape, du moins dans les temps modernes, n’a jamais agi aussi durement.

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