Un grand merci à AM Valli qui s’est procuré, grâce à un lecteur, le texte de la lettre, datée du 11 janvier, du cardinal congolais Fridolin Ambongo archevêque de Kinshasa créé cardinal par François lui-même en 2019: il fait une synthèse SANS AUCUNE AMBIGUÏTÉ de la position des conférences épiscopales africaines à la déclaration Fiducia Supplicans, tout en réaffirmant la fidélité au Pape (certains vont sans doute le lui reprocher, mais il s’agit de parer au plus pressé, dire non, sans encourir l’accusation de rébellion/schisme, intenable, et qui affaiblirait sa position).
Surtout, il ne craint pas de rappeler la condamnation du « péché contre nature » dans les Saintes Ecritures.
Une position réaliste que nos propres évêques n’ont pas osé suivre.

Le Cardinal Fridolin Ambongo de l'archidiocèse de Kinshasa en RDC.

Pas de bénédiction pour les couples de même sexe dans les églises africaines.

Synthèse des réponses des conférences épiscopales africaines à la déclaration Fiducia supplicans.

Chers frères et sœurs dans le Seigneur

grâce et paix !

Le message que je vous envoie aujourd’hui a reçu le consentement de Sa Sainteté le pape François et de Son Éminence le cardinal Victor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la doctrine de la foi.

Il présente une synthèse consolidée des positions adoptées par divers épiscopats nationaux et interterritoriaux à travers le continent africain, en réponse à la publication de la Déclaration Fiducia supplicans du Dicastère pour la Doctrine de la Foi du 18 décembre 2023.

Au sein de la famille de l’Église de Dieu en Afrique, cette Déclaration a provoqué une onde de choc, semé des idées fausses et du désordre dans l’esprit de nombreux fidèles laïcs, personnes consacrées et même pasteurs, et suscité de vives réactions.

Le résumé des réponses des conférences épiscopales africaines met en évidence une compréhension et une approche communes de leur part. Il comprend leurs points de vue sur la doctrine inchangée sur le mariage au sein de l’Église, le soin pastoral étendu à tous les membres de l’Église et leur position unifiée sur les unions entre personnes de même sexe.

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Doctrine inchangée sur le mariage et la sexualité

Dans leurs différents messages, les conférences épiscopales de l’Église Famille de Dieu en Afrique commencent par réaffirmer leur attachement indéfectible au Successeur de Pierre, leur communion avec lui et leur fidélité à l’Évangile. Elles reconnaissent collectivement que la doctrine de l’Église sur le mariage et la famille reste inchangée. Elles ont toutes noté les passages dans lesquels Fiducia supplicans réaffirme cette position traditionnelle de l’Église et exclut explicitement la reconnaissance du mariage entre personnes de même sexe. Cette position, enracinée dans les Saintes Écritures, a été enseignée sans interruption par le Magistère universel de l’Église.

Par conséquent, les rites et les prières qui pourraient brouiller la définition du mariage – en tant qu’union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, ouverte à la procréation – sont considérés comme inacceptables. La distinction faite par Fiducia supplicans entre les bénédictions rituelles liturgiques ou formelles et les bénédictions spontanées n’entend pas imposer qu’il y ait des bénédictions pour les couples en situation irrégulière et pour les couples de même sexe (cf. 31), bien que le document précise qu’elles « doivent être réalisées en dehors du contexte liturgique » (cf. 31 et 38).

Soins et conseils pastoraux

À travers les déclarations des conférences épiscopales, l’Église en Afrique, en tant que famille de Dieu, réaffirme son engagement en faveur d’un soin pastoral continu pour tous ses membres. Le clergé est encouragé à fournir des soins pastoraux d’accueil et de soutien, en particulier aux couples en situation irrégulière. Les Conférences épiscopales africaines soulignent que les personnes ayant des tendances homosexuelles doivent être traitées avec respect et dignité, tout en rappelant que les unions de même sexe sont contraires à la volonté de Dieu et ne peuvent donc pas recevoir la bénédiction de l’Église.

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Position sur les unions de même sexe et les couples de même sexe

Les conférences épiscopales préfèrent généralement – chaque évêque reste libre dans son diocèse – ne pas proposer de bénédiction aux couples de même sexe. Cette décision découle d’une inquiétude quant au risque de confusion et de scandale au sein de la communauté ecclésiale.

L’enseignement constant de l’Église décrit les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Déclaration Persona humana, n° 8) et contraires à la loi naturelle. Ces actes, considérés comme une fermeture de l’acte sexuel au don de la vie, ne procèdent pas d’une authentique complémentarité affective et sexuelle et ne doivent en aucun cas être approuvés (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2357).

Pour soutenir cette position, la plupart des discours des évêques africains s’appuient principalement sur la Parole de Dieu. Ils citent des passages condamnant l’homosexualité, en particulier Lv 18, 22-23 (www.aelf.org/bible/Lv/18), où l’homosexualité est explicitement interdite et considérée comme une abomination. Ce texte témoigne de la prise en compte de ces pratiques dans l’environnement d’Israël, au même titre que d’autres pratiques que Dieu interdit, comme l’infanticide (cf. le sacrifice d’Isaac). Une conférence épiscopale a ajouté le scandale des homosexuels de Sodome (cf. Gn 19, 4-11). Dans le récit du texte, l’homosexualité est tellement abominable qu’elle conduira à la destruction de la ville.

Dans le Nouveau Testament, saint Paul, dans l’épître aux Romains, condamne ce qu’il appelle les relations contre nature (cf. Rm 1,26-33) ou les mœurs honteuses (cf. 1 Co 6,9-10).

Outre ces raisons bibliques, le contexte culturel africain, profondément ancré dans les valeurs du droit naturel concernant le mariage et la famille, complique encore l’acceptation des unions entre personnes de même sexe, car elles sont considérées comme contredisant les normes culturelles et intrinsèquement corrompues.

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Déclaration finale

En résumé, les conférences épiscopales de toute l’Afrique, qui ont réaffirmé avec force leur communion avec le pape François, estiment que les bénédictions extra-liturgiques proposées dans la Déclaration Fiducia supplicans ne peuvent être réalisées en Afrique sans s’exposer au scandale. Elles rappellent, comme le fait clairement Fiducia supplicans, au clergé, aux communautés religieuses, à tous les croyants et aux personnes de bonne volonté, que la doctrine de l’Église sur le mariage chrétien et la sexualité reste inchangée.

Pour cette raison, nous, évêques africains, ne considérons pas qu’il soit approprié pour l’Afrique de bénir des unions de même sexe ou des couples de même sexe parce que, dans notre contexte, cela causerait de la confusion et serait en contradiction directe avec l’ethos culturel des communautés africaines. Le langage de Fiducia supplicans reste trop subtil pour être compris par les gens ordinaires.

De plus, il reste très difficile de convaincre que les personnes de même sexe vivant dans une union stable ne revendiquent pas la légitimité de leur statut.

Nous, les évêques africains, insistons dans notre appel à la conversion de tous.

Comme Osée, Jésus vient témoigner de la tendresse de Dieu :  » Il n’est pas venu appeler les justes, mais les pécheurs  » (Mt 9,3). Cela ne fait aucun doute. Mais Jésus tend aussi la main au pécheur pour qu’il se relève, pour qu’il se convertisse (cf. Mc 1,5). Après avoir manifesté tant de tendresse envers la femme prise en flagrant délit d’adultère, il lui dit : « Va, et désormais ne pèche plus » (In 8,11). Comme le sel de la terre et la lumière du monde (cf. Mt 5,13-14), la mission miséricordieuse de l’Église est d’aller à contre-courant de l’esprit du monde (cf. Rm 12,2) et d’offrir ce qu’il y a de mieux, même si c’est exigeant.

Certains pays préfèrent avoir plus de temps pour l’approfondissement de la Déclaration, qui offre en effet la possibilité de ces bénédictions mais ne les impose pas.

Quoi qu’il en soit, nous continuerons à réfléchir sur la valeur du thème général de ce document, au-delà des seules bénédictions pour les couples en situation irrégulière, c’est-à-dire sur la richesse des bénédictions spontanées dans la pastorale quotidienne.

 » Grâce et paix  » : par ces mots empruntés à saint Paul, en communion avec Sa Sainteté le Pape François et tous les évêques africains, en ma qualité de président du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), je conclus ce message en invitant les communautés chrétiennes à ne pas se laisser ébranler.

Sa Sainteté le Pape François, fermement opposé à toute forme de colonisation culturelle en Afrique, bénit de tout cœur le peuple africain et l’encourage à rester fidèle, comme toujours, à la défense des valeurs chrétiennes.

Donné à Accra, le 11 janvier 2024
Fridolin Cardinal Ambongo, ofm cap
(Ordre des frères mineurs capucins)
Archevêque métropolitain de Kinshasa
Président du SCEAM

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