A Noël 2019, Netflix proposait à ses abonnés un film censé illustrer la relation entre « les deux papes ». J’avais à l’époque dit tout le mal que je pensais (*) de cette entreprise douteuse qui, à coups de falsifications et de mensonges, démolissait la figure du grand pape théologien pour donner le beau rôle à son médiocre successeur (à l’époque, il n’avait pas encore donné toute sa mesure!). Une mauvaise action, une imposture, encensée par les amis de François (James Martin en tête) et dénoncée par des gens qui avaient côtoyé personnellement Benoît XVI et ne le reconnaissaient pas (cf. le témoignage d’un ancien garde suisse et celui de Philippine de Saint-Pierre sur KTO).
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Apparemment, le film a plu suffisamment pour mériter une adaption théâtrale, actuellement en tournée en Italie. L’acteur qui interprète Benoît XVI répond aux questions de l’agence ANSA, confiant sa surprise en découvrant une personnalité qu’il ne soupçonnait pas (il aurait préféré interpréter Bergoglio qu’il trouvait PLUS SYMPATHIQUE!): ce qu’il dit met en évidence le rôle délétère des médias, et à quel point la vision déformée du Saint-Père répandue par eux dès 2005 perdure encore un an après sa mort. Et pose une question sur ce qui reste pour moi un mystère: comment peut-on, comme acteur, interpréter un personnage dont on ignore tout?

(*) Dossier ici: www.benoit-et-moi.fr/2020/tag/2-papes/

Colangeli, « mon Ratzinger surprenant et complexe ».

www.ansa.it

Ni l’un ni l’autre ne ressemble au personnage qu’il est censé incarner… et c’est tant mieux!
Je me demande comment un acteur peut « jouer » un personnage historique dont il ne connaît absolument rien.

Ratzinger « a peut-être été un pape de tradition, mais avec sa démission, il a fait la chose la plus nouvelle en 700 ans ».

Ce sont les mots de Giorgio Colangeli, qui reprend à partir du 13 janvier la tournée de I due Papi, l’adaptation italienne, mise en scène par Giancarlo Nicoletti, de la pièce d’Anthony McCarten, qui a déjà fait l’objet d’un film Netflix de Fernando Meirelles avec Anthony Hopkins et Jonathan Pryce.

Colangeli prête son visage à Benoît XVI, tandis que Mariano Rigillo incarne le cardinal et futur pontife Juan Mario Bergoglio.

Colangeli ajoute:

« Des deux papes, celui qui surprend le plus est Ratzinger. C’est aussi un personnage qui connaît une évolution, car il sait changer d’avis malgré ses fermes convictions.

J’aime les personnages qui, sous la peau, sont un peu différents de ce à quoi vous vous attendez. Au début, je comptais faire Bergoglio, qui me semblait plus sympathique. Mais ensuite, j’ai lu le texte et des deux, Benoît XVI est le personnage le plus complexe et le plus fascinant. Le fait de le jouer m’a rapproché de ce personnage, car moi aussi, comme beaucoup, je l’avais jugé de manière hâtive et un peu superficielle. J’ai également lu l’un de ses livres et je dois dire que sa façon de penser m’a encore plus fasciné. C’est un grand homme, un grand philosophe, un théoricien, mais la représentation médiatique qui nous oblige à penser que si vous ne paraissez pas heureux, vous n’existez pas, ne nous l’a pas fait connaître à sa juste valeur ».

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