A force de verser des larmes de circonstance sur les malheureux « gays » (j’emploie ce terme à dessein, ce sont les militants) qui frappent désespérément aux portes de l’Eglise (laquelle, en marâtre impitoyable, a refusé pendant des siècles de les accueillir), pour obtenir une bénédiction – des personnes, attention, pas des couples -, les mariages « réguliers » entre couples « ordinaires », bêtement composés d’un homme et d’une femme, sont en chute constante. C’est à eux que l’Eglise devrait réserver sa sollicitude. Résumé d’une analyse de Sandro Magister.

Des périphéries existentielles aux périphéries hétérosexuelles.

lanuovabq.it

Si la bénédiction des couples homosexuels est tout en haut de l’agenda du Saint-Siège, les « vieux » mariages religieux entre hommes et femmes sont sur le déclin. Peut-être est-il temps de revoir les priorités ?

Avec Fiducia supplicans et les interventions ultérieures du cardinal Fernández et du pape lui-même, la bénédiction des couples de même sexe semble avoir grimpé les échelons des priorités de l’agenda papal. Laissant en arrière-plan l’autre « bénédiction non liturgique » – controversée – qui fait également l’objet de Fiducia supplicans, celle aux couples hétérosexuels irréguliers. Sans parler des « vieux » couples composés d’un homme et d’une femme régulièrement mariés, en déclin dramatique, relégués à la… ‘périphérie’, pour reprendre un terme récurrent de ce pontificat.

Justement, Sandro Magister [en français ici: www.diakonos.be/il-ny-a-pas-que-les-couples-de-meme-sexe-il-y-a-aussi-les-familles-que-leglise-a-oubliees/] en parle, rappelant tout d’abord qu’en Italie « sont enregistrées en un an à peine plus de deux mille unions civiles entre personnes du même sexe », parmi lesquelles on suppose « qu’il y a très peu de couples homosexuels qui frappent aux portes de l’Église pour obtenir une bénédiction« , étant donné qu’aux portes de l’Église, ils frappent de moins en moins en général. « Pourtant, la bénédiction des couples de même sexe est devenue la question capitale de l’Église de François (…) quitte à provoquer l’opposition de cardinaux, d’évêques, de théologiens, de fidèles et d’Églises nationales entières, y compris celles de toute l’Afrique noire », observe Magister, « alors qu’au contraire les statistiques devraient conduire l’Église à une préoccupation et à un engagement totalement opposés », plutôt axés « sur les couples hétérosexuels ordinaires, communs, sur les familles au sens classique du terme ». Qui s’effondrent dramatiquement (de 400 000 par an au début des années 1970 à 70 000 en 2023)  » dans le silence et le désintérêt apparent de la plus haute autorité de l’Église « .

Dum Romae consulitur, Saguntum expugnatur : « pendant qu’on discute à Rome, Sagonte est en train d’être conquise ». La célèbre expression latine, tirée d’un passage de Tite-Live, semble décrire une certaine confusion actuelle qui conduit à courir après les « périphéries » les plus en vogue, en oubliant les autres.

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