Dans un entretien avec Edward Pentin, le 31 janvier dernier le cardinal réagit aux retombées (qui n’en finissent pas) du document de Tucho Fernandez, déplorant (mais sans citer le Pape!) que « toutes ces interviews et ces interprétations de l’interprétation des interprétations» ne font qu’ajouter à la confusion.

On ne ramène pas les personnes à l’Église en relativisant la vérité et en dévalorisant la grâce, mais par l’Évangile non falsifié du Christ.

Cardinal Müller : Les efforts pour expliquer ‘Fiducia Supplicans’ ajoutent à la confusion sur le document

Le cardinal Müller a déploré qu’une conséquence de la déclaration, c’est que « personne ne parle de la bénédiction du mariage, des enfants, de la famille », qui est  » notre devoir « , et « pas de diviser l’Église ».

Edward Pentin
www.ncregister.com

Dans un entretien avec le Register, accordé à Rome le 29 janvier, le cardinal Müller a réagi aux retombées persistantes de la déclaration du 18 décembre qui autorisait les bénédictions non liturgiques « pastorales » et « spontanées » des personnes de même sexe et d’autres « relations irrégulières ». Le document a rencontré une large résistance, en particulier en Afrique.

Le cardinal a réaffirmé qu’il pensait que cette déclaration n’était « pas nécessaire » et que les personnes ayant des relations homosexuelles ne sont « pas amenées à l’Église en relativisant la vérité et en dévalorisant la grâce, mais par l’Évangile non falsifié du Christ. »

« Comment osons-nous, en tant que serviteurs de Jésus-Christ, rendre cet enseignement divin flou avec de simples sophismes humains ? » a-t-il dit.

Le cardinal Müller a déploré qu’une conséquence de Fiducia Supplicans, est que « personne ne parle de la bénédiction du mariage, des enfants, de la famille », qui est « notre devoir », et « pas de diviser l’Église. »

Le pape François a tenté d’expliquer à nouveau Fiducia Supplicans mercredi, dans une nouvelle interview publiée par la revue catholique italienne Credere.

« Personne n’est scandalisé si je donne une bénédiction à un homme d’affaires qui exploite peut-être les gens, et c’est un péché très grave », a dit le pape. « Alors qu’ils sont scandalisés si je la donne à un homosexuel. C’est de l’hypocrisie ! »

Il a ajouté qu’il bénissait tout le monde dans le confessionnal [ndt: heureusement, il ne doit pas confesser souvent]:

« Je ne bénis pas un ‘mariage homosexuel’ ; je bénis deux personnes qui s’aiment [che si vogliono bene]. »

Le cardinal Müller a été nommé par Benoît XVI chef doctrinal du Vatican en 2012, poste qu’il a occupé jusqu’en 2017.

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Votre Éminence, lors d’une récente plénière du Dicastère pour la doctrine de la foi, le pape a réaffirmé que les bénédictions de relations irrégulières devaient être spontanées, non liturgiques et ne pas exiger de perfection morale, qu’il s’agissait de la bénédiction des individus, et non de l’union. Mais si tel est le cas, un tel document était-il nécessaire, puisque de telles bénédictions individuelles sont déjà autorisées ?

Ce document n’était pas nécessaire, mais maintenant les interprétations ultérieures se relativisent et elles ne font qu’approfondir, élargir la confusion. Elles ne peuvent pas expliquer quelle est la différence entre une bénédiction liturgique et une bénédiction privée. Elles mettent en avant une connotation nébuleuse au lieu de dire ce qui est absolument clair dans l’Évangile, la parole de Jésus-Christ, qui nous est transmise dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Comment osons-nous, en tant que serviteurs de Jésus-Christ, rendre cet enseignement divin flou avec de simples sophismes humains ?

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Certains commentateurs disent que ce document était nécessaire pour empêcher l’Église d’Allemagne, en particulier, de procéder à des bénédictions liturgiques à grande échelle de personnes de même sexe, que cela permettra d’empêcher qu’une telle chose se produise. Que répondez-vous à cela ?

Nous ne pouvons pas résoudre les problèmes sur des évêques allemands avec ces manœuvres diplomatiques. Nous devons dire la vérité : que c’est un blasphème, que c’est un péché. Vous pouvez vous trahir vous-même, vous pouvez trahir les autres, mais personne ne peut trahir Dieu. Nous devons dire la vérité, non pas parce que nous sommes des saints et que les autres sont des pécheurs. Si je prêche l’Évangile, je suis sous le jugement de l’Évangile. Le prédicateur lui-même doit être un modèle pour tous. Il doit faire de grands efforts pour donner de bons exemples, pour souligner la foi avec la crédibilité des prédicateurs. Mais il doit dire la parole de Dieu, qui nous rend libres, et ne pas se présenter comme plus libéral et plus ouvert que Dieu, qui a offert son propre Fils pour le salut du monde.

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Que répondez-vous à l’opinion selon laquelle, dans notre culture excessivement sexualisée, avec de nombreuses personnes blessées par les conséquences tragiques de la « révolution sexuelle », un tel document était nécessaire parce qu’il n’y avait pas d’autre moyen d’atteindre ces personnes, de les ramener à l’Église ?

On ne ramène pas ces personnes à l’Église en relativisant la vérité et en dévalorisant la grâce, mais par l’Évangile non falsifié du Christ. Compte tenu de la faiblesse de l’homme, en particulier dans le domaine de la sexualité, Jésus n’a manifesté aucune sympathie pour l’adultère, mais a dit que celui qui regarde même une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère dans son cœur, c’est-à-dire qu’il a déjà transgressé le sixième commandement de Dieu dans le Décalogue et a donc renoncé à la vie de Dieu et à sa vérité (Matthieu 5:28).

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Une autre critique du document ne porte pas seulement sur son contenu, mais sur ce qui lui fait défaut. Il n’est pas fait mention, par exemple, du péché des relations sexuelles hors mariage ou des actes homosexuels, de l’importance du repentir et de l’objectif ferme de l’amendement, ni de l’exhortation à la personne de venir au Christ.

Ils évitent de le faire. Pour eux, ces personnes ne sont dans des situations difficiles que pour leur faiblesse, et ils nient donc l’existence du péché en tant que volonté de faire le mal et d’agir contre la sainte volonté de Dieu: Ce ne sont que de pauvres gens, et nous devons les aider.

Mais qu’est-ce que l’aide de Jésus-Christ ? C’est l’aide de la grâce, c’est le renouveau de la vie. Tout le monde est appelé au royaume de Dieu. Oui, tout le monde est appelé. Mais le salut, c’est la nouvelle vie en Jésus-Christ, c’est être libéré du péché, et pas seulement respecter une norme morale comme un idéal fixé par une élite, ou des règles établies par la société, mais le faire selon la sainte volonté de Jésus. C’est le sens de la sanctification, et c’est un vrai bonheur qui va dans le sens de Dieu. C’est ça le vrai bonheur – et non pas répéter obstinément les péchés.

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Et cela n’est pas mentionné dans le document.

Non. Jamais mentionné. Il n’y a pas d’anthropologie claire, de doctrine claire : Qu’est-ce que la grâce ? Qu’est-ce que le péché ? Qu’est-ce que le péché originel ? Quels sont les péchés personnels ? Que faire de votre propre volonté et de la coopération de votre libre arbitre avec la grâce ? Dans le Concile de Trente, nous avons ce grand document sur la justification et le péché originel. Et là, il est dit : « Si quelqu’un dit que même avec l’aide de la grâce, vous n’êtes pas capable d’éviter le péché, c’est anathema sit et vous êtes exclu de la pleine communion de l’Église ». Ce qu’il faut, c’est se détourner réellement du péché et se convertir pleinement au Seigneur.

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Pensez-vous donc, compte tenu de ces faiblesses et de ces erreurs qui, selon vous, se trouvent dans Fiducia Supplicans, qu’il faille la retirer et, comme certains l’ont demandé, que le cardinal Fernández démissionne ?

C’est une question qui relève du pape et de sa responsabilité. Mais je pense qu’avec toutes ces interviews et ces interprétations de l’interprétation des interprétations, les choses ne s’arrangent pas. Revenons à la clarté de la parole de Dieu, et à ce qui est dit dans le catéchisme, et non pas à ces courbettes devant cette idéologie LGBT et woke totalement erronée. Ce n’est pas moderne, c’est un retour à l’ancien paganisme. Vous le voyez dans le vieux monde païen grec, romain et perse : Tout le monde, partout, autorisait les actes homosexuels et les relations sexuelles avec des mineurs, et ils n’avaient pas cette norme élevée de moralité donnée dans les Dix Commandements. Mais d’un autre côté, saint Paul dit que même les païens sont, à la lumière de leur raison et de leur conscience, capables de comprendre ce qui est écrit dans leur cœur (la loi morale naturelle).

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