Nous en avons parlé hier (cf. Fiducia Supplicans: Tornielli OSE appeler Benoît XVI à la rescousse!!) et Luisella Scrosatti, qui suit Tucho à la trace sans lui faire aucune concession, ne pouvait pas ne pas faire son commentaire éclairé et savant, expliquant en particulier la distinction (et la confusion savamment introduite par Tucho) entre bénédiction ascendante et descendante.

Le magicien-mentaliste Tornielli doit être bien rouillé dans son art d’illusionniste s’il pense pouvoir tromper qui que ce soit avec la pseudo référence à Ratzinger. Un tel article démontre plutôt, une fois de plus, le manque total d’autorité de ce pontificat, que la nomination au Dicastère pour la Doctrine de la Foi d’un théologien de la « trempe » de Fernández ne peut qu’aggraver. Il semble vital pour ce pontificat de recourir à l’autorité de Ratzinger pour donner de l’autorité à ses créations claudicantes, quand elles ne sont pas manifestement inadmissibles.

ILLUSIONNISME VATICAN

Ratzinger en défense de Tucho, un tour de magie de Tornielli

Luisella Scrosatti
lanuovabq.it
29 février 2024

Des bénédictions « non liturgiques » ? Pour justifier Fiducia supplicans, le directeur du dicastère pour la communication sort de son chapeau un document qui parlait d’autre chose, créant un précédent inexistant.

Vatican News est un journal « de régime ». Point final. Non pas qu’il y ait eu le moindre doute à ce sujet, mais sa dernière prestation démontre que la défense obligée du patron peut aller jusqu’à faire voler en éclats la plus minime forme de décence. Fiducia supplicans, bénédictions non liturgiques et la distinction de Ratzinger, tel est le titre « calculé » [peloso] d’un article d’Andrea Tornielli (et de qui d’autre?) du 27 février, qui soutient en substance une unique chose : la distinction introduite par FS entre bénédictions liturgiques et pastorales n’est pas une invention de Tucho, mais de nul autre que le cardinal Ratzinger.

Voici la preuve, l’arme du crime : l’ Instruction sur les prières pour obtenir de Dieu la guérison de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à l’époque – en l’an 2000 – dirigée par Ratzinger lui-même. Ce que dit ce document, entre autres, Tornielli l’explique :

« Il affirme donc qu’il existe des prières de guérison liturgiques ou rituelles, et d’autres qui ne le sont pas, mais qui sont légitimement admises ».

Et il ajoute :

« À partir de ces citations du texte signé par Ratzinger et approuvé par le pape Wojtyla, on peut voir comment la signification du terme « liturgique » utilisé dans Fiducia supplicans pour définir les bénédictions rituelles, différentes des bénédictions pastorales, représente certes une évolution, mais une évolution qui s’inscrit dans la ligne du magistère des dernières décennies ».

Voyons ce que dit l’Instruction à ce sujet ; à l’article 2 de la section « Dispositions disciplinaires », nous lisons :

« Les prières de guérison sont qualifiées de liturgiques si elles sont incluses dans les livres liturgiques approuvés par l’autorité compétente de l’Église ; sinon, elles sont non-liturgiques ».

Le terme « liturgique » est considéré comme synonyme de « rituel ». Or, il est bien évident que toute prière peut être liturgique ou non liturgique : les prières du matin et du soir que les chrétiens accomplissent chez eux sont non liturgiques ; les laudes et les vêpres sont des prières liturgiques. Nihil sub sole novi.

Le même critère s’applique aux prières pour les malades. Le contexte de l’Instruction est de réglementer les prières pour la guérison, pratiquées par les « groupes charismatiques », et il ressort de l’art. 1 des « Dispositions disciplinaires » que « tout fidèle est autorisé à élever des prières à Dieu pour obtenir la guérison » ; quand, cependant, on a recours au Rituel, alors il est clair que ces prières sont élevées par le ministre compétent, avec les vêtements et les formules prévus.

Quel est donc l’objet du document et le sujet de la déclaration de l’article 2 ? Les prières de guérison, rituelles ou non rituelles. Pas les bénédictions. Une prière est une chose, une bénédiction en est une autre; plus précisément : une prière et une bénédiction ascendante (une invocation) sont une chose, et une bénédiction descendante (une bénédiction proprement dite) en est une autre . Et quand FS s’ouvre à la bénédiction des couples irréguliers ou homosexuels, il parle précisément de bénédictions descendantes (cf. n. 30), de bénédictions sur ces couples, données à ces couples. Et donc les bénédictions diffèrent essentiellement des prières.

Conséquence : le prêtre peut accomplir des prières non liturgiques, comme tout autre chrétien ; alors que lorsque le prêtre bénit (bénédiction descendante), il bénit en tant que ministre de l’Église, même si sa bénédiction n’est pas rituelle. Cette dernière bénédiction est-elle liturgique ? Si l’on entend par « liturgique » une action de l’Église, oui, elle l’est. Si, en revanche, nous entendons par « liturgique » un synonyme de « rituel », alors ce n’est pas toujours le cas. Mais dans les deux cas, le prêtre bénit en tant que ministre de l’Église, alors qu’il ne prie pas toujours en tant que ministre de l’Église.

Une prière pour les malades, comme toute autre prière, peut ne pas être liturgique, c’est-à-dire ne pas être accomplie au nom de l’Église, même lorsqu’un prêtre y participe. Alors que ce n’est pas le cas d’une bénédiction sacerdotale, qui est toujours ecclésiale et, en ce sens, liturgique, même si elle n’est pas rituelle.

Tornielli prend donc le contre-pied lorsqu’il prétend poser la distinction faite par le cardinal Ratzinger, qui concernait les prières pour les malades, comme un précédent pour légitimer celle introduite par FS, parce qu’il ne considère pas la distinction fondamentale entre la prière, même du prêtre, et la bénédiction.

Ensuite, il y a une deuxième différence évidente, qui a échappé (peut-être) à Tornielli. A savoir celle entre une personne malade et un couple homosexuel ou vivant more uxorio. Si le directeur éditorial du Dicastère pour la Communication avait réfléchi ne serait-ce qu’un instant à cette distinction, il aurait compris pourquoi il n’est en aucun cas possible de bénir ces derniers, alors qu’il est au contraire plus que légitime de bénir les malades (d’ailleurs, l’Instruction de 2000 ne parle pas de bénédiction des malades, mais de prière). Et la réponse se trouve toujours dans ce Responsum de 2021, avec lequel FS est entré en contradiction flagrante : « ne sont donc compatibles avec l’essence de la bénédiction impartie par l’Église que les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir ces desseins ».

Ordonnées. Le malade est ordonné pour servir les desseins de Dieu alors que la relation que constitue le couple vivant sexuellement hors mariage est objectivement désordonnée.

Toujours à la fin de l’article, Tornielli commet une nouvelle erreur assez grossière. La bénédiction pastorale de FS ne légitimerait en aucun cas, selon lui, la praxis sexuelle extraconjugale, car elle aurait le simple sens d’une « invocation à Dieu pour qu’il permette aux semences de bien de croître dans le sens qu’il désire ». Mais une invocation est une prière ou une bénédiction ascendante, et non descendante, ce qui est précisément ce que FS a introduit. Mais dans ce cas, le prêtre n’a pas à faire de geste sacerdotal de bénédiction sur le couple qui se présente, comme tracer le signe de croix ou imposer les mains. Ceci, en revanche, a lieu, avec de nombreuses photos publiques – comme celles du père James Martin – auxquelles il Signore Tornielli n’a même pas pris la peine de consacrer une seule ligne de critique.

Le magicien-mentaliste Tornielli doit être bien rouillé dans ses arts d’illusionniste s’il pense pouvoir tromper qui que ce soit avec la pseudo référence à Ratzinger. Un tel article démontre plutôt, une fois de plus, le manque total d’autorité de ce pontificat, que la nomination au Dicastère pour la Doctrine de la Foi d’un théologien de la « trempe » de Fernández ne peut qu’aggraver. Il semble vital pour ce pontificat de recourir à l’autorité de Ratzinger pour donner de l’autorité à ses créations claudicantes, quand elles ne sont pas manifestement inadmissibles. Un phénomène enregistré dès le début, avec la prestation du collègue de Tornielli, Mgr Dario Edoardo Viganò, qui avait tenté d’enrôler Ratzinger parmi les partisans de la haute théologie de François, immédiatement déboulonné par la finesse du pape émérite [cf. benoit-et-moi.fr/2019/dossier-lettergate ].
VaticanNews a réessayé et n’a pas fait meilleure figure, mais le problème demeure : ce pontificat ne parvient pas à avoir la moindre autorité et a toujours besoin de recourir à des confirmations extérieures faisant autorité. Qui en fait n’existent pas : ce ne sont que les illusions du magicien Tornielli.

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