Ce qui a attiré l’attention des commentateurs dans le dernier livre-interview du Pape, c’est sa déclaration de guerre à Mgr Gänswein. Un fait certes pas anodin, mais moins significatif, à la réflexion, que le fait qu’il ait confié à son interlocuteur les secrets du conclave. Et pas de celui qui l’a élu, mais de celui qui a élu Benoît XVI en 2005. Pourquoi? S’agit-il de faire diversion, ou d’allumer un contre-feu au moment où risquent de ressortir les irrégularités qui ont entaché le conclave de 2013, si graves que certains, comme on le sait, doutent de la légitimité de son élection? C’est la question (enfin, l’une des questions) que pose ici l’un des intervenants récurrents de Marco Tosatti qui signe sous le mystérieux pseudo Mastro Titta [du nom du dernier bourreau des Etats pontificaux, actif jusqu’en 1865. Tout un programme!]

Alerte ! Nouvelles règles pour l’élection du pape en vue?

La prophétie de Mastro Titta.

Parvenu au sommet de la montagne vaticane, avant de contempler les décombres en contrebas, Bergoglio s’auto-transfigure, se congratulant lui-même dans une rafale d’autobiographies, de mémoires, de confessions, de ragots et autres produits papetiers goûteux.

Cette série de biographies devrait servir de testament spirituel, elle finit par faire penser aux mémoires de Zlatan Ibrahimovic.

Je souhaite aux éditeurs de ces patchworks papaux d’en vendre autant, en attendant je dissipe les doutes à coups de serpe.
(…)

Je serais curieux de savoir ce que les goûteurs officiels du souverain, ceux qui goûtent sa soupe en espérant échapper à une mort pire, pensent de ce dernier ouvrage de Bergoglio, « El Sucesor », qui suit d’une bonne semaine l’autobiographie précédente [« Life »], celle de l’acceptationisme suicidaire de ceux qui se sont fait vacciner (au négationiste suicidaire anti-vax [l’une des déclarations-choc de Bergoglio dans « Life »], vu le résultat, doit forcément correspondre une figure similaire), avec les anticipations qui devraient convaincre les masses de passer des nuits blanches devant les librairies pour s’accaparer l’iPope 15.

Bergoglio aime le poison et aime s’en servir. Surtout, LE servir. Parfois, il s’abaisse à des méthodes plus brutales, comme la Saponificatrice de Correggio [une tueuse en série cannibale qui a sévi au début du siècle dernier] qui préparait des biscuits à base d’entrailles de ses victimes pour les dames dont elle s’apprêtait à défoncer la tête. Le résultat est la banalité de l’injure, qui est un peu le leitmotiv de l’Église sortante.

C’est ce que rapporte Dagospia [un site de « ragots » mais très bien informé et que tout le monde lit … en cachette]. À ses scribes, François expose les subterfuges du conclave qui a élu Ratzinger : ils m’ont « utilisé », dit-il, pour éviter l’élection de Ratzinger, ils ne voulaient pas d’un pape « étranger ».

Étranger à qui ou à quoi ? Ils ne voulaient pas d’un pape opposé à la « saleté dans l’Église » ?

Quel intérêt pour Bergoglio d’accréditer une papauté de rupture au crépuscule de celle-ci, notamment en ce qui concerne la discipline canonique ? Pourquoi préciser, avec une pointe de regret et après onze ans, qu’il est le successeur de Pierre et de Joseph ?

Sur ce sujet les cardinaux sont contraints au silence, contrairement aux papes, précise avec zèle cette Gorge profonde [allusion au Watergate] de lui-même. Heureusement qu’ils ont élu Ratzinger, dit-il, au lieu de celui qui « fait tant de bruit », c’est-à-dire lui-même, oubliant qu’il a été élu en 2013. Dieu en conclave « ne laisse aucune marge de manœuvre », juge-t-il.

Ainsi, ceux qui pensent que le pape légitime n’est pas François doivent au moins reconnaître que François est légitimement Bergoglio, et non un cotis de porc bavarois. Les autres successeurs, papes ou non, seront-ils aussi Bergoglio ou trahiront-ils le mandat du Refondateur ?

Dans ces quelques phrases se trouve tout le contenu du livre. Le reste est sans doute comme les haricots : il remplit et fait du vent. Le scoop monumental consigné dans l’histoire et certifié par la cellulose [/le papier] est que Bergoglio, selon ses dires, EST le pape.

Il y a des considérations remarquables à faire. Comme d’habitude, ce qui compte n’est pas le livre, qui sera lu par ses biographes, ses détracteurs les plus ardents et quelques autres, mais l’anticipation donnée en pâture aux masses qui ne lisent pas [de livres]. Une anticipation qui, au-delà des poux que l’on pourrait chercher à chaque boutade, dissimule habilement de graves questions.

La première : pourquoi Bergoglio se réfère-t-il au Conclave qui a élu Ratzinger et non à celui qui l’a élu ? Il sait très bien que les « manœuvres » sont expressément interdites par Universi Dominici Gregis. Jette-t-il le pavé dans la mare pour insinuer, laissant les « conclusions » aux goûteurs officiels, que Ratzinger était un pape illégitime ? Au cas où le livre contiendrait des évaluations de conformité – le pape peut tout – sur sa propre élection, je parierais un rein que dans son cas, tout était régulier.

La deuxième : quelle urgence y aurait-il à égratigner un conclave vieux de dix-neuf ans ? Quel besoin y aurait-il de recourir maintenant à ce pouvoir des papes de dire ce qui se passe dans leur tête en l’attribuant aux surprises de l’Esprit, concernant un aspect aussi déterminant que l’élection du pontife? Qu’est-ce que cela apporte aux fidèles de l’espèce commune, à part la photo de groupe des cardinaux électeurs décrits comme une clique de maniaques dormant avec le manuel Cencelli sur leur table de chevet [guide pratique permettant d’évaluer le poids de chaque « courant » au sein du Sacré collège]

La troisième . Bergoglio, pape ou pas, est un homme en guerre ouverte contre l’Église, et tel un paysan français contestataire, il asperge l’édifice de fumier. Tonnant en public contre le commérage, il l’a érigé en forme privée de gouvernance ecclésiale. Je crois donc que ce « El Sucesor » est la liqueur qui prépare à avaler la pilule amère.

Préparons-nous alors à une Constitution apostolique imminente qui annulera Universi Dominici Gregis, en redéfinissant une fois pour toutes de nouveaux critères synodaux, inclusifs, durables et résilients pour l’élection des successeurs. L’excellent Tucho Besame Mucho l’écrira en la justifiant : une femme pape, athée, pro-vaccin et éventuellement national-socialiste modérée, mais à durée limitée, comme les bénédictions aux couples homosexuels : dix minutes, dix semaines, dix ans. Le temps est relatif.

Elle ne fera pas de bruit comme les baisers bénis entre homophiles, mais dans le silence approbateur général, elle donnera le coup de grâce à la papauté telle que nous l’avons reçue et connue.

Estote parati [« tenez-vous prêts », cf. Matthieu 24,44].

Si je me trompe, corrigez-moi [citation de Jean-Paul II].

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