Commentaire du Wanderer:

Aussi bon que soit le document, le fait est que la figure du cardinal Victor Fernandez a perdu toute autorité à partir du moment où il a publié Fiducia supplicans avec les mises au point ultérieures, provoquant des soulèvements épiscopaux de dimensions continentales, et après que son livre occulte a été connu, dans lequel son goût pour l’érotisme et sa complaisance à débiter des histoires scabreuses ont été révélés.

« Dignitas infinita » : morceaux choisis du texte du Vatican sur la dignité humaine

Dignitas infinita.

Éminence, sur ce qu’on ne peut plus dire, mieux vaut se taire.

caminante-wanderer.blogspot.com

Ces derniers jours, j’ai demandé à plusieurs amis leur premier avis sur Dignitas infinita, la dernière œuvre du cardinal Fernández. Tous, sans exception, m’ont dit qu’ils ne l’avaient pas lue et ne la liraient pas, car elle n’avait aucun intérêt. Je me suis alors demandé si cela valait la peine de passer mon temps à écrire sur ce document et à distraire l’attention des lecteurs sur ces questions. Le questionnement est sincère, même s’il y a quelques années il aurait semblé insensé, et il l’est parce que nous sommes face à un fait incontestable : le pontificat de François est terminé, périmé ; la seule chose qu’il puisse faire jusqu’au moment de son départ vers la Maison du Père est de durer et, mieux encore, de se taire. Nous savons déjà ce qui se passe lorsqu’il agit : il suffit de regarder le chaos qu’il a provoqué ces derniers jours dans le vicariat de Rome.

Pour être honnête, le document est moins mauvais qu’il n’aurait pu l’être. Il énonce quelques vérités de bon sens catholique – aucun catholique n’a jamais pensé que la gestation pour autrui était une bonne chose, par exemple – bien qu’il les énonce de manière superficielle, à la manière de Tucho.

Mais aussi bon que soit le document, le fait est que la figure du cardinal Victor Fernandez a perdu toute autorité à partir du moment où il a publié Fiducia supplicans avec l’explication ultérieure nécessaire, provoquant des soulèvements épiscopaux de dimensions continentales, et après que son livre occulte a été connu, dans lequel son goût pour l’érotisme et son plaisir à débiter des histoires scabreuses ont été révélés.

Un cardinal pornographe qui provoque des divisions rarement vues dans l’Église ne peut pas être à la tête du dicastère qui défend l’orthodoxie de la foi. Il devrait démissionner et obtenir un poste d’aumônier d’un couvent de religieuses (et non de frères, pour éviter toute confusion). S’il ne le fait pas, c’est tout simplement parce qu’il n’a aucune dignité – ni finie, ni infinie – et qu’il n’est soutenu à son poste que par la volonté tyrannique et englobante de son maître. Dans ces conditions, même si Tucho rédigeait une nouvelle Pascendi [Pascendi Dominici gregis, l’encyclique de Pie X en 1907, condamnant les erreurs du modernisme, ndt], il ne serait pris au sérieux ni par les tradis ni par les progressistes.

Par conséquent, la meilleure chose qu’il puisse faire est de rester silencieux ; ni parler ni écrire, car tout ce dont il parlera et écrira sera entaché et perdra toute forme d’efficacité. Taisez-vous, Éminence, c’est le meilleur cadeau que vous puissiez faire à l’Église après les énormes torts que vous lui avez causés.

La première chose qui fait du bruit dans le document, c’est le nom : peut-on attribuer à l’homme une quelconque qualification infinie ? L’homme peut-il, sans tomber dans la contradiction, étant un être fini, avoir un attribut ontologique infini ? Je ne suis pas théologien, mais cela me semble étrange, très étrange.

Un deuxième élément qui, plus que du bruit, provoque un vacarme, est l’insistance à lier la dignité de l’homme à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. En fait, ce document des Nations Unies est mentionné 26 fois tout au long des écrits de Tucho. L’argument du cardinal Fernandez est que si la question de la dignité humaine a toujours été défendue par l’Église, c’est vraiment avec la Déclaration des droits de l’homme qu’elle atteint sa splendeur. Il affirme qu’il s’agit d’un « nouveau principe de l’histoire humaine, selon lequel l’être humain est d’autant plus « digne » de respect et d’amour qu’il est plus faible, plus misérable et plus souffrant, au point de perdre sa propre « figure » humaine, ce qui a changé la face du monde » (n. 19). Il est remarquable que Son Éminence omette de se référer à tout ce que l’Église a fait pour les plus faibles, les plus misérables et les plus souffrants depuis ses débuts : faut-il lui rappeler les Actes des Apôtres dans lesquels il est question de la nécessité des diacres, ou encore saint Vincent de Paul, pour ne citer que deux exemples parmi les centaines que l’on pourrait mentionner ? Il s’avère donc qu’une déclaration constitutionnellement athée, comme la Déclaration des droits de l’homme, qui ne mentionne jamais Dieu, et à laquelle l’Église a officiellement résisté, devient avec le nouveau pontificat de François la pierre angulaire d’une partie importante de son magistère.

Et je crois que je n’exagère pas en parlant de la conception sous-jacente du pontificat de François comme la fondation d’une nouvelle Église, en concubinage avec le monde. Le document dit : « Dans cette perspective, l’Encyclique Fratelli tutti constitue déjà une sorte de Magna Carta des tâches actuelles de sauvegarde et de promotion de la dignité humaine » (n. 6). Oubliés les De hominis opificio de saint Grégoire de Nysse, et Agnosce, o christiane, dignitatem tuam du Sermon 21 de saint Léon le Grand, dont nous célébrons la fête aujourd’hui. La magna carta sur la dignité de l’homme n’est pas donnée par les Pères et la Tradition de l’Église, mais par… Fratelli tutti de Bergoglio ! on croit à une blague.

Le document, nous l’avons dit plus haut, est très superficiel, avec une abondance inexplicable de mots et d’expressions entre guillemets, et commet des erreurs grossières, dont la plus notable est la référence à la peine de mort. Il est dit au n. 34 qu’elle « viole la dignité inaliénable de toute personne humaine au-delà de toute circonstance ». En d’autres termes, la peine de mort est condamnée par Fernandez parce qu’il la considère comme intrinsèquement immorale, ce qui pose un grave problème puisque l’enseignement millénaire de l’Église, jusqu’au pape François, a toujours considéré l’application de la peine de mort comme licite dans des cas extrêmes. Qui plus est, dans les États pontificaux eux-mêmes, elle a été appliquée jusqu’en 1870, avec une décapitation à Palestrina, et la figure de Mastro Titta et de son œuvre sur la Piazza del Popolo est bien connue [cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Angelo_Targhini_et_Leonida_Montanari].

Que fait-on alors des papes et des saints qui ont condamné des prisonniers à mort, on les dé-canonise ?

La peine de mort, en tout cas, est peut-être inappropriée aujourd’hui, mais le cannibalisme institutionnel enragé de François et de ses semblables ne peut pas aller jusqu’à l’extrême de la condamnation de tous les papes et médecins qui l’ont précédé.

Quelque chose d’analogue se produit lorsqu’il parle de la guerre. Transpirant un émotivisme complètement inapproprié pour un document du Saint-Siège, il déclare :

« Aucune guerre ne vaut les larmes d’une mère qui a vu son enfant mutilé ou tué ; aucune guerre ne vaut la perte de la vie, même d’une seule personne humaine, un être sacré, créé à l’image et à la ressemblance du Créateur ; aucune guerre ne vaut l’empoisonnement de notre Maison commune ; et aucune guerre ne vaut le désespoir de ceux qui sont forcés de quitter leur patrie et sont privés, d’un moment à l’autre, de leur maison et de tous les liens familiaux, amicaux, sociaux et culturels qui ont été construits, parfois pendant des générations. […] Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de soutenir les critères rationnels élaborés dans d’autres siècles pour parler d’une possible « guerre juste » (n. 39).

En quelques mots, le pape François, par l’intermédiaire de Tucho, reprend à son compte la doctrine séculière non seulement de l’Église mais aussi du système juridique lui-même, en niant et en condamnant le droit des nations à l’autodéfense légitime et en niant également le concept de « guerre juste ». Ce serait, selon eux, une nouvelle erreur de saint Thomas et de tant d’autres saints et docteurs, que la brillante intelligence de Tucho Fernandez, s’appuyant sur Fratelli tutti, est venue clarifier. C’est une blague…

Enfin, le document présente aussi quelques curiosités. Par exemple, il indique à juste titre au n. 57 que la cohérence scientifique de la théorie du gender est contestée dans la communauté des experts. Mais comment se fait-il que dans tous les documents de François, et dans ce document lui-même, il n’y ait aucune question ou allusion à la discussion très forte au sein de la communauté scientifique sur les causes anthropogéniques du changement climatique ? Mystérieuses préférences pontificales.

En conclusion, je ne dirais pas que Dignitas infinita est un mauvais document. C’est un document superficiel et médiocre ; une occasion manquée, d’avoir dit les bonnes choses qu’il dit, dans un langage clair et énergique, loin de l’émotivisme comme ancrage éthique et détaché des circonstances passagères d’un pontificat qui sera caractérisé par la confusion et le chaos.

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