Un tweet d’un très proche du pape, Austen Ivereigh, qui m’est tombé sous les yeux par hasard, sème une nouvelle fois la confusion dans la hiérarchie de l’Eglise. Selon un article paru dans la revue des jésuites américains « America », François s’apprêterait à donner une nouvelle preuve de sa magnanimité en nommant Georg Gänswein (qu’il vient d’insulter publiquement et copieusement dans son dernier recueil de ragots) nonce apostolique. Sous réserve de trouver une nonciature qui veuille bien du renégat (ce n’est pas la première fois qu’on nous fait le coup du nonce à propos du secrétaire de Benoît XVI…) .
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La rumeur est certifiée par la journaliste Elisabeth Piqué, elle aussi thuriféraire attitrée du pape, et l’article est signé de Gerald O’Connel…. son époux! On reste en famille.
L’article d‘America est en accès payant, j’ai réussi à me glisser dans une fente du paywall d’une demi-seconde, et j’ai téléchargé l’article…
Attention, c’est tellement caricatural qu’on se demande si l’article ne devait pas être publié il y a 11 jours, le 1er avril, et s’il n’a pas été oublié depuis lors dans un quelconque tiroir.
Quoi qu’il en soit, si vous êtes allergique à la flagornerie, passez votre chemin. Les autres apprécieront la méthode Bergoglio à sa juste valeur.
Le pape François réhabilite un ancien collaborateur de Benoît XVI en le nommant nonce.
Gerard O’Donnel
11 avril 2024
americamagazine.org
François est un pape de surprises mais aussi de miséricorde [ndt: prière de ne pas rire]. Ces deux attributs ont façonné la relation complexe et difficile du pape avec l’archevêque Georg Gänswein, 67 ans, ancien secrétaire particulier du pape Benoît XVI. Après la mort de son prédécesseur, François a renvoyé Mgr Gänswein dans son diocèse d’origine en Allemagne, une décision malvenue pour l’ancien secrétaire particulier qui souhaitait obtenir un nouveau poste à Rome. Mais le pape a décidé de le nommer nonce, ou ambassadeur, au sein du corps diplomatique du Vatican.
La nouvelle inattendue a été annoncée cet après-midi, heure de Rome, par Elisabetta Piqué (mon épouse) dans un article de La Nacion, le quotidien argentin dont elle est la correspondante en Italie et au Vatican.
« Malgré les tensions entre les deux, le pape François a décidé de faire table rase du passé et de donner un nouveau départ et une nouvelle mission à l’ancien secrétaire privé de Benoît XVI, l’archevêque allemand Georg Gänswein, qui sera bientôt désigné comme nonce dans une partie du monde ».
Elle a fondé son rapport sur des « remarques indiscrètes circulant au Vatican » qu’elle a jugées crédibles.
Elle a rappelé que lorsque Mgr Gänswein est venu à Rome pour célébrer la messe dans la basilique Saint-Pierre le 31 décembre, date du premier anniversaire de la mort de Benoît XVI, il a été reçu en audience par le pape François. Il semble qu’à cette occasion, l’archevêque allemand ait exprimé son malaise face à l’absence de rôle ou de mission dans son diocèse d’origine ou dans l’Église et ait fait part de son désir de s’en voir confier un. Puis, « dans ce que certains [au Vatican] interprètent comme une forme de pardon », a-t-elle déclaré, François a décidé de l’affecter à une nonciature dans un pays non encore nommé.
Cette nouvelle en surprendra certainement plus d’un à Rome et ailleurs dans le monde, qui avaient conclu que Mgr Gänswein avait torpillé sa carrière dans l’Église avec son livre Nient’altro che la verità.
Dans cette publication, l’archevêque Gänswein affirmait que François ne lui avait jamais vraiment fait confiance et suggérait que Benoît n’était pas d’accord avec certaines décisions de François.
Selon de nombreuses personnes au Vatican, son livre révèle un manque de fiabilité, de loyauté et de réserve de la part d’un homme qui était censé servir deux papes. Dans ce livre, il déplore également le fait que François l’ait suspendu de son rôle de préfet de la maison pontificale en 2020 et lui ait demandé de consacrer toute son attention à la prise en charge de Benoît XVI, malade, ce qu’il considère comme une rétrogradation.
Les suggestions selon lesquelles François pourrait l’affecter à un autre poste au sein de la Curie romaine ont également été écartées après la mort de Benoît XVI, ont déclaré à America des sources informées qui n’ont pas souhaité être nommées, notamment parce que l’archevêque avait publié une correspondance privée entre Benoît XVI et le pape François dans son livre révélateur.
Le livre a été publié le jour des funérailles de Benoît XVI [faux!!! ] et des extraits ont été publiés au moment de sa mort. Se référant à cet événement, le pape François a déclaré au journaliste espagnol Javier Martínez Brocal, dans un récent livre d’entretiens intitulé El Sucesor, mis recuerdos de Benedicto XVI, qu’il avait « ressenti de la douleur » à l’idée que Benoît XVI « soit utilisé » de cette manière et a décrit la publication du livre à ce moment-là comme « un manque de noblesse et d’humanité ». De plus, il a déclaré : « Publier un livre qui m’attaque le jour des funérailles, en racontant des choses qui ne sont pas vraies, c’est très triste ».
Dans El Sucesor, François a révélé que le secrétaire de Benoît XVI « m’a parfois causé des difficultés ». Citant un de ces incidents, il a déclaré avoir demandé à Mgr Gänswein de prendre « un congé volontaire » de son rôle de préfet de la maison pontificale à la suite de la publication du livre du cardinal Robert Sarah, Des profondeurs de nos cœurs, initialement publié avec Benoît XVI comme coauteur ; le pape Benoît XVI a ensuite demandé au cardinal guinéen de faire retirer son nom. Le livre cherchait à empêcher toute modification de l’obligation de célibat des prêtres dans l’Église catholique romaine, qui faisait l’objet d’un débat lors du synode d’Amazonie. Benoît s’est ensuite distancié du livre [faux!!!], et François a rejeté la responsabilité de la débâcle sur l’archevêque Gänswein. François a également déclaré qu’après avoir observé le rôle influent joué par les collaborateurs de Benoît XVI, il avait décidé de « dissoudre le secrétariat papal », poste qu’occupait Mgr Gänswein, car « il n’est pas bon d’avoir un secrétaire tout-puissant ».
L’année dernière, des médias ont fait état de rumeurs non confirmées selon lesquelles le pape François pourrait envoyer Mgr Gänswein au Costa Rica ou dans un autre pays pour y exercer les fonctions de nonce apostolique. Mais à l’époque, America a appris de sources vaticanes informées qui n’étaient pas autorisées à s’exprimer officiellement que cette proposition avait été rejetée par le pape.
Malgré tout, le pape François a décidé non seulement de pardonner à l’archevêque allemand, mais aussi de lui confier une nonciature.
Mgr Gänswein a été ordonné prêtre en 1984 à Fribourg, en Allemagne, et est arrivé à Rome en 1993 où il a étudié le droit canonique. Il a commencé à travailler à la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements en 1995. En 1996, il a été transféré à la Congrégation pour la doctrine de la foi, alors dirigée par le cardinal Joseph Ratzinger, dont il est devenu le secrétaire en 2003.
Lorsque le cardinal Ratzinger a été élu pape le 19 avril 2005, il est devenu le secrétaire privé de Benoît XVI, fonction qu’il a occupée jusqu’à la mort de ce dernier. À la veille de sa démission en 2013, Benoît XVI a ordonné Gänswein comme archevêque et l’a nommé préfet de la maison pontificale, une décision qui a été largement perçue à Rome comme un moyen de le protéger. En tant que préfet, il a exercé une grande influence au Vatican. François l’a maintenu dans ce rôle jusqu’en janvier 2020, date à laquelle il lui a demandé de prendre un congé pour s’occuper de son prédécesseur. François ne l’a jamais ramené à son ancien rôle, même après la mort de Benoît, et lui a plutôt dit qu’il devait retourner dans son diocèse d’origine, comme l’avaient fait les précédents secrétaires pontificaux.
La décision du pape François de le nommer nonce, que le Vatican n’a pas encore annoncée, ouvre un tout nouveau chapitre dans la vie de cet archevêque allemand.