(Mise à jour le 25/4) Ce sont les deux tâches immenses qui sont assignées à son secrétaire, et dont il s’acquitte avec rigueur et fidélité. Cet article de la revue d’apologétique italienne Il Timone fait la synthèse d’un discours que Georg Gänswein a prononcé récemment à Heiligenkreuz (un monastère cher au Saint-Père [*]) où il s’est rendu ces jours-ci. Le sujet de la rencontre – intitulée « La beauté, le défi et la crise de la prêtrise » – était l’avenir de la prêtrise et la compréhension qu’en ont les prêtres eux-mêmes.

Benoit XVI à Heiligenkreuz, 9 septembre 2007

(*) Sur les liens spéciaux entre Benoît XVI et le monastère cistercien, ce site a publié plusieurs articles, remontant à la visite mémorable qu’il y avait faite le 9 septembre 2007, lors de son voyage apostolique en Autriche. En voici quelques-uns:

«Ratzinger voulait une théologie du sacerdoce pour résister à la modernité».


Giuliano Guzzo
Il Timone
19 avril 2024

Plus d’un an après sa mort, la pensée de Joseph Ratzinger/Benoît XVI continue de montrer toute sa grandeur et son actualité, confirmant qu’il est toujours capable de guider théologiquement l’Église. Preuve en est le récent discours de son secrétaire particulier historique, l’archevêque Georg Gänswein, qui devrait prochainement devenir nonce en Lituanie.

Gänswein a pris la parole le week-end dernier en Autriche, dans le monastère cistercien de Heiligenkreuz – le plus ancien au monde sans interruption depuis sa fondation jusqu’à aujourd’hui – en compagnie de théologiens locaux et du cardinal Kurt Koch.

Le sujet de la rencontre – intitulée « La beauté, le défi et la crise de la prêtrise » – était l’avenir de la prêtrise et la compréhension qu’en ont les prêtres eux-mêmes. Dans ce contexte, selon ce qui a filtré dans les médias, Gänswein a été témoin de ce qui, sur ce sujet, était la perspective de feu le pape Benoît XVI/Joseph Ratzinger.

Ainsi, son secrétaire historique a pu rappeler quelle était la pensée de Ratzinger sur le sacerdoce.

Comme sur tant d’autres sujets, la pensée du théologien allemand était raffinée et courageuse. En fait, Gänswein a rappelé comment Benoît s’était efforcé de formuler une « théologie solide du sacerdoce », capable de résister « même aux malentendus du monde moderne ». Une tentative devenue nécessaire, a ajouté l’archevêque, au vu du grand nombre de ceux qui ont abandonné le sacerdoce, ainsi que de la « chute drastique des vocations sacerdotales dans de nombreux pays ». Ces deux aspects, il faut le dire, ne peuvent pas être attribués exclusivement à des raisons théologiques ; cependant, le pontife allemand a vu – comme dans d’autres domaines – une crise théologique à l’origine du phénomène.

C’est pourquoi, rappelle Gänswein, Benoît XVI s’est engagé pour que le sacerdoce puisse être « justifié christologiquement », puisque les prêtres sont « appelés par le Seigneur ressuscité et habilités par le sacrement ». Par suite, pour Ratzinger, le sacerdoce n’était pas une « fin en soi dans un aspect quelconque de son existence », mais existait pour le service de l’Église. Leurs caractéristiques distinctives étaient – et doivent redevenir – « le désintéressement et l’expropriation de soi en faveur du Seigneur ».

Pour rendre son propos encore plus clair, Benoît XVI a comparé le sacerdoce et son service à un pont entre les deux rives de l’histoire du salut et de la tradition catholique, d’une part, et « l’homme moderne, l’homme de tous les temps, d’autre part », a ajouté Gänswein.

Surtout dans un contexte comme celui d’aujourd’hui où, au-delà de la désertification des séminaires et des églises, un chaos semble régner en maître, éclipsant cette espérance, comme le rappelait Antonio Socci dans Il Timone de ce mois-ci, sans laquelle « la foi et la charité ne sont qu’un cimetière »

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