Lors d’une rencontre, elle aussi à huis clos, avec les jeunes prêtres de Rome (après celle avec les évêques italiens), le pape s’est à nouveau laissé aller à des propos « border line », cette fois carrément misogynes. Avant d’évoquer, devant un auditoire de plus en plus réticent (seulement 72 présents sur quelque 150 « convoqués ») les « commérages » qui sont sa hantise, et des faits présumés de corruption, sans autre précision. Accusant ainsi tout le monde et personne.
A quel jeu joue-t-il?
Est-ce ainsi qu’il s’y prend pour vider les séminaires?

Le pape, le chiacchiericcio, la corruption

AM Valli
31 mai 2024

Nous savons que le pape Bergoglio fait une fixation sur les commérages [chiacchiericcio]. Chaque fois qu’il rencontre des prêtres et des religieuses, il évoque ce concept. Il l’a fait d’innombrables fois et, ponctuellement, il l’a fait à nouveau dans la maison des Suore Pie Discepole del Divin Maestro [Sœurs Disciples du Divin Maître], où il a rencontré mercredi soixante-douze prêtres du diocèse de Rome (plus de cent cinquante avaient été invités) ordonnés au cours des dix dernières années.

Il n’est pas difficile d’imaginer les nombreux problèmes de ces prêtres dans une métropole comme Rome. Pourtant, le pape, leur père et pasteur, n’a rien trouvé de mieux que de les mettre en garde contre les ragots, une mise en garde qui relève d’une obsession qui lui est propre.

Cette fois, il a ajouté que « le commérage est une affaire de femmes », un concept qui ne mériterait même pas d’être pris en considération s’il n’avait pas été exprimé, précisément, par le pape devant un parterre de prêtres.

Après la « frociaggine », voilà une nouvelle intempérance. Les destinataires de la première étaient les évêques italiens, ceux de la seconde les prêtres de Rome. Ce n’est pas un hasard. Et il ne s’agit pas seulement de tristes manifestations d’une sénilité galopante. Bergoglio sait toujours ce qu’il dit, pourquoi il le dit et à qui il le dit. Et à ces deux occasions, en utilisant ce langage, il a voulu manifester tout le mépris qu’il a pour l’épiscopat italien et pour le clergé de Rome (qui, le sachant, a pratiquement déserté le rendez-vous).

Mais Bergoglio a ensuite dit autre chose :

« Ce qu’il y a dans le diocèse, ce sont des problèmes de corruption, je le dis franchement. Des problèmes de corruption. J’essaie, avec les évêques auxiliaires, d’y apporter des solutions, de les résoudre. La semaine dernière, j’ai reçu des informations : ceci est problématique, ceci est problématique ».

L’accusation est grave. Et à ce stade, le pape, évêque du diocèse de Rome, devrait clarifier les choses. À quoi fait-il référence ? De quelle corruption parle-t-il ? Par qui ? Dans quelles circonstances ?

Imaginez l’effet de ces paroles sur les prêtres auxquels il s’adresse. Déjà que la vie des prêtres n’est pas facile, voilà que le pape insinue une « corruption » dans le diocèse. Dans quel esprit ces prêtres retourneront-ils dans leurs paroisses et dans leur mission ? Et quand le pape parle ainsi, de manière indéfinie, que fait-il d’autre que des commérages?

Il fut un temps où traiter avec le pape et le Vatican signifiait, malgré la diversité des idées et des positions, s’élever intellectuellement et spirituellement. Aujourd’hui, cela signifie s’abaisser à des niveaux inférieurs, dans une mer de trivialité, de mesquinerie et de sordide.

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