Reprise en annexe d’un article de 2014, illustrant combien le pape (« je vais où je veux quand je veux ») est coutumier du fait.

Hier, le pape de l’Eglise « en sortie » devait aller à la rencontre des habitants d’un quartier périphérique de Rome pour y rencontrer les habitants (un quartier modeste, je précise). Ceux-ci, dûment convoqués via les réseaux sociaux par un curé trop zélé, l’ont sagement attendu toute l’après-midi. En vain. Le Pape avait décidé « sur un coup de tête » de changer sa destination. Motif: ne pas provoquer d’embouteillages (c’est rapporté ici, sur la NBQ).
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Souci louable, certes (on aurait aimé que Biden ait eu le même hier, quand son cortège a paralysé pendant des heures le périphérique parisien), mais manifestation d’un grand mépris pour les gens qui l’attendaient. Ne dit-on pas que l’exactitude est la politesse des rois?

En tout cas, ce n’était pas le premier « lapin » posé par François, comme en témoigne cet épisode de 2014 qui m’est revenu en mémoire, rapporté malicieusement par « Il Mastino », un blogueur assez génial très actif au début du pontificat, et aujourd’hui, mystérieusement muet.
Le contexte, à l’époque, était légèrement différent (en 2014, on avait invoqué la santé du Pape, aujourd’hui, on ne se pose même plus la question), mais le fond reste le même.


Reprise: l’article de 2014

FEUILLETON SUR LA SANTÉ DU PAPE FRANÇOIS

Un article d’Antonio Mastino sur « Libero » daté du 29 juin 2014
(Source)
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Quand la papamobile arrive à la polyclinique Gemelli, les 5000 fidèles présents, dont beaucoup d’handicapés, agitent des banderoles sur lesquelles on lit «Bienvenue, François»
Les malades en fauteuil roulant, les médecins, le recteur de l’université catholique, le directeur de la polyclinique Guizzardi, les caméras de la RAI et de Sat 2000 (la chaîne de la CEI) sont alignés au grand complet pour les trois heures de direct prévues. Il y a surtout l’archevêque de Milan, Angelo Scola, en tant que président de l’Institut Toniolo, l’organisme qui gère l’Université catholique, et donc Gemelli. Tous prêts à accueillir le Pontife avec enthousiasme.


Malheureusement, de la papamobile, personne n’est descendu; François, qui aurait dû célébrer la messe pour les malades à 17h30, à l’extérieur du «Vatican n°3» comme le définissait un malade aussi excellent que Jean Paul II, n’était pas là.


Tandis que les banderoles se dégonflaient dans l’embarras, la suite papale précisait qu’il s’agirait d’une «petite demi-heure de retard»; le pape allait bientôt arriver en voiture. Autre illusion, suivie d’une désillusion encore plus grande: passée la «petite demie-heure», les micros annonçaient simplement que le pape ne viendrait pas du tout. Une décision prise «au dernier moment», selon eux.

Déception des malades et des parents venus de toute l’Italie, embarras des prélats présents, stupéfaction surtout des responsables de Gemelli. Mais non moins fortes et vraiment surprenantes les déclarations à chaud du directeur de la polyclinique, Maurizio Guizzardi, qui a paru très irrité: «Nous sommes déconcertés par l’annulation à la dernière minute de la visite du Pape, déçus surtout pour les nombreux patients qui l’attendaient».

Mais quelles sont les raisons qui «à la dernière minute» ont conduit le Pape de la «miséricorde» à renoncer à la rencontre avec les malades? «Une légère indisposition», a-t-on tout de suite dit à Sainte Marthe; mais ensuite est arrivée une autre justification impromptue, qui démentait partiellement la première, affirmant qu’il était seulement «très fatigué». Excuse? Ou bien santé, fatigue?
Q’en est-il?

A en juger par le ton agacé du directeur Guizzardi, tout laisse à penser qu’à ses oreilles, on ait proposé la première hypothèse. C’est l’avis du prélat de la suite papale (ndt: s’agit-il de Mgr Marini à qui un journaliste a posé la question «que se passe-t-il?», et qui a répondu «Si vous-mêmes ne le savez pas…»). Quant à sa santé, justement ces jours-ci, un vaticaniste qui est chez lui à Sainte Marthe, fidélissime du « tour » bergoglien, a affirmé que le Pape «va très bien, ceux qui disent qu’il va mal sont ceux qui l’espèrent»…

Du reste, le Pape François n’est pas nouveau de ces forfaits à la dernière minute. Il y a exactement un an, alors que dans la salle Nervi (Aula Paolo VI) les musiciens étaient déjà prêts sur la scène pour le concert «en l’honneur du pape», François insoucieux de tout et de tous, fit savoir qu’il n’était pas «un prince de la Renaissance», donc que les concerts ne l’intéressaient pas, et il allait le déserter sans même une note d’excuse. Les musiciens qui s’étaient préparés pendant des mois pour donner au Pontife la preuve de leur maestria artistique, jouèrent devant un fauteuil emblématiquement vide.


En février dernier, une autre «légère indisposition» imprévue fit sauter «à la dernière minute» la traditionnelle rencontre annuelle du Pape avec les étudiants du Séminaire Romain, le «Séminaire du Pape», rendez-vous auquel, depuis des temps immémoriaux, aucun Pape n’a jamais manqué. Déception des séminaristes romains.

Mais que signifient ces forfaits imprévus de François?


Une réponse partielle se trouve dans un livre-interview du temps de Buenos-Aires, où l’on connaissait ces changements de programme «à la dernière minute»: le cardinal lui-même expliquait que «quand je n’ai pas envie de faire une chose, de rencontrer quelqu’un, je dis que je vais mal: j’aime rencontrer qui je veux, quand je veux». En pratique les «légères indispositions». A faire remonter aux humeurs variables, et peut-être aux sympathies/antipathies de Bergoglio.

Et en effet, un autre détail saute aux yeux: cette fois encore, c’est le cardinal Scola, son rival direct au Conclave, qui subit les conséquences des «légères indispositions» de Bergoglio. Déjà par deux fois, l’année dernière, ayant obtenu une audience de François, «à la dernière minute», il lui a fait dire qu’il avait une «légère indisposition». Que certains pensent désormais être contre Scola.
Quoi qu’il en soit, le cardinal de Milan, président de l’Institut Toniolo qui préside Gemelli, a avalé la énième couleuvre, et célébré la messe à la place du Pontife indisposé, dont il a lu l’homélie d’une voix plate.

Mais reste la question: comment va François? On l’a vu rester jusqu’à midi aux audiences avec les fidèles en excellente forme, exactement comme les autres fois où il avait déclaré forfait à Scola et aux autres pour les «indispositions imprévues». La dernière nouvelle officieuse que l’on a de lui remonte à quelques minutes après son boycottage: il se promenait dans les jardins du Vatican, bavardant avec quelque prélat de sa suite.
A Sainte Marthe, ils se sont empressés de dire que la visite du Pape à Gemelli n’est pas supprimée, mais simplement «reportée».

Qui sait.
En attendant, le feuilleton continue.

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