Mgr Fisichella (préfet du Dicastère pour l’Évangélisation depuis 2010) a présenté hier en conférence de presse la « mascotte » du jubilé 2025 (jubilé qui est censé célébrer le 2025-ème anniversaire de la naissance de Jésus, nous rappelle Yves Daoudal). Pas vraiment catholique, avec la figure de Greta Thunberg comme emblème. Et on se demande bien pourquoi le jubilé a besoin d’une mascotte, comme n’importe quel évènement « festif » planétaire mondain (cela nous rappelle tristement Paris 2024).
Mais le scandale ne s’arrête pas là. Le designer chargé de la conception de l’objet s’est signalé par des créations… douteuses, comme des gadgets pour les gay-prides et des vibromasseurs.
Seule consolation: beaucoup de ces hideux objets finiront probablement très vite dans une poubelle (jaune, ou grise? that is the question…)
La mascotte de la controverse
Jubilé: le Vatican fait appel à un designer producteur de gadgets pour la gay pride et de sex toys
Andrea Zambrano
lanuovabq.it
À peine présentée, elle fait déjà parler d’elle : non seulement la mascotte « Luce » du Jubilé 2025 ressemble à Greta Thunberg, mais elle a été conçue par le designer Simone Legno, très actif avec sa marque « Tokidoki ». Et qui a produit des gadgets pour la gay pride et une ligne de vibromasseurs. Se pourrait-il que le dicastère pour l’évangélisation de Mgr Fisichella ne le sache pas ?
Les polémiques et les blagues inévitables sur la mascotte du Jubilé 2025 choisie par le Dicastère pour l’évangélisation du Vatican sont destinées à s’intensifier. Et pas seulement à cause de l’extraordinaire ressemblance de « Luce » avec Greta Thunberg et son éternel imper jaune. La mascotte, en fait, est le résultat de la production artistique d’un designer qui a été impliqué dans beaucoup de choses dans le passé, y compris une Gay pride et même une ligne de sex toys.
La mascotte a été montrée lundi au cours de la conférence de presse de présentation des événements culturels prévus à Rome avant l’ouverture officielle du Jubilé, et du Pavillon du Saint-Siège à l’Expo Osaka, et a été animée par Mgr Rino Fisichella, qui a conclu son discours en présentant « Luce« , la mascotte des deux événements :
« Dulcis in fundo, je suis heureux de présenter la mascotte du Jubilé et d’Osaka ; c’est Luce, créée à partir du désir de vivre aussi dans la culture pop, tant aimée par nos jeunes
.
Née de la créativité de Simone Legno, Luce est la mascotte qui nous accompagnera. Comme vous pouvez le voir, c’est une pèlerine représentée avec les éléments typiques du pèlerin : l’imper jaune pour s’abriter des intempéries ; les bottes salies par la terre du chemin parcouru ; la croix missionnaire autour du cou ; le bâton de pèlerin et surtout les yeux lumineux, symbole de l’Espérance du cœur ».
Mais… se pourrait-il que le Vatican, en lui confiant ce travail, n’ait pas su qu’il s’en remettait à un créatif dans le domaine du merchandising appliqué aux marques commerciales qui, dans son respectable portfolio, avait aussi des produits qui pouvaient difficilement être associés à l’Église, comme des vibromasseurs en forme de diable et des licornes arc-en-ciel ?
Et pourtant, il suffit de faire quelques recherches pour découvrir que Simone Legno, c’est le nom du designer, est bel et bien impliqué dans de nombreuses productions et noue des partenariats commerciaux pour faire la publicité des produits les plus divers avec ses « personnages ».
C’est la loi du commerce, dira-t-on, mais n’y avait-il pas dans tout le monde catholique des artistes capables de concevoir une mascotte pour le Jubilé et qui n’auraient pas connu le succès aussi dans des domaines décidément peu recommandables pour l’Église ? [ndt: et d’ailleurs, avait-on besoin d’une mascotte? Cette manie de singer les évènement mondains dit tout sur la dérive de l’Eglise?]
Tout devient clair à la lecture de la page Instagram de Simone Legno qui a annoncé hier le grand honneur d’avoir participé à un projet historique pour le Vatican : la naissance de la première mascotte dédiée à un Jubilé. Comme on peut le voir sur la photo postée par Legno, on peut lire en bas à gauche « Designed by Tokidoki » avec le logo de l’entreprise dont Legno semble être le cofondateur et l’homme de tête.
Qu’est-ce que Tokidoki ?
Le mot vient du japonais et signifie « parfois ». Mais Tokidoki est la marque créée par Simone Legno, qui collabore aujourd’hui avec certaines des plus grandes marques mondiales : de Karl Lagerfeld au musée Guggenheim, de Sephora à Hello Kitty. Et encore : Marvel, Barbie et Canon.
Bref, un dessinateur qui crée des images influencées par la culture japonaise (Luce a d’ailleurs été immédiatement reconnu comme un produit typique des dessins animés du Soleil Levant). C’est un dessinateur très apprécié et reconnu dans le monde de la bande dessinée et qui est de plus en plus cité au niveau international. Il est, par exemple, le créateur d’ « Italia Chan », la mascotte officielle du pavillon italien à l’Expo 2025 d’Osaka, qui a été présentée lors de la dernière Milano Design Week. C’est indéniable, lors de la prochaine exposition japonaise, l’Italie et le Saint-Siège seront représentés par le même créatif. Un sacré coup !
Le Vatican semble donc s’être confié à un « nom » de la bande dessinée, comme l’a précisé Fisichella
« Ce personnage, dessiné par l’illustrateur Simone Legno, a été conçu avec l’intention de refléter la culture pop, particulièrement populaire auprès des jeunes et porteuse d’un message d’espoir et d’accueil« ,
Mais tout ce qui brille n’est pas or.
Dans son riche panel de collaborations, on retrouve la marque Tokidoki associée au mois des fiertés. Dans un message spécial sur Instagram, Legno souhaite une « Joyeuse pride à tous » et le fait avec un graphique spécial de personnages arc-en-ciel aux dents acérées avec les mots « love« .
Son engagement dans le merchandising de la gay pride, qui remonte à 2021 et l’a amené à San Francisco, se traduit également par la création d’un merchandising spécial composé de marionnettes et de licornes, ce qui semble être sa spécialité. Sur le site Tokidoki des gadgets tels que Pride Lulu Unicorn, Prism Unicorn, et des casquettes avec le logo Tokidoki appelées New Era Toki pride sont en vente.
Des articles à vendre, donc, car soyons clairs, nous ne sommes pas dans le domaine du caritatif, mais du merchandising appliqué à n’importe quel type d’événement.
Hier c’était la Gay pride et aujourd’hui c’est le Jubilé du Vatican. N’est-il pas gênant que la Gay pride soit de plus en plus un événement commercial et de propagande avec un parti pris anti-catholique évident, affichant souvent des images irrespectueuses envers l’Église et parfois même blasphématoires ?
Mais cela ne semble pas déranger le dicastère dirigé par Fisichella, après tout pecunia non olet. Peu importe que celui qui a réalisé l’image qui finira dans les poches de millions de pèlerins dans le monde entier [avant la poubelle!!] ait fait de l’argent avec ça (la pride) et avec ça (le Jubilé). On peut donc s’attendre à ce qu’avec cette opération, le Saint-Siège espère encaisser quelques milliers d’euros, voire des centaines de miliers, de la vente de la marionnette Luce dans toutes ses variantes. Et Legno pourra ainsi se targuer, parmi ses diverses collaborations, de celle avec le Vatican, ce qui ne manquera pas de profiter à ses affaires.
Ce n’est pas un hasard, en effet, si la nouvelle donnée par Mgr Fisichella de la création de Luce, a eu lieu en même temps que l’inauguration du Lucca Comics & games [festival de bande dessinée de Lucques, ndt], l’événement européen le plus important du secteur qui attirera plus de 200 mille visiteurs dans la ville toscane, où Legno & Tokidoki sera l’un des exposants les plus visités. Et avec la publicité que lui fait le Vatican avec l’opération Mascotte, cette visibilité va dès maintenant s’accroître.
Certes, tout cela est légitime, mais que même le Saint-Siège se plie aux règles du marché et du marketing est assez étrange, surtout si le contexte est celui du Jubilé, qui est censé célébrer la joie du fidèle pèlerin à Rome, enfin libéré de toutes les distorsions du péché pour trouver la miséricorde de Dieu. Bref, il y a là quelque chose de dérangeant.
Il y a aussi quelque chose de dérangeant dans le fait que le portfolio de Tokidoki et Simone Legno comporte également des objets qui ne sont pas exactement adaptés à un public de pèlerins. En 2017, par exemple, en collaboration avec la marque Lovehoney, Tokidoki a également prêté ses images à une ligne de vibromasseurs.
Ainsi, dans son prestigieux CV, nous aurons désormais non seulement Tokidoki pour Pride ou Tokidoki pour lovehoney (les vibromasseurs) mais aussi Tokidoki pour Vatican.
C’est la loi du marché. Et elle ne regarde personne en face. Sans parler du péché contre le sixième commandement.