François a pris hier une décision hautement politique, en nommant l’un des « McCarrick Boys », le cardinal McElroy (créé en 2022), 70 ans, actuellement évêque de San Diego, à la tête du diocèse de Washington, assurant ainsi dans la capitale fédérale la présence d’une Eglise résolument anti-Trump .
Un bergoglien pur jus, qui soutient avec bec et ongles toutes les avancées sociétales du pontificat, homosexualité, avortement, agenda climatique, immigration.
Encore un cadeau empoisonné du pape à l’Eglise, après la nomination d’une femme à la tête d’un dicastère-clé (cf. Parité (au Vatican)). Bref, le bouquet final d’un feu d’artifice qui ne fait plus sourire grand monde parmi les catholiques.
Le McCarrick-Boy suivant sera archevêque de Washington
Sainte Marthe veut une position anti-Trump
Giuseppe Nardi
7 janvier 2025
Giuseppe Nardi
Hier, en la solennité de l’Épiphanie, le pape François a nommé un nouvel archevêque de Washington et a ainsi donné un signe politique, à la fois intra-ecclésial et séculier – un signe bergoglien.
Le siège de l’archevêque de Washington n’est pas considéré au sein de l’Eglise comme le plus important des Etats-Unis, c’est celui de Chicago. Et même alors, il y a d’autres évêchés, en raison de l’histoire. L’archevêché de Washington englobe toutefois la capitale fédérale Washington D.C. et revêt donc une importance éminemment politique, car c’est à Washington que se concentre le pouvoir des Etats-Unis, que beaucoup considèrent encore comme la « seule puissance mondiale restante ». C’est également là que réside le nonce apostolique. L’importance s’exprime également par le fait que tous les archevêques de Washington jusqu’à présent ont revêtu la dignité de cardinal, afin de montrer leur rang au pouvoir séculier.
Depuis 2000, le siège archiépiscopal est fermement entre les mains de McCarrick.
Theodore McCarrick a lui-même occupé ce poste de 2000 à 2006 et a veillé, grâce à son habile travail de réseau, à ce que la succession soit assurée pour sa tendance.
Sa ligne signifie deux choses : homophilie et progressisme. Ce dernier point est toutefois lié aux circonstances extérieures. Lorsqu’un pape conservateur régnait à Rome, on savait se mettre à l’abri et se tenir en retrait. Il en va de même pour la majorité politique aux États-Unis. Avec l’ascension de Donald Trump, cette retenue s’est toutefois évaporée. La résistance à Trump est plus forte.
Le cardinal Donald Wuerl (archevêque de 2006 à 2018) a succédé à McCarrick, jusqu’à ce qu’il tombe lui aussi et doive démissionner à cause du scandale McCarrick et du scandale général des abus sexuels. Le pape François a assuré la succession des McCarrick Boys en nommant le cardinal Wilton Gregory (archevêque de Washington de 2019 à 2025).
Le McCarrick-Boy suivant
Hier, il a nommé le cardinal Robert McElroy, le McCarrick-Boy suivant, archevêque de Washington. McElroy est clairement positionné au sein de l’Eglise et dans le monde. Il a défendu par le passé chacune des « ouvertures » aussi controversées que symboliques du pape François, notamment celles en faveur de l’immigration, de l’homosexualité, de l’avortement et de l’agenda climatique. Le cardinal bergoglien a réagi à l’opposition à l’autorisation des bénédictions homosexuelles par l’accusation d’« homophobie ». Dans l’ensemble, McElroy a toujours été présent ces dernières années lorsqu’il s’agissait de demander et de promouvoir la reconnaissance de l’homosexualité.
Que ce soit par obligation ou par conviction, probablement les deux, McElroy est monté au créneau avec force lorsqu’il s’est agi de contrer les tentatives de l’épiscopat américain de déclarer le président américain Joe Biden excommunié et de l’exclure de la communion en raison de sa politique pro-avortement. En cela aussi, ses convictions rejoignaient celles du pape François.
Ce sur quoi McElroy et le pape François s’accordent encore, c’est sur leur approche de fond de la question de l’avortement. Ils sont bien sûr opposés au meurtre d’enfants à naître, mais dès qu’il s’agit d’une question politique, où ils devraient s’opposer à leurs amis de gauche hostiles à la vie, on n’entend plus parler de désaccord.
On ne doit pas toujours en parler, c’est ainsi que François en septembre 2013 décrivait la ligne qu’il imposait à l’Eglise avec son pontificat. Dès qu’ils formulent des revendications politiques, les groupes de défense des droits de la vie sont perçus comme dérangeants. Lors de l’assemblée plénière d’automne 2019, quand la conférence des évêques américains a voté pour savoir si la revendication du droit à la vie pour les enfants à naître devait rester une question centrale, une majorité des deux tiers s’est prononcée en faveur de cette mesure. McElroy, lui, a voté contre.
Chaque année de l’actuel pontificat voit la faction bergoglienne se renforcer au sein de l’épiscopat américain. François place impitoyablement ses partisans et ses soutiens aux manettes partout où il le peut. Le siège de l’archevêque de Washington en fait lui aussi partie.
Un outsider progressiste encouragé par François
En 2015, lorsque François l’a nommé évêque de San Diego, Robert McElroy faisait partie des « outsiders de gauche », cette catégorie d’hommes d’Eglise progressistes et homophiles que François recherche pour les promouvoir au rang d’évêques diocésains.
McElroy, qui avait commencé sa carrière comme secrétaire de l’ancien archevêque de San Francisco, le cardinal John Raphael Quinn (1977-1995), ultra-progressiste-homophile, s’était alors fait remarquer par ses théories sur une réforme radicale de la papauté. Avec l’aide de McCarrick, qui avait encore à l’époque le mot décisif dans les recommandations pour les nominations d’évêques aux Etats-Unis, le fils spirituel de Quinn, McElroy, s’est retrouvé sur la liste bergoglienne des nominations.
En 2016, McElroy s’est présenté aux élections de la Conférence épiscopale américaine pour devenir l’influent président de la commission Iustitia et Pax, mais il a été battu par un confrère conservateur. François ne s’est pas laissé décourager par de tels revers. Chaque nouvelle nomination le rapprocherait de son objectif.
Le pape François a pris hier une décision hautement politique : En nommant McElroy, 70 ans, il couvre en tout cas la durée du mandat de Trump. Le nouveau président américain, qui sera investi le 20 janvier prochain, se retrouve ainsi non seulement confronté à l’hostilité de la capitale fédérale elle-même, mais aussi à la double représentation de l’Eglise dans la ville, l’évêque local et le nonce.
C’est à peine croyable et peu de gens le savent en Europe, mais Donald Trump n’a obtenu que 6,47% des voix dans la capitale fédérale, ou plus précisément dans le District de Columbia, alors que la candidate démocrate Kamala Harris a obtenu un incroyable 90,28 pour cent des voix. Il est difficile d’exprimer plus clairement l’hostilité d’une capitale fédérale où vivent principalement des fonctionnaires fédéraux et autres employés d’agences fédérales ainsi que des lobbyistes et des employés d’ONG et de fondations privées.
François entend occuper une position anti-Trump
On comprend maintenant pourquoi François a reçu en audience le 10 octobre, dans le cadre du synode sur la synodalité à Rome, trois cardinaux américains qu’il avait nommés comme synodaux, mais pas le quatrième qu’il avait également nommé. Il avait alors reçu les cardinaux Blase Cupich, archevêque de Chicago et figure la plus puissante des bergogliens aux Etats-Unis, Joseph William Tobin, archevêque de Newark, et Robert McElroy, alors encore évêque de San Diego en Californie, ville plutôt insignifiante. François avait pourtant nommé quatre McCarrick-Boys porteurs de la pourpre comme membres du synode sur la synodalité , le quatrième étant Wilton Gregory. Ce dernier, bien que présent à Rome, aurait été « empêché ». Lors de l’audience, il était manifestement question de la succession du cardinal Gregory en tant qu’archevêque de Washington. Seul McElroy, créé cardinal par François en août 2022 en raison de ses « mérites », ne s’est pas encore assis sur un siège d’archevêque parmi les trois personnes présentes.
A propos de la politique d’avortement et de la réception de la communion : lorsque l’archevêque Salvatore Cordileone, en tant qu’archevêque responsable de San Francisco, a déclaré en 2022 qu’il fallait considérer Nancy Pelosi, l’une des figures les plus influentes du parti démocrate de gauche, comme excommuniée et l’exclure de la communion en raison de sa politique pro-avortement, McElroy, suffragant du métropolite voisin, s’est fermement opposé à lui. McElroy n’est pas un homme qui parle à voix basse. Il va de l’avant. On peut compter sur lui. On l’apprécie à Sainte Marthe.
Maintenant que Donald Trump a réussi le coup du siècle en revenant à la Maison-Blanche, le pape François veut avoir à Washington, pour les quatre années à venir, un homme anti-Trump aussi sûr que déterminé.
L’intronisation du cardinal Robert McElroy comme nouvel archevêque de Washington aura lieu en mars. Le nommé l’a lui-même annoncé hier dans une lettre adressée aux prêtres du diocèse de San Diego. Dans cette lettre, McElroy qualifie son futur successeur à San Diego de « chanceux », dans un choix de mots très inhabituel pour un homme d’Eglise. Littéralement, la lettre dit ceci :
« Je reste encore évêque de San Diego à partir de maintenant jusqu’à ma prise de possession à Washington en mars. A ce moment-là, un administrateur sera nommé pour diriger le diocèse jusqu’à la nomination d’un nouvel évêque. Ce nouvel évêque sera un homme chanceux ».