Fabio Battiston, intervenant récurrent du blog Duc in album, revient sur les propos stupéfiants du pape à Singapour devant un parterre de jeunes le 13 septembre dernier, expliquant que toutes les religions se valent et sont chacune à sa façon un chemin vers Dieu. Gravissimes par leur contenu, mais aussi scandaleuses par le silence assourdissant qui a accueilli cette énormité blasphématoire de la part de la hiérarchie (à de rarissimes exceptions près).

La Parole, et les paroles (de Bergoglio). Deux mondes opposés


 Fabio Battiston

La liturgie du Missel traditionnel de la fête du dimanche 5 janvier, dédiée au Très Saint Nom de Jésus, propose un passage très significatif des Actes des Apôtres (Actes 4, 8-12). Je reproduis ici l’incipit et la conclusion :

En ce temps-là, Pierre, rempli de l’Esprit Saint, dit : « Chefs du peuple et anciens, écoutez : ce Jésus est la pierre rejetée par les bâtisseurs, et il est devenu la pierre d’angle. Il n’y a de salut en personne d’autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné aux hommes par lequel il nous soit donné d’être sauvés ».

Quelque deux mille ans après cette parole de Dieu, voici devant le monde le sieur Jorge Mario Bergoglio – le deux cent soixante-sixième pape de l’Église catholique, sous le nom de François – prononçant les mots suivants à Singapour:

Toutes les religions sont un chemin vers Dieu. Elles sont – je fais une comparaison – comme des langues différentes, des idiomes différents, pour y parvenir. Mais Dieu est Dieu pour tous. Et parce que Dieu est Dieu pour tous, nous sommes tous ses enfants. « Mais mon Dieu est plus important que le tien! ». Vraiment? Il n’y a qu’un seul Dieu et nous, nos religions sont des langues, des chemins vers Dieu. Certains sont sikhs, certains musulmans, certains hindous, certains chrétiens, mais ce sont des chemins différents.

La simple comparaison de ces deux déclarations suffirait à elle seule – sans nous tourmenter avec des doutes, des hésitations ou des incertitudes – à définir comme un oxymore d’une part la fidélité aux paroles du gardien des clés du paradis et, d’autre part, de partager la « pensée » exprimée par l’actuel successeur de la Chaire de Pierre. Il s’agit de deux visions du surnaturel et de la foi non seulement différentes mais irréconciliablement et éternellement opposées.

De quelle Église le représentant suprême peut-il être celui qui, avec ces cinq lignes abominables, a d’abord piétiné le premier commandement et, immédiatement après, la parole du premier vicaire du Christ sur cette terre?

Certainement pas de l’Église catholique apostolique et romaine !

Attention, ce problème nous concerne tous.

Comment, en effet, chacun de nous peut-il se reconnaître croyant dans le Christ et en même temps, mutatis mutandi, revendiquer fièrement son appartenance à une Église temporelle dont le chef suprême est capable de concevoir et de prononcer des paroles qui ressemblent non pas à un péché (si seulement c’était cela!) mais à la plus cruelle trahison de Notre-Seigneur ?

Une trahison qui ne se limite pas au pape et à son cercle plus ou moins large d’adeptes. Le silence – qui n’a jamais été aussi criant -, de l’immense masse du clergé et des laïcs catholiques, qui a accompagné les déclarations de Singapour est là pour démontrer de façon éclatante une réalité indiscutable : l’assentiment total des fidèles, dont l’écrasante majorité approuve et soutient fermement la masse des monstruosités que la néo-église universelle-synodale est en train de perpétrer de façon diabolique.

Et peu importe que les pensées, les paroles, les œuvres et les documents qui sanctionnent depuis des décennies cette dérive préternaturelle de l’Église n’aient pas les sceaux d’officialité, d’autorité et d’indiscutabilité que la Tradition et le Magistère exigeraient pour leur donner forme et substance.

Tout ce qui se présente à nous depuis des décennies est simplement un fait concret qui doit être analysé, discuté et traité comme tel. Bien autre chose que des déclarations ex-cathedra.

Il ne sert à rien d’escalader des miroirs de plus en plus glissants pour trouver des points d’appui ou des raisons de se convaincre qu’une Église catholique temporelle existe et qu’elle est encore capable de guider les destinées du monde à la lumière du message de l’Évangile. Elle est morte, enterrée par un ennemi qui l’a pénétrée depuis longtemps et qui la conduit maintenant triomphalement dans l’abîme. Il ne s’agit pas d’un jugement, mais tout simplement d’un constat.

On ne peut servir deux maîtres. Quant à moi, bien que conscient de ma misérable réalité de pécheur, j’ai fait mon choix. Je sais avec certitude qui est Mammon et où il habite.

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