Notre vieille connaissance le bon père Jorge González Guadalix, prêtre du diocèse de Madrid, revient sur la nomination par François de Sœur Brambilla à la tête du dicastère de la vie consacrée (cf. Parité (au Vatican)). Une démarche « vendeuse » auprès de la presse mainstream, certes, mais qui soulève un grave problème de doctrine: séparer la fonction de gouvernement dans l’Église du sacrement de l’ordre et en particulier de la consécration épiscopale.

Pour qui connaît un peu la théologie, la grande nouveauté, la grande rupture, ce n’est pas qu’une femme préfet ait été nommée, mais que nous ayons à la tête du dicastère responsable de la vie religieuse dans le monde une personne qui n’a pas été ordonnée in sacris. Et c’est important ? Ce n’est pas important. C’est fondamental.

Dans l’Église catholique, la fonction de gouverner la communauté, l’autoritas, est propre à l’évêque.

La préfète

Père Jorge
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9 janvier 2025

C’est la nouvelle de ces derniers jours. Le pape François a nommé une femme, Simona Brambilla, 59 ans, au poste de préfète du Dicastère pour la vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Tous les médias, y compris les médias généralistes, ont annoncé qu’enfin, une femme avait été nommée à un poste très élevé au Vatican.

Laissez-moi vous dire que si la grande nouvelle est pour vous la nomination d’une femme et que vous n’avez rien vu d’autre, c’est que vous avez raté l’essentiel. Oui, absolument. Car pour qui connaît un peu la théologie, la grande nouveauté, la grande rupture, ce n’est pas qu’une femme préfet ait été nommée, mais que nous ayons à la tête du dicastère responsable de la vie religieuse dans le monde une personne qui n’a pas été ordonnée in sacris. Et c’est important ? Ce n’est pas important. C’est fondamental.

Dans l’Église catholique, la fonction de gouverner la communauté, l’autoritas, est propre à l’évêque. Les évêques, qui par institution divine sont les successeurs des apôtres, en vertu de l’Esprit Saint qui leur est donné, sont constitués en pasteurs dans l’Église afin qu’ils soient eux aussi maîtres de la doctrine, prêtres du culte sacré et ministres du gouvernement. C’est ainsi que l’Église l’a toujours compris. Le gouvernement de l’Église est le ministère de l’évêque qui, par son ordination, reçoit la grâce et le mandat de gouverner la communauté chrétienne. Le gouvernement, l’autorité, a un fondement sacramentel.

Sœur Simona n’est pas ordonnée in sacris, mais elle gouvernera toute la vie religieuse de l’Église universelle. Le danger pourrait être qu’avec cette nomination, on dise au peuple de Dieu que l’autorité n’a pas d’origine sacramentelle mais qu’elle est simplement une question de droit positif et de délégation personnelle de la part de celui qui gouverne. Si l’on en croit ce que l’on nous a enseigné, il manque à Sœur Simona la grâce d’état indispensable à l’exercice de l’autorité.

Imaginons que dans son diocèse le pape décide, comme pour la préfète, de placer aux commandes el señor Manolo, un laïc, Sœur Gertrude de la Larme de Notre-Dame ou la señora Rafaela, qui, je n’en doute pas, aurait un jugement plus que remarquable. Ce serait gérer un diocèse ou un dicastère avec les mêmes critères d’entreprise que n’importe quelle multinationale : le directeur général commande et dispose. Et il est vrai que le pape commande et dispose, mais dans la sacramentalité. C’est autre chose de toucher aux fondements mêmes de l’ecclésiologie.

Dans ce cas, étonnamment, le pape a créé la figure de pro pefecto, dont le rôle n’est pas exactement clair. Il aurait été différent de mettre le cardinal Fernández Artime comme préfet et la sœur comme secrétaire générale.

Aujourd’hui, cela fait vendre, aux yeux de la presse mondiale, que nous ayons une préfète. Nous avons plus. Beaucoup plus. La séparation de la fonction de gouvernement dans l’Église du sacrement de l’ordre et en particulier de la consécration épiscopale.

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