L’information, déjà scandaleuse en soi, que ce serait une femme qui allait désormais présider le gouvernorat (cf. Une soeur, encore une, à la tête du Gouvernorat de la Cité du Vatican), au mépris de la tradition et du droit canonique, a occulté un autre aspect, non moins scandaleux: le pape avait déjà proclamé des noms en direct, mais c’était jusque là lors de l’Angélus dominical, Place Saint-Pierre. Cette fois, c’est une (vulgaire) émission de divertissement à la télévision qui a eu droit à l’exclusivité, piétinant allégrement les courroies de transmission que devraient constituer les organes officiels de communication du Saint-Siège.
L’annonce à la télé
Le Pape chez Fazio, nomination en direct
La NBQ
Borgo Pio
21 janvier 2025
Sœur Raffaella Petrini sera à la tête du Gouvernorat du Vatican : ce n’est pas le Bureau de Presse qui l’a annoncé mais François lui-même depuis les caméras de Che Tempo Che Fa.
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Invité de Fabio Fazio pour la troisième fois a Che Tempo Che Fa, le pape François a reproposé son répertoire habituel : « le migrant doit être accueilli, accompagné, promu et intégré », et encore les migrants comme solution au vide démographique (« L’Italie a aujourd’hui une moyenne d’âge de 46 ans. Pensez-y ! 46. Elle n’a pas d’enfants. Laissez entrer les migrants ! »), des anecdotes de jeunesse et une nouvelle publicité pour l’ONG de Luca Casarini . Même le nouveau livre autobiographique signé Francesco (Spera) n’a pas suffi à éveiller l’intérêt des médias, qui ont accordé plus d’importance à la présence de Cecilia Sala dans l’émission [l’autre invité].
Mais il y a une nouveauté : la nomination à la télévision de Sœur Raffaella Petrini, qui passe du secrétariat à la présidence du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican.
Répondant à la question de Fazio sur les femmes dans l’Église et la récente nomination de Sœur Brambilla comme préfet du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, le Pape a déclaré que « le travail des femmes dans les Curies est quelque chose qui s’est fait lentement et qui a été bien compris. Aujourd’hui, nous en avons beaucoup. Par exemple, pour choisir les évêques : dans la Commission, il y a trois femmes qui choisissent les nouveaux évêques ». Et avant de conclure en répétant le fioretto édifiant d’Ursula von der Leyen (déjà dit le 9 décembre dernier) [cf. lanuovabq.it/it/i-fioretti-della-signora-ursula], il a lâché l’annonce à la télévision : « Dans le Gouvernorat, la vice-gouverneure, qui deviendra gouverneure en mars, est une sœur ».
Le pape François n’est pas novice dans les nominations annoncées directement (peut-être avec l’effet de surprise pour les futurs cardinaux qui entendent leur nom prononcé, et quelques effets collatéraux pour ceux qui ont dû se dédire après l’annonce publique).
Mais si la fenêtre de l’Angélus peut court-circuiter le Bulletin de presse, on ne peut s’empêcher de se demander si le salon de Fabio Fazio est le lieu le plus approprié pour les nominations.
Et plus généralement, quel est l’intérêt des apparitions dans des émissions grand public dont le seul résultat est de réduire le rôle du pape à celui d’un quelconque « faiseur d’opinion »?
On pourra émettre au moins quelques doutes légitimes