Les récentes nominations de religieuses à des postes importants de la hiérarchie vaticane (cf. Une soeur à la tête du Gouvernorat de la Cité du Vatican et La préfète) ne laissent aucun doute sur les intentions de François, confirmant sa volonté d’ « initier des processus »: le diaconat féminin, et plus tard, peut-être, la possibilité d’ordonner des femmes. La semaine dernière, c’est encore une religieuse, Sœur Linda Pocher qui s’est exprimée devant le Conseil des cardinaux sur le rôle des femmes dans l’Eglise.
La sœur, propulsée par le pape (qui a préfacé un de ses livres) a le vent en poupe. La semaine dernière encore, ce n’est un simple hasard du calendrier, elle a accordé une interview au principal quotidien italien, Il Corriere della Sera, dans laquelle elle explique le dernier processus, engagé par le pape, de « démasculinisation » de l’Eglise.
Silere non possum lui répond.

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L’interview de Soeur Pocher dans Il Corriere

Sœur Linda Pocher : « Je travaille avec le pape François pour démasculiniser l’Église. Jésus enseigne l’égalité devant Dieu ».

https://corrieredelveneto.corriere.it
19 janvier 2025

La religieuse, théologienne et philosophe s’est vue confier par le pape la mission d’œuvrer pour l’égalité des droits : « Des diaconesses ? Nous allons de l’avant. Dans l’Eglise, comme dans le reste de la société, les asymétries de pouvoir doivent être éliminées ».

« Le chauvinisme masculin est une réalité qui contredit l’Évangile, la bonne direction est la valorisation des femmes et des hommes ». Des paroles du pape François qui ont déclenché un chemin de « démasculinisation » de l’Eglise, précisément appelé ainsi.

En première ligne se trouve une religieuse, théologienne et philosophe du Frioul, Sœur Linda Pocher, professeur de christologie et de mariologie à l’Université pontificale Auxilium de Rome et à l’Académie pontificale mariale internationale, à qui le pape a confié la tâche d’œuvrer pour l’égalité. Sur mandat du pape, Sœur Linda Pocher a organisé pour lui et le Conseil des cardinaux des formations sur ce thème. Un travail qui est résumé dans le livre Smaschilizzare la Chiesa(‘Démasculiniser l’Eglise’), avec une préface du pape François, qui montre les nombreuses manières dont la différence des sexes a été interprétée et mise en œuvre dans l’Eglise comme une inégalité.
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Dans ce livre, Linda Pocher aborde les questions critiques et libère l’Évangile des interprétations qui ont relégué et exclu les femmes. Le pape lui-même a déclaré à plusieurs reprises : « L’un des grands péchés que nous avons commis est la “masculinisation” de l’Eglise », y compris devant la Commission théologique internationale.

Corriere : Sœur Linda Pocher, les femmes sont-elles marginalisées dans l’Église, surtout au sommet ?

Sœur Pocher : Le contexte est particulièrement masculin et il y a des asymétries de pouvoir, comme dans tout autre domaine de la société.

Corriere : Qu’est-ce que cela signifie de « démasculiniser » l’Église ?

Sr Pocher : C’est une expression utilisée par le pape François, qui estime qu’il est nécessaire de donner plus d’espace aux femmes pour éliminer les inégalités. Cela a conduit à un parcours éducatif avec les cardinaux. Jésus a toujours accordé la même dignité aux hommes et aux femmes. Le temps est maintenant venu de redécouvrir cette bonne nouvelle : l’égalité devant Dieu.

Corriere : Vous avez expliqué que les réflexions d’aujourd’hui partent de l’examen critique du principe « mariano-pétrinien » de la pensée de Hans Urs von Balthasar.

Sr Pocher : C’est une pensée qui devrait valoriser les différences, mais qui en réalité exclut les femmes en les idéalisant et en servant de légitimation aux privilèges et aux injustices. Aujourd’hui, nous essayons de créer une culture du ‘nous’, de la complexité, de la mise en réseau, de la liberté de et dans la différence.

Corriere : Et la question du diaconat féminin ?

Sr Pocher : La recherche sur ce sujet montre qu’il n’y a pas d’obstacles théologiques, mais cela reste un sujet très controversé, surtout au niveau hiérarchique il n’y a pas encore d’accord. Il a également été discuté pendant le synode, et la grande nouveauté du synode est justement le fait que le pape a donné la possibilité de discuter, dans un lieu institutionnellement reconnu, de sujets qui étaient presque tabous, comme l’ordination des femmes. Maintenant, un groupe d’étude interne au Vatican y travaille : c’est un chemin qui mènera à un résultat.

Corriere : Combien de temps faudra-t-il encore pour que le diaconat des femmes devienne une réalité ?

Sr Pocher : Le Pape souhaite qu’il y ait un consensus ecclésial suffisant, qui doit encore mûrir. Mais c’est un chemin qui a été mis en route.

Corriere : Aujourd’hui, dans de nombreuses paroisses, des femmes, même laïques, ont la qualification pour donner la communion en raison du manque de prêtres. C’est une expérience qui est déjà en cours dans de nombreuses villes d’Italie.

Sr Pocher : Pour l’Église, la situation des femmes aujourd’hui n’est certainement pas la même qu’il y a 70 ans, et ce type de réalité déjà en vigueur, les ministères et les ministres extraordinaires de la communion, sont un signe clair. Ce qui doit encore mûrir, c’est la partie juridique institutionnelle.

Corriere : Y aura-t-il une égalité des sexes au sein de l’Église ?

Sr Pocher : C’est une question de justice. Elle doit être réalisée parce qu’elle est juste, pas pour des raisons de marketing. Et en regardant l’Évangile : Jésus a toujours fait fi des différences entre les sexes et a toujours donné la même dignité aux hommes et aux femmes. A l’origine de l’expérience chrétienne, il y a une forte égalité devant Dieu, il est temps de la redécouvrir.

Corriere : La Bible est-elle machiste ?

Sr Pocher : Si l’on se détache des stéréotypes, on peut voir, en lisant les scènes bibliques sur Marie, une histoire de protagonistes féminins forts : Elle n’est pas seulement la mère de Jésus, mais aussi une disciple, une éducatrice, elle l’introduit dans le monde de l’expérience et l’amène à déployer ses ailes.

Corriere : Pensez-vous que le diaconat féminin augmentera le nombre de fidèles ou les fera fuir ?

Sr Pocher : Il y aura de nouvelles personnes qui se rapprocheront de l’Eglise, et d’autres seront contrariées et s’en détourneront peut-être. Mais c’est un changement juste et nécessaire.

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La réponse de Silere non possum

Scandaleux. La salésienne Pocher : « Le diaconat pour les femmes ? Le chemin est tracé ».

silerenonpossum.com/it/suorlindapocher-diaconesse/

« Combien de temps faudra-t-il encore pour que le diaconat féminin devienne une réalité ? » a demandé une journaliste à Sœur Linda Pocher, religieuse appartenant à l’institut des Filles de Marie Auxiliatrice et professeur auxiliaire à la Faculté pontificale des sciences de l’éducation “Auxilium” à Rome. « Le pape souhaite qu’il y ait un consensus ecclésial suffisant, qui doit encore mûrir. Mais c’est un chemin qui a été tracé », a répondu la religieuse.


Pocher a été choisie pour parler au Conseil des cardinaux au Vatican du rôle des femmes dans l’Église. Au sujet de la  » démascunalisation  » de l’Église catholique, la religieuse affirme :

« C’est une expression utilisée par le Pape François, qui ressent le besoin de donner plus d’espace aux femmes, d’éliminer les inégalités. De là est né un itinéraire de formation avec les cardinaux.
Jésus a toujours accordé une égale dignité aux hommes et aux femmes. Le moment est venu de redécouvrir cette bonne nouvelle : la parité devant Dieu ».


Malheureusement, cette affirmation – certes correcte – révèle combien l’idéologie de cette religieuse l’emporte sur la logique et, au moins, sur les faits historiques. Jésus, en effet, n’a pas fait de discrimination et a dans le même temps choisi les apôtres (hommes) et les femmes ont contribué à l’annonce de l’Évangile précisément parce qu’elles ont été choisies par lui pour accomplir d’AUTRES services que ceux des apôtres. Dans l’Église, chacun a sa propre tâche.

Il y a exactement un an, en février 2024, la religieuse a été entendue par le Conseil des cardinaux (C9) avec Giuliva Di Berardino et Jo Bailey Wells, «évêquesse» de l’Église d’Angleterre et secrétaire général adjoint de la Communion anglicane. Il est emblématique que l’Église synodale, l’Église de l’écoute de todos, todos, todos, ne ressente pas le besoin d’écouter des voix discordantes sur une question aussi délicate, et sur laquelle les prédécesseurs du pape François ont été très clairs.


Saint Paul VI a écrit :

« Elle [l’Église] maintient qu’il n’est pas permis d’ordonner des femmes à la prêtrise, pour des raisons vraiment fondamentales. Ces raisons comprennent : l’exemple, rapporté dans la Sainte Écriture, du Christ qui a choisi ses Apôtres uniquement parmi les hommes ; la pratique constante de l’Église, qui a imité le Christ en ne choisissant que des hommes ; et son Magistère vivant, qui a constamment établi que l’exclusion des femmes de la prêtrise est en harmonie avec le plan de Dieu pour son Église ». 

Le même discours fait référence à l’ordre sacré dans son premier degré : le diaconat.


Il est clair qu’aujourd’hui nous assistons à une tentative de frapper l’ordre sacré. D’abord en frappant ceux qui l’ont reçu validement et légitimement et ensuite en voulant le conférer à ceux qui ne peuvent pas le recevoir. Dans les discussions, il n’y a donc pas de place pour ceux qui portent l’enseignement de l’Église, qui, depuis des siècles, a toujours été le même et fidèle à la volonté du Christ Jésus.

Aujourd’hui, comme en politique, il n’y a de place que pour ceux qui crient et se font une place dans les journaux. Et dans les journaux, qui trouve sa place ? Ceux qui proposent des théories qui font scandale et font cliquer, ceux qui proposent une Église qui n’est pas celle du Christ. Le panorama d’aujourd’hui, en effet, est plein de Grillons parlants [ndt comme le personnage imaginé par Carlo Collodi, qui incarne la « bonne conscience » de Pinocchio] qui discutent de rien dans le seul but de semer la confusion. La préparation de ces gens est nulle, mais ils aiment pontifier en criant au scandale sur « la réserve masculine ». Des gens ridicules.


Même le Pape et ses 9 cardinaux se sont introduits dans cette « forêt obscure » et n’ont invité que ceux qui veulent l’ordination des femmes à discuter du sujet. Quel « partage synodal » pouvons-nous trouver si les seuls à être écoutés sont eux ? Peut-être serait-il bon d’écouter aussi « l’autre son de cloche », non ? Peut-être quelqu’un qui comprend vraiment la théologie et qui ne se sent pas réprimé parce qu’il pleurniche et dit « je veux être sur l’autel ». Comme si nous n’avions pas déjà assez de grands enfants de chœur [chierichettoni] mariés. Le ciel nous en préserve, ce ne serait pas attrayant pour les médias.

En écoutant les paroles de Linda Pocher, nous avons le vague sentiment que saint Jean Bosco et sainte Marie-Dominique Mazzarello [1837-1881, religieuse italienne, fondatrice avec Don Bosco des Filles de Marie-Auxiliatrice] se retournent dans leur tombe.

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