Aux débuts d’une Année Sainte qui n’est pas vraiment un triomphe, il tombe vraiment à pic! Ou comment le Pape construit sa propre image en s’appuyant sur l’ « opinion ». Mais laquelle, et comment?
J’ai sans doute mauvais esprit, mais quand je lis le titre d’un article du site institutionnel Zenit, version anglophone « Le pape François oui, l’Eglise non : un sondage révèle que le pape est la personne la plus digne de confiance en Italie » (repris par les amis du site Belgicatho, où on pourra le lire en intégralité en français), je ressens comme un malaise.

Le Pape François, depuis la première année du Pontificat, est la figure en laquelle, dans l’absolu [?], les italiens ont le plus confiance
Et d’abord une curiosité légitime: qui a réalisé le sondage, et pour le compte de qui?
Il est facile de répondre à la première question puisque, comme c’est l’usage, Zenit fournit le lien vers « L’Institut Demopolis », qui selon sa page d’accueil
étudie les tendances de la société italienne grâce à son expertise en matière d’analyse de l’opinion publique, d’enquêtes démoscopiques, d’études sociales, politiques et de marché, de communication et de conseil stratégique.
Rien à redire.
Si l’on va un peu plus loin, on trouve parmi les sponsors (partenaires) de l’Institut Demopolis la Commission Européenne, le Parlement européen, l’ONG d’extrême-gauche Oxfam (« organisation internationale qui a pour objectif de ‘mobiliser le pouvoir citoyen’ contre la pauvreté », nous dit Wikipedia, et dont la présidente de la branche française n’est autre que Cécile Dufflot). Etc..

La réponse à la deuxième question, on la trouve dans une photo publiée sur le site de l’Institut Demopolis, représentant un groupe de laïcs alignés respectueusement en rang d’oignon devant Sa Sainteté, précédée de cette explication:
76% [des Italiens] font confiance au Souverain Pontife, qui est désormais confirmé comme la personnalité publique à laquelle les Italiens font le plus confiance, bien au-delà de la foi ou de la pratique religieuse.
Les résultats de l’enquête ont été présentés en avant-première au pape François, qui a reçu en audience privée, dans la bibliothèque du palais apostolique, le directeur de Demopolis Pietro Vento et les chercheurs de l’Institut Giusy Montalbano et Maria Sabrina Titone..
https://www.demopolis.it/?p=12212

Question: y a-t-il beaucoup d’instituts de sondages qui produisent des enquêtes dont les résultats vont à l’encontre des raisons pour lesquelles leurs clients les ont commandées?
Et surtout: personne ne s’étonne quand le Pape laisse complaisamment publier (sinon commande) une enquête qui l’oppose à l’Eglise, comme si elle était un adversaire dans la course à la popularité?