François est-il le Successeur de Pierre ou bien un agitateur politique? Dirige-t-il l’Église catholique ou est-il le secrétaire général de l’ONU ? Ce sont les questions qu’on peut légitimement se poser après avoir lu le péan délirant que lui dédie le préfet du DDF, confié à un portail hispanisant hyper-progressiste (Religion Digital) et repris (encore plus inouï!) par les médias officiels du Vatican.
Avec une ironie élégante, Luis Badilla raille le « grand » théologien et souligne l’incongruité d’un portrait de François dressé par son entourage, et qui lui ferait depuis le début du pontificat (dit-il…) beaucoup de mal.

Le cardinal Victor Manuel Fernández :

« Les 7 raisons pour lesquelles nous avons besoin du Pape François ».

Santo subito?

Luis Badilla
blog.messainlatino.it
1er avril 2025

Vatican News a publié le 24 mars ce court texte dans lequel le Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Victor Manuel Fernández, cardinal argentin et ami proche du Pape, énumère sept raisons pour lesquelles « nous avons besoin du Pape François ». Le texte a été publié par le portail [hyper-progressiste!] ‘Religión digital‘. Ces raisons, précise Vatican News, ont été proposées au site espagnol – parce qu’il en est convaincu – par le cardinal Fernández.

(1) La première : parce que François « est un homme de Dieu, visiblement amoureux de l’Évangile de Jésus ».

(2) Ensuite, parce que ce pape « voit au-delà, avec une intuition peu commune qui transcende toute immédiateté ».

(3) « Parce qu’il a un courage à toute épreuve qui lui permet de dire ce que les politiciens taisent ».

(4) « Parce que c’est un poète, qui résume avec des gestes et quelques mots ce que d’autres ne parviennent pas à exprimer avec de longues lucubrations ».

(5) « Parce qu’il est cohérent, austère, engagé, capable de se donner à fond ».

(6) « Parce qu’il est la voix la plus puissante des pauvres et des abandonnés de cette terre ».

(7) Enfin: « Parce que ce monde a besoin d’un père, quelqu’un qui reflète la paternité de Dieu comme lui ». (Source)

Ce texte singulier, son contenu sirupeux et adolescent, et surtout la signature – du presbytre argentin, cardinal, préfet de rien moins que le Dicastère pour la Doctrine de la Foi – et en plus traduit et relancé dans les médias du Vatican, fait frémir et laisse pantois un catholique à la foi adulte et mûre.

On se demande : où va-t-on ? que prépare-t-on ? quelle raison explique cette obséquiosité puérile ? Le cardinal Fernández n’est-il pas un théologien prestigieux ? Et même, n’est-il pas le théologien ayant la plus haute responsabilité doctrinale dans l’Église après le Souverain Pontife ?

En outre, le cardinal préfet a-t-il oublié que l’évêque de Rome est le vicaire du Christ, celui qui, en tant que successeur de l’apôtre Pierre, a été directement désigné par Jésus pour diriger l’Église, en plaçant la proclamation de l’Évangile au centre de ses préoccupations ? Le Saint-Père, tel qu’il est décrit par le cardinal Fernández, semble être tout sauf ce qu’il devrait être : l’annonciateur des vérités évangéliques, celui qui montre et indique la personne du Christ et le salut qu’il accorde.

D’après ce que nous avons lu, l’important est que François parle à la place des politiciens qui se taisent.

Le cardinal argentin, ami très proche du pontife, révèle, bien que dans un langage scolaire, l’iconographie du pape Bergoglio qui a le plus nui à son pontificat : celle d’être avant tout un leader politique et social, un activiste du monde populaire, un authentique prophète et un poète du changement. C’est peut-être vrai, et il n’y a peut-être rien de mal à cela. Mais les questions demeurent : le pape François dirige-t-il l’Église catholique ou est-il le secrétaire général de l’ONU ? Et enfin, son magistère pétrinien doit-il servir à nous accompagner vers le salut de nos âmes (la raison pour laquelle nous sommes croyants) ou à nous guider dans nos choix politiques et nos intentions de vote ?

Pourquoi un catholique irait-il chercher sa ligne politique, ses convictions de valeurs et ses plates-formes programmatiques dans la personne du Pape, dans les homélies et les discours du Pontife ? Pourquoi les catholiques de droite ou de gauche, du centre ou des positions extrêmes, trouveraient-ils un réconfort dans le pape, présenté comme progressiste, conservateur, réactionnaire ou libéral ? Qu’est-ce que l’évêque de Rome a à voir avec les programmes politiques ou idéologiques, et pourquoi les cardinaux proches du pape se sentent-ils obligés de le promouvoir en tant que leader politique, agitateur social et réformateur intransigeant ?

Est-il encore possible de nourrir et de faire grandir sa foi dans le Christ comme un choix et une grâce indépendants et séparés des convictions politiques personnelles, en laissant le jugement à sa conscience ? Ou sommes-nous arrivés à une époque où confesser et pratiquer sa foi religieuse est une obligation d’adhérer à une église progressiste ou conservatrice ?

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