Voici comment le cardinal Aveline, qui vient d’être élu président de la conférence épiscopale française, est perçu par nos voisins transalpins (Nico Spuntoni): bergoglien de fer, défenseur affiché des pauvres (ceux d’ailleurs, de préférence) comme son maître, pro-immigration, favorable au dialogue avec l’islam, plutôt « cool » sur les valeurs non négociables, une bonhomie apparente qui cache une habileté certaine, bref il coche toutes les cases du politiquement et du religieusement correct, sans parler de sa bonne maîtrise de l’italien.
Tout cela lui permettra-t-il de devenir le premier pape français depuis Grégoire XI (1370-1378)?

Le « dauphin » de Bergoglio élu à la tête des évêques français
Nico Spuntoni
Il Giornale
9 avril 2025
Les évêques français, réunis en assemblée plénière de printemps à Lourdes, ont élu le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, comme nouveau président de la CEF (Conférence des évêques de France). Le prélat remplace l’archevêque de Reims, Mgr Éric de Moulins-Beaufort. L’empreinte de François se fait de plus en plus sentir sur l’Église transalpine avec l’élection d’ un pasteur très en phase avec les priorités de l’actuel pontificat.
Bergoglien AOC (*)
(*) En italien: DOC (denominazione di origine controllata)
Aveline prendra ses fonctions le 2 juillet, mais dans son premier discours, il a déjà fait part de son intention de s’inspirer des lignes directrices du pontificat de François. « La priorité, ce sont les pauvres ». Ce sont les premiers mots qu’il a prononcés après son élection. Une déclaration qui rappelle l’exclamation de Bergoglio dès son élection au trône pontifical, lors de sa première rencontre avec les médias : « Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres ! »
Et parmi les pauvres, l’archevêque français n’a pas manqué de mentionner les migrants. D’ailleurs, il a été l’homme-clé des Rencontres méditerranéennes qui se sont achevées à Marseille en septembre 2023 avec la visite du Pape. A cette occasion, Aveline avait tenu un discours très dur, comparant le gouvernement favorable à la limitation des débarquements aux trafiquants d’êtres humains. Le prélat avait en effet déclaré:
« Quand les institutions politiques interdisent aux ONG et même aux navires naviguant dans ces eaux de secourir les naufragés, il s’agit d’un crime tout aussi grave. d’un crime et d’une violation du droit maritime international le plus élémentaire ».
Pour sa sensibilité à la question des migrations et sa propension au dialogue interreligieux avec les religions des peuples de Mare nostrum, Aveline a même été surnommée « l’évêque de la Méditerranée ».
Papabile
Mais ce n’est pas le seul surnom donné au nouveau chef des évêques français. Les mieux informés assurent en effet que le prélat a été rebaptisé « Jean XXIV » au sein de la Curie archiépiscopale. Jean XXIV, donc, en raison d’une ressemblance évidente avec le pape Roncalli avec lequel il partage d’ailleurs un sourire fréquent.
Il n’aura cependant pas échappé aux plus attentifs que François, plaisantant sur ce qui se passera après lui, a mentionné le nom de Jean XXIV comme son successeur potentiel. À son retour de Mongolie en 2023, Bergoglio a déclaré à des journalistes accrédités qu’il était sûr que « Jean XXIV ira au Viet Nam ».
Quelques semaines plus tard, il se rendait à Marseille et il a été frappé par les applaudissements du stade Vélodrome à la fin du discours de salut d’Aveline. Pour l’archevêque, ce fut aussi l’occasion de mettre en valeur la qualité de son italien, indispensable à tout prétendant à la papauté.
Le nom du cardinal souriant est depuis longtemps inscrit sur la liste des candidats à la papauté. S’il était élu, il briserait la règle de l’alternance systématique entre un pape corpulent et un pape svelte qui perdure depuis Pie IX (à la seule exception malheureuse de Jean-Paul Ier).
Les défis de l’Eglise française
L’épiscopat français s’est donné un leadership fort car Aveline est actuellement son représentant le plus connu et aussi le plus influent à Rome.
Le prélat a un mandat de trois ans devant lui. Cela ne facilite pas son éventuelle candidature à la papauté, mais ne l’empêche pas non plus.
Son élection marque un changement par rapport au passé : le sortant Moulins-Beaufort représentait la saison de la vieille garde parce qu’il s’inscrivait dans la continuité de son maître, le cardinal et archevêque émérite de Paris André Vingt-Trois. C’est maintenant au tour d’un bergoglien AOC comme Aveline qui insistera beaucoup sur le dialogue avec l’islam dans un pays confronté au défi des nouvelles générations de musulmans français. Les deux dossiers chauds de cette nouvelle présidence resteront ceux des abus commis par les religieux et de la sécularisation de la société.
L’approche sur les lois contraires aux principes dits non négociables devrait être moins musclée [façon de parler… ndt] que ce que l’on a vu jusqu’à présent. Derrière son sourire débonnaire, pourtant, Aveline cache une remarquable habileté politique qui s’est également manifestée au cours de cette assemblée : il a en effet été élu président sans aucune surprise.