Franchement, je ne croyais pas voir cela un jour, sinon dans un mauvais film (même « Conclave » n’a pas osé). Le pape en petite tenue dans la basilique Saint-Pierre, sans aucun respect non seulement pour son ministère suprême, mais même pour sa propre personne. N’y a-t-il eu personne dans son entourage pour dire un NON ferme et définitif à cette exhibition dégradante, qui laisse presque supposer qu‘il n’a plus toute sa tête? De n’importe qui d’autre dans cette situation, on ne se serait pas gêné pour crier à la démence sénile (et pardon pour les malheureux qui en souffrent… mais ils ne sont pas pape).
Comment ne pas penser aux mots du Général De Gaulle dans « Mémoires de guerre »: La vieillesse est un naufrage (il parlait de Pétain!).

La photo suscite plus de réactions que je n’aurais pensé, même si les habituels bien-pensants s’empressent de gloser, à l’intention des impies qui osent en parler: « est-ce bien nécessaire? ».
Oui, c’est nécessaire, car cela montre car nous sommes en train d’atteindre un point de non-retour.
Et qu’on ne nous sorte pas l’argument « il est malade, c’est très difficile d’habiller un malade, on a paré au plus pressé », car évidemment, ce n’est pas « difficile » de poser sur la tête d’un malade une simple calotte, ou une étole sur ses épaules, ou sa croix pectorale (je ne dis pas l’anneau du pécheur, car ses doigts sont peut-être gonflés), ou un simple drap blanc sur ses genoux, pour cacher le pantalon noir, comme cela a déjà été fait récemment à Gemelli pour la première photographie publique.
Dans « Vatican 2035 », un roman de gare écrit en 2005, année de l’élection de Benoît XVI (comme par hasard!) , l’auteur, à l’époque anonyme (dont il s’est avéré depuis qu’il s’agissait de la dame caté des cathos version « La Croix », dame Christine Pedotti), rêvait du jour où l’on verrait enfin les jambes du pape.
Eh bien, c’est fait. Et en fait de rêve, c’est plutôt un cauchemar.
Pauvre Eglise!
En attendant que des catholiques de tous bords, y compris des hauts prélats, aient le courage de dire leur sentiment de honte, voici deux réactions, venant du cercle de la « tradition » (ce qui relativisera leur témoignage, aux yeux de certains).
Le premier est d’AM Valli.
Le second, assez formidable, d’un auteur qui écrit sur le portail hispanique InfoVaticana et qui m’a été transmis par une amie attentive.
Sur cette triste image
Il y a quelque temps, Duc in altum a écrit que nous ne publierions jamais de photos du pape malade. Par respect pour Pierre et la papauté. Aujourd’hui, cependant, je ne peux m’empêcher de réfléchir à la manière dont François a choisi de se montrer en public hier, dans la basilique vaticane.
L’image est déroutante et, comme on dit, parle d’elle-même. Ayant décidé de descendre quelques minutes dans la basilique, François savait très bien qu’il rencontrerait des fidèles. Et ses plus proches collaborateurs le savaient aussi. Néanmoins, vous voyez comment il était habillé.

On dira : mais François est ainsi, le pape de la simplicité et de la pauvreté, le pape qui n’a jamais aimé les vêtements ostentatoires. Mais ici, il ne s’agit pas d’apparat. Il s’agit de la dignité de Pierre. Jorge Mario Bergoglio peut avoir ses propres goûts, mais à partir du moment où il devient Pierre, il ne peut pas piétiner cette dignité.
Jean-Paul II a été longtemps malade et, dans ses dernières années, il a montré à tous son état de santé, mais il n’est jamais apparu en public sans sauvegarder la dignité de Pierre.
Sur les images diffusées par le Vatican, on peut voir que l’infirmier Massimiliano Strappetti, qui pousse le fauteuil roulant, encourage à un moment donné un enfant à s’approcher pour saluer le pape.
JUST IN: #PopeFrancis makes a surprise appearance today in St Peter’s Basilica — but in what looks like a poncho rather than papal attire.
— Diane Montagna (@dianemontagna) April 10, 2025
Greeting a young boy, he asks, “What’s your name?” To which the boy replies, “Steven.” Told by a guard who the Pope is, the boy says “Hi,… pic.twitter.com/beSbJCIdtP
Mais l’enfant hésite et finit par dire : « Ce n’est pas le pape » (non è il papa). La voix de l’innocence.
Cela me fait mal de le dire face à un homme âgé et malade, mais hier, Bergoglio a infligé une nouvelle blessure au pape et à la papauté. Et s’il n’est plus en mesure de s’en rendre compte, c’est à son entourage de sauvegarder sa dignité.
Le vieux au poncho et la camarilla qui le pousse
Jaime Gurpegui
infovaticana.com
La scène est dévastatrice. Le pape François, recouvert d’une couverture rayée, poussé dans un fauteuil roulant par des hommes en costume aux visages flous, baladé comme un vieillard désorienté sur les sols majestueux de la basilique Saint-Pierre.
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Il n’y a pas de croix pectorale visible, pas de vêtement, pas de cérémonial. Juste une figure abattue, presque absente, poussée par des assistants anonymes dans l’un des lieux les plus sacrés de la chrétienté. Ce qui devrait être une image d’autorité apostolique devient un symbole de fragilité, d’abandon… et de manipulation.
Ce n’est pas de l’humilité. Ce n’est pas la simplicité évangélique. C’est quelque chose de pire : une négligence ritualisée, déguisée en naturel, le Vicaire du Christ, réduit à un objet symbolique qui se promène sans but et sans liturgie. Qui a décidé que le Pape devait se présenter ainsi devant le monde ? Qui a pensé que cette image était appropriée pour le chef visible de l’Église universelle ? Et surtout : qui est vraiment le responsable ?
Car soyons clairs : l’homme en fauteuil roulant ne dirige plus l’Église. Il ne le peut pas. Il suffit de le regarder pour comprendre qu’il n’a pas la capacité de diriger la Curie, de gérer les crises, de discerner les nominations ou de tenir la barre doctrinale. Et pourtant, les décisions continuent d’affluer. Les réformes s’accélèrent. Les ambiguïtés se multiplient. Les silences deviennent la norme. Qui signe? Qui écrit? Qui est responsable?
La réponse est aussi inconfortable que nécessaire : c’est la camarilla qui pousse le fauteuil qui gouverne.
Cette camarilla qui a trouvé dans la faiblesse physique du Pontife une occasion historique de piloter l’Eglise sans contrepoids. Secrétaires, cardinaux, laïcs influents. Il y en a qui ont un col romain, et d’autres pas. Ce sont eux qui contrôlent l’ordre du jour, filtrent les discours, manipulent les interviews, font pression sur les évêques, détruisent les dissidents. Et maintenant encore : ils utilisent le corps du pape comme un bouclier humain pour protéger leur révolution.
Ce qui avait commencé comme un printemps ecclésial se termine en un hiver gériatrique, où le pape a été vidé de son contenu mais reste utile en tant que figure de proue. Une sorte de relique vivante qui justifie tout ce que d’autres décident pour lui. Le fauteuil roulant n’est pas seulement un moyen de transport : il est le signe visible d’un pouvoir invisible qui a pris le contrôle.
Il ne s’agit pas seulement d’un scandale moral ou d’une confusion doctrinale. Il s’agit de quelque chose de potentiellement criminel. S’il est prouvé que le pape est instrumentalisé contre son gré ou sans en être pleinement conscient, il s’agit d’une usurpation de fonction, d’un abus d’autorité et d’une violation grave de l’ordre canonique. Dans tout autre domaine, cela nécessiterait un audit. Dans l’Église, jusqu’à présent, cela n’exige que le silence.
Mais cette image – cette formidable image du pape rampant comme un vieillard institutionnalisé dans le tombeau de Pierre – ne peut et ne doit pas être ignorée. Car elle révèle non seulement la fragilité d’un homme, mais aussi l’effondrement de la papauté en tant qu’institution. Le monde ne voit pas l’humanité et la tendresse : il voit la décadence. Il voit une Église gouvernée par des ombres qui ne montrent pas leur visage.
La question n’est donc plus théologique ou liturgique. Elle est ecclésiale, politique et morale : qui gouverne réellement l’Église catholique aujourd’hui? Et plus encore : avec quelle légitimité?
Mots Clés : Pape-en-poncho