L’article définitif de Luis Badilla, latino-américain (c’est important pour comprendre), qui connaît Jorge Maria B mieux que personne, et depuis très longtemps: on ne peut pas supposer un seul instant que des conseillers ont décidé à sa place. C’est du pur Bergoglio. Mais on en revient toujours au même problème, bien que formulé ici en termes modérés (d’autres parleront de symptômes évidents de sénilité):

Le pape ne va pas bien. Sa santé est en chute libre et chaque fois qu’il a été possible de voir – surtout dans les vidéos – son visage et la mobilité de son corps, il est clair qu’il est confronté à un déclin pulmonaire irréversible. Et ce n’est pas tout. On voit aussi qu’il n’est pas une personne capable de gouverner la vie quotidienne de l’Église, contrairement à ce qui est abondamment déclaré et écrit.

Le pape en maillot de corps et poncho patagonien

https://blog.messainlatino.it/2025/04/badilla-diario-clinico-del-papa-e.html

Luis Badilla

Jeudi 10 avril, le pape François a fait une visite surprise, en fauteuil roulant et dans une tenue inhabituelle (sans la soutane blanche mais avec un poncho argentin et un pantalon noir, sans la calotte) à la basilique Saint-Pierre et s’est rendu à la chaire pour vérifier le résultat des travaux de restauration, puis s’est rendu au tombeau de saint Pie X pour prier.

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A propos de la visite surprenante de François, Vatican News a dit simplement : « François s’est montré aux gens avec un plaid contre le froid et des tubes à oxygène ». Mais on sait bien que la vérité est tout autre, comme le montre la vidéo. Le Pontife s’est montré sans la soutane blanche et sans la calotte, avec le pantalon noir qu’il a toujours porté depuis le début de son pontificat et avec un maillot de corps. Le Saint-Père s’était protégé avec un poncho, typiquement argentin, qui était placé sur sa poitrine et ses épaules.

Les nombreux risques. Toute la scène de la visite de la Basilique laisse pantois, certes à cause de l’incroyable accoutrement du Saint Père, à la « cura Brochero » [du nom du « curé gaucho », l’Argentin José Brochero, 1840-1917], mais aussi à cause des risques très graves auxquels il était exposé si l’on pense aux brusques changements de température et aux dangers d’infections qui proviennent – surtout dans ces circonstances – des rassemblements humains et dans des milieux fermés et très fréquentés.

Un acte voulu par le Pape. Bien entendu, cette présence surprise a été voulue et/ou autorisée par le Pontife lui-même. Il est impensable que le pape Bergoglio ait été contraint par quelqu’un parmi ses collaborateurs, dont certains n’en savaient rien. Cela n’a aucun sens de s’interroger sur les collaborateurs si l’on connaît un tout petit peu la personnalité du Pape. Les gestes inconsidérés du pape font partie d’une longue liste.

Un acte préparé et organisé. Rien de ce qui s’est passé n’était un débordement ou dû à l’intempérance. Sans parler du détail concernant le fait que les assistants du Pape sont tous en chemise et cravate, sans veste, ce qui est inédit pour le personnel du protocole et a fortiori pour le personnel papal. Il y a une scénographie étudiée, même la tenue de Bergoglio est savamment pensée. Peut-être le pape, qui vit ainsi son hospitalisation, a-t-il demandé par surprise qu’on le conduise sur la tombe de saint Pie X. Tout comme il a demandé à l’improviste devant Santa Marta, à la sortie de Gemelli, qu’on le conduise à Santa Maria Maggiore. Les jésuites d’Argentine l’ont baptisé « le fou », précisément à cause de ses gestes apparemment incohérents.

Le lieu le plus sacré. Il est surprenant que le Pontife ait voulu cette scène dans un lieu qui n’est autre que la Basilique, le lieu le plus sacré du catholicisme et de l’Église catholique, le Tombeau de l’Apôtre Pierre. À première vue, tout cela semble insensé, « bergoglien », pour les gros titres et les breaking news. Il sait très bien que les catholiques, y compris les journalistes enrôlés (les bergoglio-friendly) l’applaudiront et que les détracteurs les plus critiques ou les plus éloignés du catholicisme seront attirés par ces gestes de désacralisation. ( » Le dernier socialiste “ dira Roberto Saviano [l’auteur d’extrême-gauche spécialiste de la mafia] ou ” un pape comme chacun de nous », ajoutera Fabio Fazio [le fameux présentateur télé!]).

Communiquer avec ses fidèles. L’interprétation la plus répandue en ces heures est simple : le désir irrépressible de communiquer avec les siens, avec les fidèles, avec ceux qui l’admirent même s’ils ne sont pas croyants. Et personne derrière les Murs n’est capable de le modérer, de le convaincre, de lui faire comprendre et accepter des conseils sensés. Il s’agit, entre autres, de conseils concernant sa santé, qui ne cesse de décliner. Lors de toutes ses apparitions publiques depuis sa démission, il est apparu de plus en plus mal en point, notamment parce qu’il ne peut plus se passer d’oxygène extérieur.

Pas nécessaire. Finalement, en guise de premier et bref résumé, ce qui est le plus frappant, au point de nous faire douter de la santé mentale du pontife, c’est le fait que rien de tout cela n’était nécessaire, en aucune façon. Tout ce qui risqué est gratuit. Même le choix de Pie X est étrange, à moins qu’il ne s’agisse d’un hasard, d’une improvisation, car l’important était d’entrer dans la basilique. Pourquoi pas Montini, Wojtyla et le « grand-père » Ratzinger ?

Mais on peut gouverner l’Église avec ces méthodes. Aujourd’hui, on a aussi l’impression que le jeu est minable. Profitant du fait que le pape se sent bridé, presque enfermé, et compense ces états d’âme par une impulsivité médiatique hasardeuse, nombreux sont ceux qui ne veulent pas prendre acte que le pontificat s’achève pour eux aussi. Ils savent mieux que quiconque que mort un pape, on en fait un autre. Plus ce moment est retardé, plus les manœuvres pré-conclave deviennent claires et plus il y a de chances de comprendre vers où coule l’eau et de s’adapter au nouveau courant. Le successeur du pape est choisi autour du lit de mort de celui qui règne encore.

Alfieri : photographier le pape malade n’est pas très sérieux. Il n’est pas inutile de rappeler les propos du Dr Sergio Alfieri, chef de l’équipe de médecins « Gemelli », le 28 février, lors de la conférence de presse, lorsqu’un journaliste a demandé pourquoi il n’y avait pas de photos du pape malade et hospitalisé alors que les médias sont un outil de communication privilégié de François. Le médecin, agacé, a répondu que la presse devrait être sérieuse et ne pas poser de questions à ce sujet, et encore moins demander des photos du pape en pyjama ou en robe de chambre. À cet égard, il a cité un cas hypothétique, celui de sa mère de 90 ans, hospitalisée pour une pneumonie bilatérale, qui serait photographiée dans cet état. Ce serait quelque chose d’inacceptable, a-t-il dit.

La gestion de la visibilité publique du pape François

En cette occasion singulière du pape sans soutane dans la basilique, presque comme une personne âgée dans un couloir d’hôpital ou dans une RSA [residenze sanitarie assistanziali, EPAD], il faut rappeler que pendant les semaines qui ont suivi son hospitalisation, l’éventualité d’une photo du souverain pontife était un sujet tabou. Puis, à la surprise générale, une photo de 3/4 de dos a circulé avec quelques détails qui ont suscité une certaine controverse. Lors de sa sortie de la polyclinique, il a été montré depuis un balcon du cinquième étage pendant 3-4 minutes sans son masque à oxygène, ce qui a mis François en difficulté. Enfin, dans la voiture, sur le chemin du retour au Vatican, l’agence AP a réussi à prendre un gros plan montrant ostensiblement les canules d’oxygène. Pour finir, à la fin de la messe du jubilé pour les malades, toujours par surprise, le souverain pontife a été conduit sur la place Saint-Pierre et salué par des dizaines de fidèles.

Si l’on admet que rien de tout cela n’a été possible sans l’autorisation du pape lui-même, et qu’il en sera toujours ainsi tant qu’il en décidera, le peu que l’on peut commenter est simple : ces apparitions, avec la soutane, la calotte et la croix pectorale, et même les plus récentes avec le poncho de style « cura Brochero », sont toutes des initiatives du souverain pontife. Personne ne l’utilise. Autour du Pape, il n’y a personne capable de faire ces choses, aussi parce qu’il risque d’être dégommé sur place. Dans ce cas également, une loi connue se confirme : les collaborateurs des hommes puissants ne sont jamais des conseillers, ce sont des dévots. Le pape le sait.

La question de fond telle qu’elle se présente aujourd’hui, très complexe et embrouillée, est autre. À notre avis, le pape ne va pas bien. Sa santé est en chute libre et chaque fois qu’il a été possible de voir – surtout dans les vidéos – son visage et la mobilité de son corps, il est clair qu’il est confronté à un déclin pulmonaire irréversible. Et ce n’est pas tout. On voit aussi qu’il n’est pas une personne capable de gouverner la vie quotidienne de l’Église, contrairement à ce qui est abondamment déclaré et écrit.

La gestion même de sa visibilité, en quelque sorte, est maladroite, apparaissant parfois presque irréfléchie, capricieuse et imprudente.

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