La personnalité du nouveau pape continue à susciter questions et commentaires dans les médias laïcs et les blogs catholiques. Ici, Giuseppe Nardi a « déniché » un bel article dans Il Secolo d’Italia, un journal proche du parti de Giorgia Meloni. Contrairement à François, qui refusait de recevoir des politiciens de « droite », sauf contraint et forcé par les impératifs du protocole, alors que pour ceux de gauche c’était pratiquement « open bar » à Sainte Marthe,, Léon XIV laisse espérer une ère d’apaisement: bref, de normalisation.

Le pape Léon XIV et le retour à la normale avec une force symbolique

Le premier mois avec le nouveau chef de l’Eglise

Die Tageszeitung von Giorgia Melonis Regierungspartei befaßt sich mit den ersten Schritten im Pontifikat von Leo XIV.
Le quotidien du parti au pouvoir de Giorgia Meloni se penche sur les premiers pas du pontificat de Léon XIV.

Le quotidien italien Il Secolo d’Italia a récemment publié une analyse du premier mois du pontificat du pape Léon XIV. Cela mérite une attention particulière car il s’agit de l’organe de presse du parti du Premier ministre italien Giorgia Meloni. Il s’agit donc d’une réflexion avant tout politique – sans lien avec l’Eglise, mais néanmoins révélatrice. Car le prédécesseur de Léon, le pape François, avait catégoriquement refusé tout dialogue avec la droite politique.

Alors que sous François, les politiciens de gauche du monde entier faisaient la queue au Vatican, les représentants de la droite restaient à l’écart. Ce n’est que quand l’électeur – comme dans le cas de Meloni – a confié une fonction publique à l’un d’eux, contrairement à la politique d’exclusion de la gauche, qu’une audience officielle n’a pu être évitée, conformément aux règles de l’étiquette diplomatique. Il ne pouvait cependant pas être question d’un véritable échange d’idées ou même d’un dialogue.

Giuseppe Nardi

Un mois avec Léon XIV : des signes redécouverts, la diplomatie vaticane et une Eglise qui retrouve sa voix

Francesco Maria Filipazzi
Il Secolo d’Italia

Un mois s’est écoulé, mais l’intérêt pour Léon XIV, pour ses paroles et ses gestes, ne faiblit pas. Pour reprendre une expression américaine, la « hype » est toujours aussi forte. Ce premier mois sous Léon, qui a commencé par la surprise d’un nom qui, sans être totalement inattendu, ne figurait certainement pas parmi les premières places des spéculations préconclaves, s’est poursuivi dans une normalité perçue comme exceptionnelle – marquée par des signes et des symboles redécouverts, des paroles significatives et une harmonie qui fait que l’Église de Rome redevient un point de référence ancien mais ressenti de manière nouvelle .

Les signes du pape Léon XIV.

Il ne fait aucun doute qu’au niveau symbolique, Léon a repris les signes de la papauté dès sa première apparition publique. Pendant tout le mois, on a vu le Saint-Père s’agenouiller devant le Saint-Sacrement et devant la Vierge, on l’a entendu entonner correctement le chant latin et parler. Les fidèles embrassent l’anneau du pêcheur, les prêtres reprennent leur soutane.

Sa visite inopinée à la résidence d’été de Castel Gandolfo, peu utilisée sous le pontificat de François et qui pourrait revenir sur le devant de la scène, a suscité une grande joie. Un geste significatif – d’abord pour les citoyens de l’antique bourg, qui ont toujours été particulièrement liés au pape, ensuite pour le monde catholique dans son ensemble, qui vit de symboles et de traditions apparemment insignifiantes, malgré les courants séculiers.

Un style papal mais personnel

Le style de Léon XIV semble reprendre l’essence de la papauté classique et l’associer à une touche personnelle remarquablement douce. On y voit clairement sa joie d’être chrétien, ainsi qu’une foi profonde qui se fonde sur toute l’histoire de l’Église – et pas seulement sur l’ère post-conciliaire. Le pape Léon cite des Pères de l’Eglise, en particulier saint Augustin, ainsi que des prédécesseurs de différentes époques et des documents du Concile Vatican II – dans l’harmonie d’un message toujours clair et christocentrique, qui invite à la conversion et à la mission : à la « pêche aux âmes » pour ramener les gens à la foi.

Au cours de ce premier mois, Léon a également fait preuve d’humour, notamment en plaisantant sur sa sympathie supposée pour le club de football AS Roma ou sur les journalistes qui s’endormaient en l’écoutant. Une empathie naturelle le rend sympathique de manière discrète.

Politique internationale

Immédiatement après son élection, Prevost a su replacer l’Église au centre de la scène internationale, relançant une activité diplomatique que le Saint-Siège a toujours menée, souvent dans le silence.. En proposant que les négociations sur la guerre en Ukraine se déroulent au Vatican – c’est-à-dire en terrain véritablement neutre – il a fait réfléchir toutes les parties du monde. Même le président Poutine a pris son téléphone pour parler au pape – une reconnaissance indirecte de son rôle de médiateur. Mais Léon ne s’est pas contenté d’une simple rhétorique, il a invité le président russe à un premier acte de détente. En ce qui concerne Gaza, son langage était également clair dès le début : il fallait mettre fin à la crise et donner de l’espace aux initiatives humanitaires.

Deux axes principaux : Famille et sacerdoce

« Ensemble, nous rétablirons la crédibilité d’une Église blessée – envoyée à une humanité blessée au milieu d’une création blessée. Nous ne sommes pas encore parfaits, mais nous devons être crédibles ». – C’est par ces mots que Léon XIV s’est exprimé lors de la Messe avec ordinations sacerdotales du 31 mai, sa première cérémonie d’ordination en tant qu’évêque de Rome. Un discours franc – qui reconnaissait clairement un problème de l’Eglise moderne. Des attitudes douteuses et ambiguës de la part des responsables sont souvent à l’origine de la désaffection des fidèles. Si l’on veut rétablir l’unité du peuple de Dieu, il faut changer de cap.

Donc, si l’on veut être crédible, il faut aussi agir et parler de manière crédible.

Son intervention lors du Jubilé des familles a également fait sensation, Léon ayant réaffirmé pour la deuxième fois en peu de temps, avec sa douceur caractéristique, la réalité de la famille catholique : « Le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme – un amour qui est entier, fidèle et fécond », citant l’encyclique Humanae Vitae.

Un changement marquant, si l’on considère que dans la très controversée Amoris Laetitia, la famille était plutôt présentée comme un idéal que comme une norme. Mais Léon soulignait ce qui allait de soi – un fondement qui est aujourd’hui fortement contesté au sein de l’Eglise.

Son message à l’occasion du centenaire de la canonisation de Jean Eudes, de Jean-Marie Vianney (le curé d’Ars) et de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus fut tout aussi important. Dans une lettre christocentrique, il a souligné l’unicité du salut en Jésus-Christ, ainsi que les valeurs suprêmes de la sainteté, de l’ordination sacerdotale et de la vie consacrée. Il semble que Léon XIV ait voulu se concentrer sur la famille et le sacerdoce – les piliers fondamentaux du peuple de Dieu.

Des nominations et des actions remarquables

Outre des discours importants – dans lesquels d’aucuns croient entendre des accents de Ratzinger – Prévost a également donné des signes clairs par des actions. Le remplacement soudain de Mgr Paglia – pour raison d’âge – à l’Institut pontifical de théologie Jean-Paul II et à l’Académie pontificale pour la vie, deux institutions spécialisées en théologie morale, a été frappant.

Mgr Paglia, un proche de François, était très controversé en raison de ses positions hétérodoxes, qualifiées par beaucoup de « pannelliennes » – notamment en raison de sa proximité avec le leader radical. Les nouvelles nominations de Prevost – le cardinal Reina et Mgr Pegoraro – sont en revanche considérées comme nettement plus proches de la ligne. Ce dernier a même été invité en 2022 à l’école de bioéthique de l’organisation de défense de la vie Pro Vita & ; Famiglia. L’envoi du cardinal Sarah aux célébrations du 400e anniversaire des apparitions mariales au sanctuaire breton de Sainte Anne d’Auray – impensable il y a encore quelques mois – est considéré comme un signe clair d’ouverture envers les traditionalistes.

L’unité de l’Église par des gestes normaux

Il semble que Prevost ait inauguré un retour à la normalité – une normalité que beaucoup souhaitaient, notamment au sein de la Curie romaine. Et il a déjà reçu les éloges d’un grand homme d’Eglise : le cardinal Ruini a déclaré: « L’élection de Léon XIV a atteint avec une rapidité surprenante un objectif fondamental : la réunification de l’Eglise catholique ».

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