AM Valli exprime sa grande déception (qui en réalité ne date pas d’aujourd’hui) , suite aux dernières déclarations impromptues du pape, à Castelgandolfo, autour de l’attribution par le cardinal Cupich d’un prix « pour l’ensemble de sa carrière » à un sénateur démocrate pro-avortement. Et il commente une autre nouvelle, non moins perturbante, le choix de l’intention de prière du pape pour le mois d’octobre, « pour la collaboration entre les différentes traditions religieuses » . Là, on est en plein dans l’esprit Abu Dhabi, et le doute quant aux intentions du pape de poursuivre la politique de El Papa n’est plus permis.
Lorsque le pape dit, sous les applaudissements du monde, que les religions « deviennent parfois source de conflit », il laisse entendre que la vérité est trop source de division et doit donc être quelque peu adoucie.
Or, il semble que Notre Seigneur ait dit qu’il était venu apporter non pas la paix, mais l’épée. La vérité divise, certes. Si elle ne divise pas, ce ne sont que des paroles qui plaisent au monde.
Léon, entre ambiguïté et indifférentisme
Pour avoir une idée plus claire du pape Prevost, nous attendions la première encyclique, la première exhortation, les premières nominations. Puis il arrive que le pape, en répondant à une journaliste, s’exprime comme le lui dictent son esprit et son cœur, et nous avons ainsi une idée très claire de Léon XIV même sans attendre les documents officiels et les actes de gouvernement.
D’autre part, nous sommes à l’ère de la communication instantanée, et depuis que les papes ont décidé d’y adhérer, le dicton « qui frappe par interview périt par interview » s’applique également à eux.
Ainsi, dans sa réponse à la journaliste d’EWTN News, le pape a en substance défendu la décision du cardinal Cupich d’attribuer un prix pour l’ensemble de sa carrière à un sénateur démocrate pro-avortement. Il l’a fait avec une série de détours, mais il l’a fait. Ce qui confirme l’impression que beaucoup d’entre nous avaient déjà depuis un certain temps.
Je le dis sans détour : nous sommes confrontés au danger d’une papauté qui s’inspire du cerchiobottismo [dare un colpo al cercchio, un colpo alla botte, donner un coup au cercle, un coup au tonneau: ménager la chèvre et le chou , ndt ], et non du témoignage de la vérité.
Le pape Prevost n’est ni ignorant ni maladroit. Au contraire, il est astucieux et calculateur. Ce qu’il dit est donc le fruit d’une évaluation précise. Malheureusement, cependant, ce qu’il dit s’inspire de la logique du « oui mais aussi non, non mais aussi oui » que nous avons dénoncée en 2016 à propos de Bergoglio et que nous devons maintenant réaffirmer. Avec une aggravante : si Bergoglio était grossier et aimait semer la discorde, Prevost poursuit sa ligne au son d’un « parlons-en » persuasif. Mais il la poursuit.
Voyons une fois de plus ce que dit Prevost dans sa déclaration.
« Je pense qu’il est important de considérer l’ensemble du travail accompli par un sénateur pendant, si je ne me trompe pas, quarante ans de service au Sénat américain. Je comprends les difficultés et les tensions. Mais comme je l’ai dit à d’autres occasions, il est important de prendre en compte les nombreuses questions liées à l’enseignement de l’Église. Ceux qui disent « je suis contre l’avortement » mais sont favorables à la peine de mort ne sont pas vraiment pro-vie. Ceux qui disent « je suis contre l’avortement » mais approuvent le traitement inhumain des immigrants aux États-Unis, je ne sais pas si cela est pro-vie. Ce sont des questions très complexes et je ne sais pas si quelqu’un connaît toute la vérité à ce sujet, mais je voudrais surtout demander aux gens de se respecter mutuellement et de chercher ensemble la voie à suivre ».
Beaucoup de fumet et peu de rôti. Et ce peu de rôti est immangeable.
L’éloge des « quarante ans de service » est paradoxal. Si quelqu’un, en favorisant l’avortement, a contribué à la mort d’innocents, peu importe qu’il ait peut-être aussi fait quelque chose de bien en quarante ans. Il a contribué à un péché très grave et il n’y a pas de circonstances atténuantes. Aucun « service » (mais lequel ?) ne peut compenser le péché commis.
De plus, en détournant l’attention de l’avortement vers la peine de mort et l’immigration, le pape se montre typique de ceux qui éludent un problème en affirmant qu’il y en a d’autres à prendre en considération.
Mais ce qui est peut-être plus grave, c’est que le pape affirme que « personne ne détient toute la vérité » sur certaines questions, ce qui, en plus d’être faux, rappelle de manière sinistre le « qui suis-je pour juger » de Bergoglio.
Peut-être que le sieur Prevost, en tant que sieur Prevost, ne possède pas toute la vérité. Mais l’Église non seulement peut la posséder, mais elle doit la posséder. Et en fait, elle la possède. Et le sieur Prevost, en tant que pape, doit être le gardien et le serviteur de la vérité.
En ce qui concerne l’avortement, l’Église dit que c’est un crime et qu’il est donc inadmissible. Il n’y a pas à discuter. Il n’y a pas de « mais » ni de « si ».
J’ajoute que la tentative de minimiser le scandale en recourant à la sempiternelle rengaine du « respect mutuel » entre catholiques qui pensent différemment sent fortement l’hypocrisie onctueuse et se retourne contre les évêques qui ont courageusement dénoncé le choix de Cupich.
Je suis désolé de le dire, mais avec sa déclaration, le pape Prevost s’est montré plus soucieux de flatter la pensée dominante que de témoigner de la vérité.
Le résultat est que les fidèles, une fois de plus, sont trompés et induits en erreur. La défense de la vie naissante est un principe fondamental qui ne peut être négocié. Récompenser un homme, un politicien, qui pendant des décennies a encouragé le meurtre d’innocents est quelque chose de diabolique, et le pape devrait le dire clairement. Sinon, même de manière plus discrète, il se comporte comme Bergoglio, qui dénonçait l’avortement puis rendait hommage à une mégère qui l’avait encouragé et pratiqué.
On espérait que le temps de la confusion, de l’ambiguïté et de la trahison était révolu. Tout porte à croire que le cauchemar continue.
Et l’intention du pape pour le mois d’octobre, consacré à la prière « pour la collaboration entre les différentes traditions religieuses », le laisse également penser.
C’est toujours la même histoire : indifférentisme religieux et œcuménisme à profusion. La ligne de démarcation entre l’Évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ et l’esprit du monde est effacée, noyée dans le bouillon maçonnique de la « fraternité humaine ».
La raison d’être de l’Église catholique n’est pas de « rendre crédible le rêve du bien commun », mais de sauver les âmes en proclamant la royauté du Christ, unique médiateur entre Dieu et les hommes. Toute prière qui place Notre Seigneur Jésus-Christ sur le même plan que les « religions » qui nient sa divinité ou rejettent sa croix n’est pas une authentique prière catholique, mais une trahison de notre foi.
Lorsque le pape dit, sous les applaudissements du monde, que les religions « deviennent parfois source de conflit », il laisse entendre que la vérité est trop source de division et doit donc être quelque peu adoucie. Or, il semble que Notre Seigneur ait dit qu’il était venu apporter non pas la paix, mais l’épée. La vérité divise, certes. Si elle ne divise pas, ce ne sont que des paroles qui plaisent au monde.
Dans l’intention de prière, on ne nous épargne pas non plus le refrain selon lequel les religions doivent être des « ponts » et non des « murs ». Mais notre foi n’est pas un simple pont entre des religions toutes identiques. Si tel était le cas, pourquoi le Christ aurait-il demandé aux siens d’aller dans le monde entier pour proclamer la foi, faire des disciples et baptiser ? Les martyrs ne sont pas morts parce qu’ils voulaient jeter des ponts de collaboration, mais parce qu’ils n’ont pas renoncé à témoigner de la vérité.
Toute l’intention de prière est imprégnée d’un sentimentalisme qui n’a rien à voir avec ce qu’a enseigné Notre Seigneur. Comme si les catholiques étaient des travailleurs humanitaires et non des soldats du Christ.
Pour le catholique, la seule façon de prier pour la paix, la justice et le bien commun est de proclamer que le Christ est le roi de l’univers, ce qui implique la repentance et la conversion. S’il ne le fait pas, il trahit sa mission. Et si le pape ne lui demande pas de le faire, il se trahit lui-même.
Croyez-moi, je n’écris pas ces évaluations à la légère. J’avais vraiment espéré en le pape Prevost, mais je vois qu’il suit des pas malheureux.