La réflexion d’AM Valli a suscité beaucoup de réactions. Certains ont été jusqu’à y détecter une forme de sédévacantisme (personnellement, je n’avais rien vu de tel, son propos me paraissait limpide si on se donnait la peine d’aller au delà du titre ). Parmi les commentaires, celui d’un prêtre italien, don Albert Strumia (déjà rencontré chez AMV), qui nous rappelle que « les erreurs de Pierre ne nous donnent pas, à nous les hommes, le pouvoir de révoquer le mandat pétrinien. Seul le Christ a le pouvoir d’intervenir, et il sait comment le faire ».

Les erreurs de Pierre, aussi graves soient-elles, ne nous donnent pas le pouvoir de révoquer le mandat pétrinien.

www.aldomariavalli.it
24 février 2021
Ma traduction

Si Jésus n’a pas retiré la primauté à Pierre…

En réfléchissant à la figure de l’apôtre Pierre et à la primauté que le Christ lui a conférée personnellement, j’ai été frappé, d’une manière particulière, par le fait que Jésus ne la lui a jamais révoquée, dans le temps de son séjour sur terre. Pas même après l’avoir accusé de s’être laissé prendre par la logique du diable avec des mots qui exprimaient la pensée des hommes contraire à celle de Dieu. Et Jésus l’a même appelé « Satan » !

Il aurait pu le chasser et le remplacer par un autre, comme nous aurions presque certainement jugé nécessaire de le faire. Dans le même temps, Jésus a personnellement promis que « les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle [l’Église] ». (Mt 16, 18). Il s’est donc réservé le droit et le pouvoir d’intervenir si et quand cela est nécessaire pour la garder fidèle à lui, au moins dans un résidu. A Satan qui se déguise en ange (« Satan se déguise aussi en ange de lumière », 2Cor 2,14), aux loups qui se déguisent en brebis (« Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous en habits de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs », Mt 7,15) et aux bergers qui ont perdu leur chemin (« Même les prêtres n’ont pas demandé : Où est le Seigneur ? Les gardiens de la loi ne m’ont pas connu, les bergers se sont révoltés contre moi, les prophètes ont prêché au nom de Baal et ont suivi des êtres sans valeur », Jr 2,8), il ne faut certes pas obéir lorsqu’ils imposent des règles et des doctrines manifestement contraires à l’Evangile et au dépôt de la foi (« Qu’il soit juste aux yeux de Dieu de vous obéir plutôt qu’à lui, jugez par vous-mêmes », Ac 4,19).

Cependant, les erreurs, aussi graves soient-elles, ne nous donnent pas le pouvoir de révoquer le mandat pétrinien, et seul le Christ a le pouvoir d’intervenir et sait comment le faire. La tentation de se détacher de l’Église au nom du scandale déclenché par les erreurs doctrinales (« Tu es un scandale pour moi, parce que tu ne penses pas selon Dieu, mais selon les hommes », Mt 16,23) et de justifier ceux qui, au nom de ces erreurs, déclenchent un schisme, ne peut être suivie sans un dommage objectif de la part de ceux qui y cèdent, dommage qui a des répercussions sur eux et sur ceux qui les suivent.

La distinction entre un schisme « légal » et un schisme « ontologique » risque d’être très spécieuse, pour justifier une séparation qui finirait par ne pas reconnaître son propre évêque et/ou le Pape au point de ne pas les nommer dans la célébration de la messe. Ouvrant ainsi, à distance, la possibilité de la démarche plus grave encore d’arriver à la requête d’ordination illicite de nouveaux évêques, voire de la justifier quand elle a eu lieu dans le passé. Difficile alors de revenir en arrière, comme l’histoire l’a enseigné.

Nous avons besoin d’un lien objectif avec l’Église du Christ, garanti par les règles qu’Il a lui-même établies. Nous ne pouvons pas présumer que nous sommes supérieurs à ces règles et nous considérer comme certains de rester dans ce lien. On est parfois tenté de céder à cette présomption, même parmi les « meilleurs », en cherchant des échappatoires pour se justifier.

C’est à Dieu seul qu’il appartient de résoudre la situation. Et c’est Dieu qu’il faut prier. Même si accepter cette logique peut coûter beaucoup, comme cela a dû coûter à Abraham. Mais, comme nous le savons, « Abraham a répondu: ‘Dieu lui-même fournira l’agneau pour l’holocauste, mon fils!’ (Gen 22:8) ».

Il est décidément plus sûr d’ « obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29) en sachant rester à sa place, sans prétendre prendre celle du Seigneur ; et de se confier à la Vierge Marie dont le Cœur Immaculé, en temps voulu, triomphera (« Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa progéniture : elle t’écrasera la tête et tu lui brisera le talon », Gn 3, 15).

Don Alfredo Strumia

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