tels que les rapporte le chef du bureau de Rome du Washington Post (très favorable à François, et très pro-vaccin) qui était à bord de l’avion papal. C’est comme si le chef des catholiques avait dit: « faites ce que je dis mais pas ce que je fais ». Mais que croit-il, au juste, au sujet du virus et des mesures de confinement et de distanciation? Et imagine-t-on ce qui aurait été dit si le Pape avait été Benoît XVI et non François?

Pourquoi le Pape en Irak a-t-il ignoré le risque Covid? Les doutes de l’envoyé du WP

Le correspondant du Washington Post sur le vol papal, pour le voyage de François en Irak, a écrit un article à contre-courant. Tout en soulignant l’importance historique du voyage, il a posé quelques questions concernant le coronavirus.

A presque tous égards, écrit Chico Harlan, le voyage du pape François en Irak a été extraordinaire. Il s’est rendu dans un pays qu’aucun pape n’avait visité auparavant, à une époque où peu d’autres personnalités mondiales voyagent. Il a prié à l’endroit même où, il y a moins de sept ans, le chef de l’État islamique avait proclamé un califat qui conquerrait Rome. Les foules l’ont vénéré. Mais voilà : presque partout où François est allé, il y avait des foules. De grandes foules de personnes non vaccinées, épaule contre épaule. La messe en plein air de François à Erbil a été suivie par une foule presque digne du Super Bowl, mais dans un stade beaucoup plus petit que celui qui accueille la finale du championnat de football américain, et très peu de personnes portaient des masques. Le plus surprenant a été une messe en intérieur à Bagdad, dans une église remplie de gens qui chantaient, avec une ventilation quasi nulle. Harlan écrit : « C’était comme être dans un réacteur nucléaire pour la production de coronavirus. »

Avant le voyage, rappelle le correspondant du Washington Post, le Vatican a offert à tous les journalistes de la suite papale (plus de soixante-dix), deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech. « Au début, cela semblait être un cadeau, de la part de l’un des très rares États qui dispose d’une abondance de vaccins. Mais quand le voyage a commencé, j’ai compris : on nous vaccinait parce que nous allions abandonner un grand nombre de règles concernant la pandémie. »

En Irak, poursuit le journaliste, « nous avons travaillé dans la foule, nous avons voyagé à l’étroit dans un bus, nous avons fait six voyages en avion en soixante-douze heures, nous avons mangé des repas préemballés dans des récipients en plastique. Dans un hôtel où nous nous sommes entassés pour un dîner buffet, j’étais dans un ascenseur avec trois ou quatre personnes ». Heure après heure, notre garde a baissé et nous sommes revenus à des comportements pré-Covid : « Une seule chose m’a permis de rester calme: le vaccin. C’est pourquoi mes pensées reviennent sans cesse aux personnes qui n’ont pas bénéficié de la même protection que nous, comme les catholiques entassés pour la messe à Bagdad. Je me suis demandé : qui, parmi ces foules, tombera malade dans les deux jours qui suivent ? Est-ce que même une messe peut conduire à la mort? »

Lors du voyage de retour à Rome, Chico Harlan a pu demander directement au pape comment il avait évalué les risques du voyage et s’il était préoccupé par la santé de ceux qui s’étaient rassemblés pour le voir. La réponse a été qu’il avait profondément réfléchi au voyage, qu’il avait prié et pris la décision en connaissant les risques et en étant convaincu que Dieu prendra soin des Irakiens qui ont pu être exposés au virus.

Harlan, cependant, ne cache pas son malaise. Le pape, vacciné, s’y est rendu, avec ses collaborateurs et les journalistes (tous vaccinés) parmi les foules à risque. Au Vatican, rien de tel ne serait jamais autorisé. Si l’on considère qu’en Irak très peu de tests sont effectués et qu’il y a des milliers de nouveaux cas par jour, avec la présence de nombreux variants, alors qu’une campagne de vaccination n’en est qu’à ses débuts, ce que le journaliste a ressenti est compréhensible. Le pape, qui a toujours recommandé le respect des règles anti-Covid et a été parmi les premiers à se faire vacciner, affirmant qu’il s’agit d’un devoir éthique, a en fait exposé de nombreuses personnes à un risque.

Le dernier jour du voyage, écrit Harlan, tant que nous sommes restés à Bagdad, c’était comme si le coronavirus n’existait plus, à tel point que nous avons pris le petit-déjeuner-buffet habituel sans distanciation sociale. Mais ensuite, une fois de retour à Rome, la réalité est revenue. Le journaliste raconte que dans le taxi, il portait un masque FFP2 et qu’ensuite, au lieu de rentrer chez lui, il s’est rendu dans un bed and breakfast pour une quarantaine volontaire. Avec la pensé toujours tournée vers les foules en Irak.

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