Bravo, Sandro Magister!
L'histoire des 11 fascicules à l'origine de l'affaire dite "du lettergate" reconstruite pas à pas dès sa genèse. Et un post-scriptum à ne pas manquer (26/3/2018, mise à jour ultérieure)
Titre: EN GUISE DE CONTINUITÉ, IL Y A UN GOUFFRE. LA VÉRITABLE HISTOIRE DES 11 FASCICULES.
On y apprend en particulier, à propos du théologien allemand contestataire cité dans la réponse de Benoît XVI (en termes modérés, ô combien: «je voudrais vous faire part de ma surprise de voir également figurer parmi les auteurs le professeur Hünermann qui, au cours de mon pontificat, s’est distingué pour avoir mené des initiatives anti-papales»), que
Jorge Mario Bergoglio le connaît depuis les années 1968, depuis son séjour d’études à Buenos Aires au collège des jésuites. Et une fois celui-ci devenu pape, Hunermänn s’est longuement entretenu avec lui à Sainte-Marthe en mai 2015 dans l’intervalle entre les deux synodes sur le mariage et le divorce.
Hünermann a dévoilé les détails de cet entretien dans une interview à «Commonweal» le 22 septembre 2016.
A la demande d’amis latino-américains de Bergoglio, Hünermann a envoyé au pape un rapport écrit dans lequel il argumentait que dans la théologie catholique antérieure au Concile de Trente, en particulier dans celle de Thomas et de Bonaventure, l’indissolubilité du mariage n’était pas un absolu mais qu’on en admettait la rupture. Tout comme pour l’absolution sacramentelle de l’adultère, elle aussi admise même si cette relation devait perdurer.
Au cours de son entretien suivant avec le Pape François, ils ont tous deux discuté de ce sujet, en espagnol, pendant une heure. L’année suivante l’exhortation « Amoris laetitia » sort et Hünermann déclare à son sujet qu’elle a été influencée par sa contribution.
Rien de fortuit, donc, dans la participation dudit théologien à l'opération de propagande qu'a constitué la publication des onze fascicules: l'accord du Pape n'est même plus une hypothèse, on peut même supposer sans risque que c'est lui qui a suggéré son nom aux auteurs de l'initiative. Et la requête adressée à Benoît XVI de parrainer l'opération apparaît comme une véritable provocation, voire une insulte.
L'article de Sandro Magister est à lire en français ici: www.diakonos.be.
Et voici le post-scriptum, proprement hallucinant:
Le 25 mars, place Saint-Pierre, au cours de l’homélie de la messe du dimanche des Rameaux, le Pape François a adressé cette leçon à ceux qui construisent une fausse nouvelle «dans le passage du fait au compte-rendu» : «C’est la voix de celui qui manipule la réalité, crée une version à son avantage et ne se pose aucun problème pour ‘coincer’ les autres afin de s’en sortir. C’est le cri de celui qui n’a pas de scrupules à chercher les moyens de se renforcer et à faire taire les voix dissonantes. C’est le cri qui naît de la réalité ‘truquée’ ».
Le Pape a dit cela sans rougir, comme s’il avait oublié ce qui venait de se passer quelques jours plus tôt sous son propre toit, avec la lettre de Benoît XVI.
Mise à jour
Le formidable article de Sandro Magister n'a pas manqué de susciter des réactions.
Comme celle d'Antonio Socci, qui a relevé le post-scriptum, et le reprend assorti d'un commentaire sur Facebook.
C'est le "see more" qui nous intéresse ici:
"See more..."
Mon petit commentaire:
Après avoir combiné le cafouillage avec Benoît XVI, non seulement Bergoglio ne lui a pas fait d'excuse, non seulement il ne fait pas de reproche à Vigano, mais il le couvre d'éloges et le fait rentrer par la fenêtre dans son discastère (preuve que le metteur en scène de l'opération était Bergoglio lui-même).
Enfin, le lendemain, Bergoglio va jusqu'à prononcer les mots rapportés ci-dessus "sans rougir", comme le note Magister, c'est-à-dire en prétendant même donner des leçons aux autres et pontifier contre ceux qui "pour se fortifier" cherche à "faire taire les voix dissonantes".... c'est Bergoglio qui le dit! sans rougir...
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